Je me dois de me battre ,c'est vital.
J'ai besoin de ça, l'ouvrir tout le temps, sinon rien ! Ça sert à rien !
Vivre sans ça je veux pas, je peux pas, plutôt crever !
Mais m'man,
toi c'est une médaille pour mutilés de guerre qu'il faudrait te remettre.
Jamais dans ma vie dans l'épreuve de la douleur, j'ai vu une femme en passer par autant de positions.
Je t'ai vu à la verticale,
à l'horizontale,
par terre,
sur le ventre,
sur le dos,
hématome en pleine face,
trempée de peur... cachée dans les chiottes,
devant l'évier,
ensanglantée,
crâne ouvert,
bouche pendante..
Vouloir se défendre,
rapidement allongée,
agrippée au pied de table,
se faire traîner,
un gros trou dans les cheveux,
énorme poignet de mèches dans les mains de père.
Rage montée.
Genoux en sang.
Supplier.
Prier.
Souffrance sans prix.
Pour un statut de mère durement vécu.
Préserver, défendre.
Faire le moins de dégâts possible. Pour les autres vies au moins...
Mais rester maternelle avant tout.
A lui père ça le dérange pas de te défoncer !
Ça veut rien dire il veut pas comprendre.
Trop encombrant.
Jamais soucié par son rôle d'homme.
Par son rôle de père.
Par son statut d'être humain.
Si tant est qu'il en soit un.Mais fatiguée, usée t'es maintenant maman..
Coincée dans ce mutisme, t'es difficile.
Le semblant de paix.
Le bonheur qu'on te fait bouffé de l'extérieur.
Je vois bien que tu t'y fais pas.
Je vois bien que c'est de la dignité.
Tous ces employeurs français,
Ceux-là même pour qui tu t'ai saigné,
Qui t'ont traité comme une moins que rien.
T'as les papiers et dans leur coeur tu ne seras jamais des leurs.
Ton français a peut être certaines lacunes,
Mais ton sourire lui est infaillible.
Toujours élégante face à la méchanceté gratuite.
Toujours de marbre face à l'imbécilité humaine.
Dans les meme temps où moi ta fille,
Je deviens sanguine, face à cette culture consanguine
Je suis désolée maman.
J'ai cette haine en moi.
Je suis en colère de te savoir meurtrie.
Devant moi, T'as toujours nié.
Jamais avoué.
Inutile de le dire de toute façon.
Seule j'entends les bruits de ton cœur devenu trop bruyant..
Je le vois dans tes yeux cernés par la souffrance.
Tu camoufles tout ça, c'est sur toi que j'ai pris exemple..
On prends sur nous, on sait faire que ça.
Alors c'est ça ta vie ?
C'est ça notre vie ?
C'est ça la vie ?
On peut vivre de cette façon sans que ça dérange personne ?
Comme si nos existences avait si peu de valeur ?
Tellement inexorable.
Tellement rien du tout.
On pourrais crever dans cette incompréhension.
Crever dans le silence.
Crever dans l'indifférence générale.Mais 'man même si ta bouche est close, ton visage est marqué par le passé.
Et sur ton front se lit, le malheur que t'as traversé.
Et pour ça t'as pas besoin de parler, sous mes yeux ta vie se déroule.
Sous mes yeux, tes larmes coulent.
Sous mes yeux, ton vécu te torture.
Sous mes yeux, ton passé condamne ton future.
Sous mes yeux, tu t'ai fait frappé et pourtant sous mes yeux je te vois te battre comme une lionne.
M'man t'es tout.
Le sommet de mon monde.
Mon univers.
Je veux pas voir mon univers voler en éclat.
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Écrire pour exister
PoetryParfois tout ce qu'il nous reste c'est les mots. Notre cerveau ne nous trahira jamais et j'ai décidé d'en faire mon arme secrète. J'écris, j'écris, j'écris. Plus je pense, plus j'écris et plus j'écris plus je me sens légère. Il y a un peu de tout...