Partie 1

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Le front collé au hublot et les yeux rivés vers le vide de l'espace, je ne vois rien, simplement les lumières qui scintillent de temps à autre sur l'aile de l'appareil. Sinon le néant, un noir total et il est plus de 3h passé à ma montre toujours à l'heure européenne, je ne sais pas trop où nous sommes géographiquement mais sûrement au-dessus de l'océan Atlantique d'après mes calculs. 

L'hôtesse est passée il y a quelques minutes me demandant si je voulais quelque chose mais la réponse était négative.
À côté de moi, un homme d'une trentaine d'années s'est endormi la bouche ouverte, tandis que sa femme assise de l'autre côté tente de lire, mal éclairée par la petite lumière qui provient du plafond.
Quand à moi, je somnole presque sans pour autant me laisser aller au sommeil.

Il devait me rester encore 7 heures avant d'arriver à ma destination finale: New York. Ma mère m'y attendait de l'autre côté, mais pour être honnête ce n'était pas l'idée que j'avais en tête quand on me parle de grandes vacances. Je ne lui avais pas encore fait part de mes plans de ne pas rester longtemps, un mois peut être moins, j'avais surtout peur de m'ennuyer et de ne pas réussir à m'intégrer dans sa nouvelle famille. C'était un grand pas pour moi qui avait toujours refusée d'aller la voir mais je ne pouvais pas éviter ce moment éternellement. Qui sait, peut-être que cet été changera ma vie?

Pourquoi m'avoir demandé de passer l'été avec elle après nous avoir abandonnés mon père et moi il y 10 ans? Seulement une carte par an pour mon anniversaire et encore si elle ne l'oubliait pas. C'était aussi ma mère qui payait pour mes études dans unes des écoles les plus réputées d'Europe s'était peut-être sa façon à elle de montrer qu'elle tenait à moi mais de mon côté je voyais de la culpabilité. 

Depuis qu'elle avait quitté mon père, elle s'était installé aux États-Unis ou elle s'était trouvé un nouveau mari, il était plein au as et gérait les médias tout autour du pays. De simple infirmière, elle était devenue en quelques années, un médecin de renom dans cette ville où tout marchait à 1000 à l'heure. Je n'avais jamais rencontré sa nouvelle famille mais elle semblait heureuse et je suppose que je devrais simplement être contente qu'elle se soit refait une vie. Mais peut-être qu'au fond c'était ce que je lui reprochais, d'avoir réussi à se reconstruire une vie sur les ruines d'une autre en laissant mon père  ainsi qu'un trou béant qu'il n'avait jamais réussi à combler. 

Les yeux encore endormis malgré le grand soleil que je pouvais deviner du peu de ciel que j'avais pu voir en sortant de l'avion, j'avais réussi à trouver le sommeil 2 petites heures avant l'atterrissage. J'y étais et je ne pouvais plus faire marche arrière maintenant. Après avoir passé la sécurité, j'attends patiemment ma valise au tapis roulant, ma main tenant fortement mon téléphone dû au stress que je pouvais sentir monter.

Un homme brun à la carrure athlétique se tenant de l'autre côté du tapis attira mon regard. Son jean troué et son t-shirt blanc simple m'hypnotisaient presque, je ne voyais pas son visage, simplement ses cheveux tandis qu'il avait les yeux plantés sur son téléphone. Quelque chose se dégageait de cet homme, je n'arrivais pas à savoir quoi ni pourquoi mais c'était comme si mes yeux étaient attirés tel un aimant. Je voulais voir son visage, croiser son regard juste le temps d'un instant, mais l'arrivée de ma valise noire aux multiples autocollants me sort de mes pensées et me ramène à la réalité. Un court instant et le brun avait disparu dans la foule. Ma montre affichait maintenant 11h , je l'avançais donc de 6h, la mettant ainsi à l'heure New-yorkaise.

Je fermais les yeux, soufflant un bon coup pour me calmer et passer les portes coulissantes qui menaient à cette ville que j'ai toujours voulue visiter, ses grands immeubles, ses taxis jaunes, l'Empire State Building, Central Park... Une ville qui faisait rêver mais qui pouvait être tout autant étouffante. Mais surtout me menait à ma mère. Remettant une de mes mèches brunes derrière mon oreille, je m'élance.

Comment était ma mère après 10 ans? Avait-elle changé? Allait-elle me reconnaitre? 10 ans c'était énorme et les changements physiques étaient inévitables, de quoi me faire perdre tous mes repères et avancer vers l'inconnu. 

Le hall d'arrivée de l'aéroport JFK était bondé grouillant d'embrassades et même de larmes parfois. J'avais l'impression d'être dans la scène finale de Love Actually. Agrippée à la poignée de ma valise comme si ma vie en dépendait, je cherche des yeux un regard que j'avais presque oublié avec les années, des traits qui m'avaient autrefois apaisé mais qui me paraissaient maintenant étrangers. 

Une voix sortit de nulle part me fit sursauter et me figea sur place, faisant remonter des sentiments et des souvenirs que je m'étais efforcée de ranger dans un coin de ma tête.

- Olivia! 

A Little Twist Of FaithOù les histoires vivent. Découvrez maintenant