Le faux dialogue

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« Les gars, notre bateau est là ! hurla Vincent complétement euphorique à l'idée de monter dans le bateau pour visiter les calanques le temps d'un week-end.

-Il est trop beau ! répliqua Pex

-Des enfants, chuchotai-je à Sylvain en levant les yeux au ciel. »

Obwan n'avait pas pu venir, il était reparti à Nîmes pour mixer dans des bar et Pauline était rentrée mais elle viendra nous rejoindre pour la dernière soirée sur le bateau. Il ne restait que les trois autres truffes et moi.

On monta à bord de notre bateau à moteur, plutôt classe, un style de yacht mais en un peu plus petit. Pauline et Obwan m'avaient convaincu de parler à Vinsi de ce que j'avais sur le cœur. Je stressais pas mal et j'attendais le bon moment pour lui avouer ce que je ressens.

[...]

« Les gars ! On dort beaucoup trop bien dans ce putain de bateau ! J'crois je suis amoureux...

-La belle aux bois dormants s'est réveillée ? demandai-je à Pex.

-Oh chut, je t'ai pas sonné vielle morue.

-Alala c'est beau l'amour, lança Sylvain depuis la cuisine »

Rémi me tira la langue et reparti en dandinant ses fesses vers sa chambre. Je décidai de me lever pour aller aider Sylvain en cuisine. Je stressais un peu à l'idée de lui parler mais je pense que je lui parlerai cette après-midi pendant notre sortie sur les rochers des calanques.

[...]

« Wow, c'est tellement beau, dis-je émerveillée par le paysage.

-Tellement, répliqua Sylvain. »

On était tous les deux assis sur les rochers et je pense que le moment était venu de lui parler. Je ne savais pas comment m'y prendre. J'avais peur que ce ne soit pas réciproque et que je me prenne un râteau en pleine tronche. J'avais peur de perdre mon amitié avec les garçons, et avec Sylvain... Et j'avais aussi peur de perdre mon contrat.

Même si Pauline m'avait dit que je ne serais pas virée, si je ne pouvais plus être à l'aise avec l'un des garçons, mon travail en pâtirait. Pauline devrait donc me virer mais plus pour les mêmes raisons...

Je décidai de prendre mon courage à deux mains pour parler à Sylvain. Je me levai et il me suivit dans mon geste. Je lui demandai de me suivre pour que je gagne du temps pour trouver mes mots face à lui.

[...]

« Sylvain ?

-Oui ? »

Je venais de me rendre compte que j'avais fait une grande partie du chemin et que le plus dur était devant moi. Je devenais de plus en plus livide et Sylvain le remarqua.

« Wow, Ari ? Eh ? T'es avec moi ? »

Je le sentais paniquer, mais je paniquais intérieurement aussi... Il me saisit le bras et je sentis des frissons me parcourir dans tout le corps.

« Ari, vient là, on rentre au bateau. Reste avec moi, je t'en supplie. »

Il essaya de me prendre dans ses bras pour me porter, mais je l'en empêchai. Je lui pris le menton et approcha mes lèvres des siennes. Je les posai délicatement sur ses lèvres. Avec mes yeux fermés je pouvais sentir ces cils sur mes paupières ce qui me montrait qu'il avait les yeux ouverts.

En quelques secondes seulement, je me sentis revenir. Mes sensations revenaient au galop. Je me rendis compte qu'il n'avait pas bougé d'un millimètre. Je me séparai de ses lèvres à contre cœur. Je le fixai, il regardait dans le vide complètement dépassé par les évènements.

Plus les secondes défilaient, qui semblaient des heures d'ailleurs, plus je sentais ma peur revenir. Une larme coula sur ma joue.

« Je suis désolée Sylvain, vraiment, dis-je en reniflant »

Je décidai de partir me cacher loin, loin, très loin de la honte et de l'humiliation qui grandissait en moi.

Pourquoi j'avais fait ça ?

[...]

Par la petite fenêtre de ma cabine je vis Sylvain revenir. Je ne voulais pas le croiser, je fis alors mes affaires et partis sans faire un bruit vers la plage.

J'avais pris mon téléphone, je devais avoir une cinquantaine d'appels manqués des garçons. Je pris peur, je décidai de répondre à Rémi pour ne plus inquiéter le groupe. Et en plus, je lui avais déjà parlé de ce que je ressentais vis-à-vis de son ami.

Appel Téléphonique

-ARI ?!

-Oui... dis-je en reniflant

-Eh ! Ça va ?! T'es où ? Tu veux qu'on vienne te chercher ? demanda-t-il paniqué

-Oui, je vais bien. Je veux rester seule. Rémi... j'ai... j'ai fait ce que Pauline m'a dit, je l'ai embrassé... REMI ! JE L'AI EMBRASSE PUTAIN ! IL A PAS REAGI REMI ! Il n'a pas réagi...

J'étais au bord du gouffre, j'allais sombrer...

-Dis-moi où tu es. Je ne veux pas que tu restes seule Ari. Sylvain est en furie, il te cherche partout. Ari, il n'est pas bien, il s'en veut...

-Pardon ?! Il s'en veut de quoi ?! Dis-moi ! Vas-y ! DIS-MOI !

Plus je parlais, plus la haine contenue en moi se déversait sur mon ami.

-ARIANNE ! Calme-toi ! Dis-moi où tu es, tout de suite ! me demanda-t-il d'un ton ferme.

-Sur la plage, derrière le rocher en forme de baleine...

-J'arrive, ne bouges pas.

-Rémi ?

-Oui ?

-Viens seul.

-Promis, finit-il avant de raccrocher

Fin d'AT

[...]

« ARIANNE ! »

J'entendais Rémi crier mon prénom depuis l'arrière de la plage

Quand je vis sa tête complètement essoufflée, je courrai dans ses bras. Je le serrai de toutes mes forces, enfouissant ma tête dans son cou. J'essayais de calmer mes pleures du mieux que je le pouvais, tandis qu'il caressait mon dos de ses mains. J'étais recroquevillée sur lui, j'enlaçais mes jambes autour de sa taille. Je tremblais sous ma respiration saccadée.

[...]

La nuit était tombée et Rémi avait prévenu les garçons qu'il était avec moi. On parla pendant plus d'une heure de ce que je ressentais et de ce qu'il s'était passé quelques heures plutôt.

« Ari, quand Pauline t'a conseillé. Elle t'a dit de parler avec Sylvain. Pas de faire la morte et de lui sauter dessus. Tout le monde aurait réagi comme ça, bon sauf toi, t'aurais surement claqué la personne hein. »

Cette phrase détendit l'atmosphère.

« Quand on sera sur le bateau, tu diras à Sylvain que tu dois lui parler, il insista sur le dernier mot, un sourire moqueur sur les lèvres.

-Merci Rémi, vraiment. Sans toi je saurais encore là à me morfondre, t'es comme un frère pour moi.

-NOOOON ! Pas la friend zone ! »

Je ria aux éclats, et cela faisait du bien. Rémi se calma et me tendit la main.

« Allez, viens princesse, on va chercher ton prince »

Sylvain (VSO)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant