C'est comme ça que je me suis sérieusement mit à détester ma mère. J'avais honte... Honte de sortir de son ventre, honte de porter son sang.
Au cours de la soirée, j'étais sous la pluie et toute seule. J'avais fait un tour au commissariat, mais ces abrutis de flics ont dit qu'ils ne pouvaient rien faire tant qu'ils n'avaient pas de "preuves". Ceux à quoi, énervée, je n'ai pas hésité à les insulter avant de quitter les lieux avant qu'ils ai envie de me rattraper.
J'étais seule, trempée sous la pluie et presque sans argent. J'ai eu l'idée d'appeler mes amis pour qu'ils m'hébergent, mais comme par hasard je n'avais plus de forfaits... Et ignorant où ils habitaient, j'étais encore plus paumée.
A un moment, je suis retourné à la maison. Mais ma mère n'était plus là, ni la voiture d'ailleurs. La maison était verrouillée de fond en comble. J'avais eu en tête de casser une fenêtre pour y pénétrer mais je ne le fis pas, rebroussant ainsi chemin.
Pendant une partie de la nuit, j'avais erré dans la ville sous cette pluie abondante. J'avais peur que ma solitude m'entraînait à faire de mauvaises rencontres. J'étais à réfléchir de ce que j'allais faire.
Jusqu'à avoir eu une idée.
Une idée qui pourrait être assez chelou pour une première idée, je l'avoue. Cependant, me rappeler qu'une personne était dans la grande ville voisine semblait la seule solution. J'étais à la rue, après tout.
Alors je me rendis à la ville voisine, en prenant le dernier bus et dépensant le peu d'argent que j'avais. J'étais toute seule dans le transport, totalement trempée, et espérant que la personne en question n'allait pas me fermer la porte au nez. Ma génitrice l'avait bien fait...
Quand le bus atteignait son terminus, je descendis du véhicule. J'ai passé plusieurs minutes à marcher avec ma valise comme protection de la pluie, chose qui ne me protégeait pas tellement.
Et enfin, j'arrive dans une maison loué. La maison où je voulais allé.
Car en effet, une personne y habitait. Une personne que je connaissais peu mais en qui j'étais en légère contact.
Sur le coup je ne savais pas réellement si la personne m'appréciait ou non...
Un moyen de le savoir, j'ai sonné à la porte.
Et la personne ouvrit cette porte.
Cette personne... était en fait ma sœur.
Ma demi-sœur, Mida.
Mida était la fille de mon père. Etant une adulte, elle travaillait en tant que professeur remplaçant au travers du pays, ce qui l'oblige à beaucoup bouger. Nous étions pas réellement proche mais nous avions gardé contact, malgré le désaccord de ma connasse de génitrice.
Et heureusement, me voir ainsi trempée ne l'a pas empêché de me faire rentrer dans sa maison loué.
C'est ainsi que je lui racontais ce qui s'est passé... Après une douche brûlante qui m'avait fait un bien fou. Ma sœur fut surprise de l'agissement de ma mère et je sentis sa pitié à mon égard.
C'est d'ailleurs elle qui m'a proposé de rester avec elle...
Quand Aika m'avait mit dehors pour se remettre avec mon père, une haine s'était installé au fond de moi. Et même si je la détestais, j'étais mal. Aika était ma seule famille. Mon père, à part financièrement, je ne devais pas y compter et je n'avais pas connu les parents de ma génitrice.
Bref. J'étais toute seule, quoi.
Jusqu'à être avec ma demi-sœur.
Mida aurait pu me détester. J'étais le fruit de l'infidélité de son père, et de la séparation de ses parents. Avoir une demi-sœur de la part de son père et de sa maîtresse était une raison de cracher sur moi...
Et pourtant...
Ce n'était pas le cas.
Mida m'a accueilli, et elle est devenu mon tuteur légal. Si elle n'avait pas insisté à la police sur l'abandon de ma mère, ils n'auraient rien fait.
C'est vrai que j'étais plus jeune qu'elle... Nos âges avait un grand écart. C'est vrai qu'on ne se ressemblait pas du tout physiquement, ni même mentalement. C'est vrai que... On ne se connaissait pas tant que ça. Et c'est vrai qu'elle aurait très bien pu ignorer mon appel à l'aide.
Et pourtant, Mida a été là. Elle m'a prit sous son aile. Et ce soir-là... Je lui étais si reconnaissante que je n'ai pu de m'empêcher de chialer en secret.
Mais le soucis... C'était que ma sœur était un professeur remplaçant. Donc, elle bougeait beaucoup dans toute la région voir le pays pour ses remplacements.
Et donc... J'étais obligée de la suivre et donc de changer contentement d'école.
Quelques jours après que Mida fut officiellement ma tutrice, nous étions toutes les deux parties à l'autre bout de la région, dans une ville où ma sœur devait remplacer un professeur de lycée de première année pour les trois mois à venir... Dès le début de l'année scolaire, en plus.
Je fus inscrite temporairement dans ce lycée, et je fus placé dans la classe où enseignait Mida. Au début, je me disais que ça allait être simple. Même si je ne connaissais pas l'école, trois mois aller passer vite.
Mais si j'avais su l'entourloupe...
Oh Mida est un très bon professeur...
Mais comment j'allais deviner que ma sœur était une chaudasse ?!
Bon, je parle un peu méchamment... Mais c'est la vérité. En fait, je réalisais que si ma sœur adorait son travail c'est parce que elle adorait être observé par des adolescents.
Je vous jure... Dès le premier jour c'était malsain.
Quand Mida se présentait, elle n'hésitait pas à genre tomber la craie au sol pour bien se pencher avant de la ramasser. Et mes camarades masculins qui louchaient, bien entendu.
Et encore, ça c'était rien. Rien à voir avec ses paroles qui semblaient avoir un double sens, voir des allusions... Un peu louche. Ou encore quand elle n'hésitait pas à se pencher derrière un élève pour lui ré-expliquer d'un chuchotement l'exercice. Et bien sûr elle fit ça qu'aux garçons hein, pas aux filles.
Ses mots, sa façon de parler, sa posture plus qu'expressive...
J'avais honte... Mais honte...
C'était horrible. De quoi exciter des gamins en rut. Et en plus, je précise que mes camarades SAVAIENT que j'étais la petite sœur de la professeur remplaçante ! Alors j'avais eu droit aux remarques et aux bavures de ces garçons en chien.
Croyez-moi, ces trois mois étaient bien plus long que je ne le pensais...
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Kuni Rana : Une vie de merde
FanfictionUne enfant née dans une liaison extra-conjugale, grandit loin de ses amis, viré de chez elle par une mère indigne, recueillie par une sœur qui aime les jeunes hommes, diagnostiquée pour un trouble d'agressivité,... La malchance absolue, n'est-ce pas...