Je me suis réveillée en sursaut alors que la première alarme arrivait à mes oreilles et suis sortie de mon lit. Quelque chose m'a envahie, comme un épuisement, je ne pouvais correctement définir cette sensation. Encore une fois, j'avais enfreint les règles de la communauté, je n'avais porté le masque d'endormissement obligatoire. Dans les livres que j'ai lu sur la création de Terra, il projette des vapeurs pour que notre sommeil soit plus profond, plus rapidement après l'alarme du couvre feu. Je l'ai laissé fonctionner dans le vide. Le fait qu'aucun de mes instructeurs ne m'en avaient vanté les mérites me donnait raison de m'en méfier. D'autant plus que mes yeux finissaient souvent par se fermer tout seuls après avoir réfléchi trop longtemps, je sombrais dans les bras de Morphée.
Comme chaque matin, il fallait enfiler une combinaison universelle. Et tous les soirs, il fallait l'enlever et la jeter dans une trappe du mur de la cellule. C'était la procédure habituelle, chaque cellule était constituée d'une trappe et du masque relié au mur, d'un lit et d'une armoire encastrée servant de réserve à combinaison neuve. Tous les murs étaient blancs, impersonnels et neutres. Les chambres n'avaient pas de propriétaire, elles appartenaient à tout le monde. À la première alarme de la nuit, on devait se diriger vers la première cellule vide à proximité. Une fois dedans, la porte se verrouillait et il était alors impossible de sortir jusqu'à la sonnerie du matin.
Je sortit enfin lorsque que la deuxième alarme retentit verrouillant à nouveau les chambres pour la journée. Dehors, les autres, en ligne, se tenaient droits sur les tapis roulants qui les conduisaient aux lieux communs. Je me suis faufilée entre deux autres, à un emplacement vide. Je me concentrais en fermant les yeux et sentais les vibrations de la machinerie sous mes pieds. Quand je rouvris les yeux, j'observai, devant et derrière moi, la longue file de clones humains au visage et corps parfaits et parfaitement moulés dans leur combinaison.
Un peu plus loin devant moi, un homme et une femme venant de la même chambre se placèrent dans la longue queue, leurs visages rougis par la gêne. Beaucoup savaient ce qui avait dû se passer pendant la nuit. Personne ne leur fit de remarques. Le sexe était presque interdit, bien que pratiqué. Il était beaucoup trop tabou pour être dévoilé et assumé au point de pouvoir en parler ... J'avoue ne pas comprendre ce que c'est.
Une fois à la salle commune, une machine nous distribuait à tous une boîte. Je me dirigeais, selon mon affection et mon habitude, à une table. Comme tous les matins, je retrouvais une tête qui ne m'était pas inconnue. Quelqu'un qui me faisait me sentir unique et pas une vulgaire copie... Nous sommes allés nous asseoir à la table la plus éloignée des micros et des caméras installés partout dans la pièce, la table près de la gigantesque fenêtre. Elle donnait vers l'Extérieur, une prairie inatteignable enfouie dans les bois surplombés de hautes montagnes. Il ne fallait jamais y aller : « toute tentative sera punie par le bannissement », c'est le Grand Maître qui l'a dit.
Une fois assis, on ouvrait nos boîtes et observait leur contenu. Comme chaque jour banal, on avait seulement droit à un sachet de poudre au goût artificiel et une gourde d'eau. Lors des jours spéciaux, comme la fête du Renouveau, on avait droit exceptionnellement à un sachet de poudre dont on pouvait choisir le goût. Il fallait simplement mélanger la poudre incolore à notre eau et la boire sans plaisir en même temps que d'avaler les cachets obligatoires.
Une annonce se faisait entendre aux forts hauts-parleurs de la salle et les paroles s'affichaient aux nombreux écrans qui, fonctionnaient tous en même temps et nous empêchaient de nous concentrer.
Ce jour-là, l'annonce fut : " Cette semaine, tous les 02 30 devront effectuer le Rafraîchissement . Ce n'est pas optionnel mais que c'est une obligation".

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Bunker 92
Science-Fiction92 ans après l'apocalypse, pour être protégée de la radioactivité de la croûte terrestre, la race humaine vit dans des bunkers sous terre. Elle est génétiquement modifié afin de supprimer toute faille du système. Deux "autres" à l'esprit curieux se...