Chapitre 4

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Lucie, Kayla et Sonya suivirent Timéo à travers le train. Il ne restait plus une seule place assise. Ils s'installèrent dans l'escalier qui faisait le lien entre les deux étages du train.

Un gros silence s'en suivit. Les quatre jeunes gens n'avaient absolument rien à se dire.

- Alors... vous avez quel âge? demanda Timéo pour rompre le silence.
- Quinze ans toutes les trois, répondit Sonya. Et toi?
- Seize ans.
- Alors tu payes la taxe sur l'oxygène? questionna encore la blonde.
- Oui. Depuis l'an dernier. Et ce n'est vraiment pas évident... L'air est cher et nous ne sommes pas spécialement riches alors oxygéner cinq personnes peut être des fois compliqué, et ça le sera encore plus quand mes deux petites soeurs devront aussi payer.
- Je vois, répondit Sonya.

La population d'Agrippiac, la ville où habitaient Lucie, Kayla, Sonya et leurs familles, n'était pas spécialement riche. Seulement, elle parvenait quand-même à oxygéner tout le monde. Ce n'était pas forcément le cas dans tout le pays.

Un long silence suivit encore.

- Je peux t'appeler Timy ? s'exclama soudain Kayla.
- Euh... Je préfère Timéo, ou Tim si ça ne te dérange pas.
- Parfait! Dans ce cas je t'appellerai Timy, déclara-t-elle sans prendre la remarque du garçon en compte.

Celui-ci parut mi-agacé, mi-amusé par la situation.

La chaleur devenait étouffante dans le train. Timéo retira sa belle veste noire qui lui donnait bien trop chaud. Il remonta les manches de sa chemise jusqu'au coude et souffla un coup.

- Dis Timy, c'est quoi ce numéro que tu as sur le poignet? demanda Kayla.

Le garçon parut gêné un instant et descendit vite ses manches.

- Rien, ce n'est rien, ne t'inquiète pas.

Il leur cachait quelque chose, c'était sûr, mais elle ne le connaissait pas et par conséquent, elles n'avaient pas à se mêler de sa vie privé. Pourtant, le numéro 02326261 était gravé nettement en noir qui avait perdu son éclat sur son poignet droit. Il intriguait les filles mais elles n'osaient rien dire.

Ils arrivèrent à destination une heure et demi plus tard. Lorsqu'ils sortirent du train, Timéo les conduisit dans les ruelles humides de la ville qu'était Keiserheim. Ils marchèrent vingt minutes avant d'arriver sur une grande place avec de magnifiques maisons à colombages. Mais Timéo ne s'y arrêta pas. Il emprunta une petite ruelle qui le conduisit à un quartier qui semblait plus modeste.

Il marcha dans une rue assez sombre et lugubre. Toutes les maisons étaient sombres et identiques. La rue était jonchée de larges trous et les trottoirs étaient encombrées par de nombreux petits morceaux de verre.

Il marchèrent jusqu'à une maison tout à fait semblable aux autres. Il était impossible de la différencier de celles qui l'entouraient. Sans Timéo, les filles ne retrouveraient jamais leur chemin jusqu'à la gare. C'était certain!

Timéo déverouilla le cadenas qui maintenait difficilement la porte cassée.

- Bienvenue dans mon humble demeure! souffla-t-il.

Les filles suivirent Timéo dans le hall d'entrée. Il repoussa la porte sans la verrouiller. N'importe qui aurait pu rentrer.

A l'intérieur, ça sentait les difficultés financières, on essayait de s'en sortir comme on pouvait. Les meubles et les murs étaient assez ternes et le peu de lumière qui rentrait rendait la maison vraiment sombre. Cependant, elle était propre.

Timéo les fit asseoir dans le salon. Il leur expliqua qu'il vivait avec son père, sa mère, ses deux soeurs aînées (Cassandre et Mélanie) et ses deux petites soeurs (Desdémone et Lola).

Timéo expliqua que Lucie, Kayla et Sonya dormiraient au grenier. Lui laisserait sa chambre à ses deux soeurs aînées qui logeaient habituellement dans les combles et il prendrait le canapé du salon.

Sonya demanda si elle pouvait appeler ses parents pour leur dire où elle se trouvait. Timéo leur indiqua un coin de la cuisine et les trois filles partirent en direction du combiné. Elles appelèrent le Centre des Appels d'Agrippiac et demandèrent à parler à la famille Vineuil (celle de Sonya). A l'autre bout du fil, on étendait la mère de cette dernière hurler de joie:
- L'empereur Léon soit loué ! Ma chérie! J'ai eu si peur! Comment vas-tu? Où es-tu? Lucie et Kayla sont avec toi? J'ai tellement eu peur!

Sonya n'arrivait pas à placer une seule réplique face à sa mère trop bavarde.
- Je vais bien, ne t'en fais pas. Les filles sont avec moi. On a été emportées loin de la bonne voix et on a manqué le dernier train pour Agrippiac. Des gens très gentils nous hébergent pour cette nuit. Ils habitent à Keiserheim. Mais nous n'avons pas d'argent pour reprendre le train demain et cela m'embête de demander à ses gens qui ne sont pas vraiment riches.
- J'enverrai tes frères et Théo vous chercher demain avec des billets de train pour le retour. Si tu savais ce que je suis contente de t'entendre.
- Est-ce que tu pourrais prévenir les parents de Lucie et de Kayla de notre position? Dis-leur qu'on va bien. Je dois te laisser Maman. Je t'aime!
- Au revoir ma chérie!

Elles raccrochèrent et repartirent vers le salon où Timéo les attendaient.

Les chroniques de LucieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant