Un temps accordé

183 8 0
                                    

Un moment de répit. Je regarde le plafond depuis plusieurs minutes déjà, cherchant le sommeil qui ne revient pas. Je soupire et attarde mon regard sur ce dos quelque peu musclé. Ses cheveux en pagaille, sa chaleur loin de la mienne et les couvertures tombantes de son côté. Je me lève, essayant de ne pas faire de bruit. Je fais quelques pas jusqu'à la cuisine et me prépare un café. Je prends un bouquin parlant d'amour et pars m'installer dehors, où une seule chaise en plastique verte clair trône solitairement près de la fenêtre. J'ouvre mon livre, pose mon café sur ma cuisse droite couverte par un jogging qui ne m'appartient pas. Maxime est resté. Cela ne veut rien dire, nous ne le sommes dit. Sa voiture est garée devant la maison de mes parents, il faisait tard et nous étions fatigués. Fatigue causée et par le ménage et rangement, ainsi que nos amusements et rapports privés. Je dois bien avouer qu'il est doué. Très, doué. Autant avec sa langue qu'avec le reste de son corps. Son regard vert désireux, son souffle lourd, son expression de plaisir et son sourire narquois lorsqu'il voyait que cela ne me déplaisait pas. Je souris en repensant à nos discussions et nos moments intimes, baisers échangés par pur envie égoïste. Nous avons quelque chose à combler mais préférons prendre des chemins plus longs, qui peut-être, ne se rejoignent pas. Mais cela me plaît. Cette situation et ce jeune homme me plaisent. Dans une gorgée de café, je retrousse un sourire de bonheur. Le soleil matinal réchauffe ma peau, le café et son odeur me font sourire et les mots si bien écrits de cette personne me font rêver d'une histoire d'amour comme je les aime. Ni cliché, ni répétitive. Une histoire simple, un peu banale mais si plaisante. Alors que je m'immerge une nouvelle fois dans ma lecture, une voix rauque me fait relever la tête.


"- Éva ? Tu es bien matinale.

- Désolé, je t'ai réveillée ?

- Non, ne t'inquiètes pas. Je peux me faire couler un café ?

- Bien sûr. Les tasses sont-

- Je sais."


Il me gratifie d'un sourire presque moqueur et je souris en retour. Sa tête matinale vaut bien tous les détours. Son regard doux et son sourire me plaisent. Son corps mais sa façon de penser, sa façon d'aborder des sujets, de parler sans tabou et sans contraintes me plaisent. Et sa voix... Ses mains, sa bouche, ses lèvres, son regard... Tout me plaît décidément chez cet inconnu. J'entends le café couler et, quelques secondes après, Maxime arrive, une chaise dans les mains. Il la pose à mes côtés, quelque peu éloigné tout de même, dans le sens contraire de la mienne. Il revient avec un tabouret et le pose entre nous, puis troisième retour avec sa tasse de café chaude et un livre, le thriller dont nous parlions. Il vient se poser sur la chaise et appuie ses pieds nus contre le mur. Il ne porte qu'un haut et un caleçon. Je porte son jogging et mon débardeur de la veille, seins nus. Je replonge dans ma lecture, buvant une gorgée de café avant de poser ma tasse sur le tabouret. Il ouvre le thriller à la première page et s'immerge directement. Cela me plaît également. Nous restons de longues heures, cafés terminés, assit sur des chaises peu confortables, sous la chaleur du soleil, à simplement lire. Parfois partager quelques passages de nos lectures respectives, faisant rire, rêver ou angoisser l'autre. Partageant quelques questions sur le futur de nos personnages, sur l'histoire et "veux-tu un autre café ?" suivit d'un "Avec plaisir." puis il s'est levé et est revenu avec deux tasses en mains. 


"- Tu es un amour.

- Tu es si belle."


Je le regarde, quelque peu surprise. C'est bien la première fois que l'on me dit cela. Enfin.. Comme ça, sans contexte particulier. Julie me le dit bien souvent, mais surtout pour me rassurer ou lorsqu'une tenue me va bien. Tony me tapote le haut du crâne et valide d'un simple hochement de tête. Mes parents me font des compliments, mais je suis leur progéniture, cela ne compte pas. Parfois, rarement mais parfois, je me fais interpeller dans la rue. Mais jamais de "Tu es si belle". Plus des "Tu auras du feu ?", "Je peux avoir ton numéro ?", quelques trucs ainsi. Je reste alors interdite devant les mots de Maxime, qui me donnent chaud au coeur et un léger sourire.


"- Comme ça ?

- Comme ça. Avec le soleil qui fait ressortir tes yeux bleus-verts. T'as-t-on déjà dit que tu as un regard magnétique ? Mes yeux me supplient de croiser les tiens. Tu as de belles courbes, tu es belle simplement."


Je souris à ses mots puis lâche un petit rire, penchant la tête sur le côté, faisant glisser les mèches de mes cheveux contre mon épaule.


"- Tu es un beau parleur.

- J'accepte le compliment caché."


Il sourit grandement et je ne peux m'empêcher de faire de même avant de reprendre ma lecture, mon sourire ne cessant d'exister. Maxime fait de même après une gorgée de café à me regarder. Mon livre touche à sa fin et l'heure tourne. Bientôt onze heures. Mes fesses me supplient de me lever. Alors je ferme ma page, cornant le coin pour me souvenir d'où j'étais.


"- Tu peux prendre la douche en premier si tu veux.

- Non, je te laisse y aller en première, merci.

- Sûr ? Je pensais préparer à manger pendant ce temps.

- Tu as de quoi manger ?

- Il y a un petit commerce à quelques minutes en voiture. Je vais aller faire un tour.

- Laisses moi dont m'en occuper. Le temps que tu te prépare, ce sera prêt.

- Oh ! Je peux prendre une douche en cinq minutes si je veux !

- Avec ta nouvelle baignoire ?"


Je souris tout me levant, débarrassant les tasses de cafés.


"- Tu commences à me connaître un peu trop. Il va falloir que cela cesse.

- Tu as raison. Je vais donc prendre la douche en premier et tu prépares le repas dans ce cas. On dit que la cuisine ne ment pas.

- Alors tu devrais le faire. Tu me connais mieux que je ne te connais, je pense.

- N'aimes-tu pas les faces cachées, les cassures et les défauts ? Je pense à toi, vois-tu.

- Quel amour tu fais. Dans ce cas, j'y vais en première."


Il me sourit pour toute réponse et m'aide à ranger. J'ouvre le robinet d'eau pour faire la vaisselle avant de prendre ma douche mais je me souviens lorsque rien ne vient.


"- Je n'ai pas encore payé le mois de loyer. Je n'ai donc ni eau ni électricité."


Maxime explose tout bonnement de rire, mes livres entre ses mains. Il pose le tout dans ma bibliothèque puis vient vers moi alors que je referme le robinet.


"- Tu retournes chez tes parents alors ?

- Il faut croire que oui. Je m'étais déjà habituée.

- Tu avais raison lorsque tu disais que tu t'habituais trop vite.

- N'est-ce pas ? Bon... Je n'ai pas le choix."


J'enlève le jogging et lui tends. Il l'enfile alors que je mets un jean. Je prends mon sac à main alors qu'il prend sa veste et ses affaires. Nous montons dans le trafic et nous partons en direction de la maison familiale. J'ouvre le portail et Maxime en profite pour ouvrir sa portière, prêt à partir. Mais il se redresse et me regarde dans les yeux durant de longues secondes avant de partir, son sourire charmeur aux lèvres. Je souris alors qu'il monte dans sa voiture. Crétin.

Une histoire de fessesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant