Segment 2 : Un dernier souvenir avant le départ

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Bien sur, avant de partir de la ville, il eu un léger temps. J'avais appris la nouvelle du départ de ma mère la veille, en rentrant à la maison. Je me rappelle qu'elle faisait nos valises dans sa chambre en étant de très mauvaise humeur, alors que mon père n'était pas présent dans la maison... Comme d'habitude.

La seule explication qu'elle m'avait donné était "Ton père n'est jamais là, ça ne changera rien. Demain soir, tu rentres vite à la maison après l'école et on quitte la ville."

Je n'ai pu rien dire.

Le lendemain, qui fut mon dernier jour à l'école j'avais annoncé la nouvelle à mon ami, Taro Yamada. Ce dernier, toujours accompagné de cette rousse d'Osana Najimi, fut étonné.

"Quoi ?! Tu quittes la ville Kuni-chan ?!" me demandait-il avec voix de garçon de 9 ans.

-Oui, soupirais-je, je pars ce soir... Je ne sais même pas où on va.

-C'est vraiment dommage.... M-mais pourquoi tu déménages ?

-Mes parents se séparent... Enfin ma mère quitte mon père, plutôt.

-Oh je suis désolé...

-Ne t'en fais pas, je ne suis pas affectée.

Il est vrai que même si j'ai été étonné sur le coup, je n'étais pas si affecté que ça de la séparation de mes parents. Je croyais aux mots de ma mère, à l'époque. "...ça ne changera rien." Donc, père ou pas, ma vie n'allait pas changer. Même à l'époque je n'osais pas l'appeler "Papa", tellement je le voyais peu.

J'étais consciente que mon père avait été marié avant de rencontrer ma mère... Même pendant, en fait. Je savais même que j'avais une demi-sœur, que j'avais rencontré que deux fois par hasard...

Mais bref, la gaminerie d'Osana me fit irriter les oreilles quand elle prononçait de sa voix agaçante :

"Au moins tu ne seras plus là pour nous embêter !"

D'une mâchoire serrée, je répondis à mon habitude en lui lançant un regard des plus détestable :

"Grrr... Hé ! De nous deux c'est toi la chieuse, hein ! Alors la ramène pas, Najimi !"

-Quoi ?! Répète ça ?!

-Sale chieuse, j'ai dit ! Les oreilles c'est comme les fesses, ça se lave !

J'avais oublié que c'est à mes 9 ans que je commençais à parler mal, ou familier. Chose qui étonnait tellement mes camarades que mon professeur m'avait déjà tiré les oreilles.

Et comme d'habitude, Taro était au milieu, impuissant à la dispute.

"Les filles... Arrêtez..." dit-il.

Je soupirais de nouveau avant de secouer la tête. Puis, je leur disais en marmonnant :

"Je vais aux toilettes, je reviens..."

C'est ainsi que je m'éloignais d'eux, longeant le couloir où nous étions. Je marchais toute seule, mon cartable sur mes épaules en direction des toilettes situé au bout du couloir. Je me rappelle que les fenêtres montraient un très jolie ciel bleu.

Après un allez-retour aux toilettes, je rebroussais le chemin que j'ai prit dans le couloir, dans le but d'entrer dans ma salle de classe où était sûrement Taro. C'est alors que sur mon chemin se trouvait une scène. J'arrêtais mes pas en ayant mon regard dessus.

C'était deux filles qui s'empennaient une élève aux cheveux noirs. Les deux embêteuses faisaient tomber la victime par terre en donnant un coup de pied dans le cartable sur le dos de cette dernière, tout en rigolant. La fille au sol ne réagissait même pas...

Outre le fait que personnes autours ne réagissaient, une colère me monta au nez. Et sans hésiter, je m'approchais des ricaneuses en élevant ma voix pour dire :

"Hey ! Laissez-la tranquille !"

Les deux filles relevaient leurs tête en ma direction en prenant des visages étonnés. L'une des deux se tournait ensuite vers moi en fronçant des sourcils.

"De quoi tu te mêles ?!" dit cette dernière.

-Je me mêle que si vous continuez, vous allez goûter à mon pied ! Barrez-vous !

En disant ces mots, je m'approchais assez pour que la fille qui était le plus proche ne pu s'empêcher de reculer d'un pas. A croire que même à l'époque, j'étais menaçante... Même avec mes deux petites couettes.

Les deux filles se regardaient un court instant avant de s'en aller, me jetant avant se partir de mauvais regards.

Je poussais un soupir en les voyant loin. Puis, je tournais ma tête en direction de la fille qui avait les genoux à terre entrain de ramasser les livres qui étaient tombés de son cartable ouvert. Sans attendre, je fis un pas en sa direction avant de tendre ma main vers elle, ce qui attirait son attention.

"Est-ce que ça va ?" lui demandais-je.

En croisant le regard de la fille aux cheveux noirs, je ne pu m'empêcher de remarquer que ses yeux noirs étaient... étrange. Vide, même.

Et son visage ne possédait aucune expression. Elle ne faisait que me regarder...

Silencieuse, elle me saisit la main avant que je l'aide à se relever et dit une fois debout en tenant ses livres de ses deux mains :

"Merci."

-De rien... Tu n'es pas blessée, ou quelque chose ?

-Non.

Je me sentais étrangement mal à l'aise. Cette fille me fixait en clignant à peine des yeux, et ses réponses neutres me faisaient penser qu'elle était bizarre.

Je me demandais si c'était pour ça que ses filles l'embêtaient.

Gênée, je passais ma main derrière mes cheveux en levant les yeux au plafond, et je lui dis ensuite :

"Bon euh... J'y vais... Fais attention quand même, ne te laisse pas faire comme ça."

-...

-Allez, salut !

Et ainsi, je me dirigeais en courant vers ma salle de classe, laissant cette fille derrière moi.

Au cours de la journée, je repensais au visage de cette fille au nom inconnu. Ses yeux visiblement sans vie me faisaient frissonner. C'était la première fois que je voyais une personne aussi...

Brisée au fond d'elle-même...

Et bien sur, à la fin de la journée, quand je rentrais chez moi... Ma mère m'attendait de pieds fermes, avec notre voiture allumée devant la maison et remplis de plusieurs valises.

Nous avions ainsi fuit de ma ville, comme des voleuses...

En direction de l'inconnu.

Sur le chemin, alors que les paysages des maisons et du ciel orange se défilaient par la fenêtre, tandis que le moteur de la voiture s'entendait en fonction de la vitesse que ma mère conduisait...

Je pensais à ce qui s'est passé dans ma petite vie.

J'étais jeune, et pourtant je savais pleins de choses... Premièrement, je savais que mon père avait trompé sa femme pendant un temps avec ma mère...

Deuxièmement, j'étais parfaitement consciente que je n'étais pas une enfant désirée.

Ouep... Une enfant qui sache ça, c'est pas jolie jolie.

Et encore, c'est la suite de l'histoire qui est pire.

Kuni Rana : Une vie de merdeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant