Chacun était incroyablement serré contre son voisin, si bien que tout le monde étouffait. Lucie, Kayla et Sonya marchaient ensembles devant, suivies de près par Théo, Nico, Isaac, Jules et Charles, le frère des jumeaux, qui s'était proposé pour porter Alzire qui était exténuée à cause de cette journée éprouvante. Au bout de trois-quart-d'heures d'attente, Charlie reposa Alzire qui prit aussitôt la main de sa mère.
L'entrée de la gare était complètement bouchée par les milliers de français désireux de rentrer chez eux à présent. Lucie, Kayla et Sonya furent emportées au loin et ne parvinrent pas à se retourner pour voir si les garçons et leur mère les suivaient toujours.
Le torrent humain les conduisirent sur le dernier quai. Un train flambant neuf qui manquait de déborder tant il contenait de monde attendait patiemment les voyageurs. Lucie, Kayla et Sonya décidèrent de rester dans un coin du quai où elles pouvaient enfin respirer. Elles attendraient qu'il y ait moins de monde pour retrouver les autres.
- Je peux vous aider? fit une voix derrière elle.
Il s'agissait du jeune homme dont Lucie avait croisé le regard quand elle était sortie du train le matin même.
- Vous semblez perdues, continua-t-il.
- Hum... commença Sonya. En fait nous avons été légèrement emportées loin du quai où nous devions aller...
- Et vous deviez aller où?
- A Agrippiac, répondit Sonya.
- Vous êtes au courant que le dernier train pour Agrippiac part dans moins d'une minute? s'exclama l'inconnu.
Sans réfléchir, les filles se mirent à courir en direction du quai numéro quatre, situé à l'autre bout de la gare. Elles coururent aussi vite qu'elles le purent et quand elles arrivèrent enfin sur le quai, elles virent leur train partir au loin, s'éloigner sans elle. L'inconnu l'avait bien dit, c'était le dernier train de la journée qui partait à Agrippiac.
Les visages des trois amies se décomposaient. Elles s'assirent sur le banc central du quai. Elles ne savaient absolument pas comment elles allaient s'en sortir. Plus loin, sur le quai d'en face, Lucie voyait l'inconnu discuter avec une jolie fille blonde au sourire lumineux. Elle devait avoir vingt ans environ. L'inconnu se retourna et désigna Lucie et ses amies d'un signe de tête. La blonde réfléchit un instant, sembla peser le pour et le contre, et enfin, acquiesça en agitant légèrement son menton.
L'inconnu revint au pas de course vers les trois filles assises sur le banc, désespérées.
- Je ne peux pas vous laisser comme ça, seules dehors, sans toit. Vous auriez de gros ennuis avec la milice. Vous passerez la nuit chez moi et je vous ramènerai dès demain à Agrippiac.
- Je... On ne peut pas accepter. Je veux dire, on ne se connait pas et... c'est très gentil mais...
- J'insiste. Je vous promets que je ne suis pas un psychopathe.
- C'est exactement ce que dirait un psychopathe! s'exclama Kayla.
- Vous préférez passer la nuit en garde à vue plutôt que de passer la nuit chez moi?
OK. Cette phrase sonait clairement hyper bizarrement et l'inconnu parut s'en rendre compte:
- Non, je ne voulais pas dire ça... Je... J'ai quatre sœurs et...
Il essayait de se rattraper aux branches comme il pouvait. Kayla explosa de rire.
- Je vous l'ai dit, reprit l'inconnu sérieusement, je ne peux pas vous laisser seules dehors à cette heure-ci.
C'était vrai. La règle était stricte. Toute personne étant vue dehors après le couvre-feu serait envoyée en prison. Et puis, franchement, il fallait avouer qu'il y avait sûrement pire hôte que cet inconnu. Il avait l'air normal, sympathique, rien de démoniaque chez lui. Et il fallait se l'avouer, il était plutôt mignon, voir il avait quelque chose de carrément attirant. Lucie le trouvait intriguant aussi. Oui. Intriguant. C'était le bon mot. Elle était persuadée que ce jeune homme avait un lourd secret, quelque chose qui le rendait terriblement malheureux au fond. Rien ne paraissait pourtant, mais elle le sentait bien.
- D'accord, finit par dire Sonya. Mais il faudra qu'on appelle nos familles pour leur dire où on est.
- Bien entendu, je comprends.
Il partit en direction du quai numéro cinq. Les trois amies le suivirent.
- Au fait, ajouta le jeune homme avant de monter dans le wagon, je m'appelle Timéo!
- Lucie, lui répondit la jeune fille. Je te présente Kayla, dit-elle en désignant la jolie brune, et Sonya, ajouta-t-elle en se tournant vers la toute aussi jolie jeune fille blonde.
- Enchanté! répondit Timéo.
Et ils montèrent dans le train.
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Les chroniques de Lucie
Ficțiune științifico-fantasticăDans un monde où tout à dégénéré, Lucie doit faire de son mieux pour s'en sortir. Dans un pays plus que très tendu, Blanche doit faire régner l'ordre. #10 dans famine le 17/05/2019