Chapitre 52 Statu quo

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« Me reconnaissez-vous ?... Me reconnaissez-vous ? »

Faiblement, l'homme, toujours allongé, tourna lentement la tête vers moi.

Je repris :

« Écoutez, je ne sais pas qui vous êtes, mais je suis persuadé que vous voudriez être ailleurs qu'ici.

—Il a l'air affaibli ! Dit Ella. Êtes-vous toujours sûr de vouloir l'emmener ?

—Non, il va très bien. N'est ce pas ? Il fait juste semblant. Je peux toujours voir son aura, elle n'a pas diminuée.

—Soyez doublement prudent dans ce cas.

Ella posa Isabelle, qui commençait à se réveiller, sur un fauteuil roulant. J'en profitais pour interroger de nouveau le vampire.

—Avez-vous un nom ?

Il me regarda de nouveau avant de se remettre à fixer le plafond.

—Étienne...

—Souhaitez-vous quitter cet endroit ?

—Cela n'a plus d'importance. Répondit-il.

Ella et moi, nous nous regardâmes interloqués.

—Je n'irai pas par quatre chemins, le secret de notre existence a été révélé, probablement à cause de vous. Cependant si nous disparaissons tous ensemble, il nous reste une chance d'échapper à la sentence qui nous est réservée.

—Vous, vous ne risquez rien. Elles n'oseront pas vous toucher. Elles ont trop besoin de vous pour vous tuer

—Elles ?

—Les autres reines, en Amérique, en Russie et au Japon. Mais ne vous réjouissez pas trop vite, elles vous emprisonneront.

—Moi ? Mais... Non Charlotte ne le permettrait pas. Rétorquai-je, choqué.

—Charlotte ? La reine Charlotte ?

—Vous la connaissez ? Demandai-je.

—Seulement de nom. Était-ce celle qui m'a mit dans cet état ?

—Celle là même.

—Ça alors ! Quelle puissance formidable.

—Et vous n'avez encore rien vu. Ajouta Ella.

—J'avais entendu parler du pouvoir de la plus ancienne reine de France, mais j'étais loin d'imaginer une chose pareille.

—À ce propos, pourquoi nous avoir attaqués ?

Le vampire soupira.

—Je... Je devais le faire.

—Vous êtes à la recherche du cœur de Lorenzo. Pourquoi...

—Si je ne les aides pas, nous sommes finis.

—Que voulez-vous dire ?

—Il y a plusieurs années, je me suis fait prendre. Tout est de m a faute. Ils m'ont étudié, analysé, testé. J'ai dû leur donner ce qu'ils demandaient.

—Que leur avez-vous donné ?

—L'avenir.

—L'avenir ? Répétai-je.

—Et il tomba du ciel une grande étoile ardente comme un flambeau ; et elle tomba sur le tiers des fleuves et sur les sources des eaux. Le nom de cette étoile est Absinthe.

—L'Apocalypse, chapitre 8... Dit Ella.

—Attendez ! M'exclamai-je. Vous ne voulez tout de même pas dire que la prophétie de l'Apocalypse...

—Tout est vrai... Déclara le vampire. Ça va se produire, ce n'est qu'une question de temps. »

Le dénommé Étienne venait de soulever un aspect de notre quête que nous avions toujours ignoré jusque là, à savoir, la véracité des propos de Jean l'évangéliste. Cela ne devait pas être un hasard si Lorenzo avait choisi cette prophétie plutôt qu'une autre pour dissimuler son secret. Il était clairement fait mention de notre point faible dans un livre écrit il y a deux mille ans. L'absinthe, cette petite plante qui nous désarme systématiquement. C'était comme si Jean cherchait à nous prévenir, nous en particulier. Toutes ces informations s'entrechoquaient dans ma tête, comme un amas de particules. La possibilité que Jean eusse été un immortel, son éventuelle connaissance de l'avenir, autrement dit, notre présent. Un vampire doté du don de précognition à la table de Christ, le seul apôtre à avoir assisté à sa mort. Voila qui aurait pu expliquer certaines choses, notamment, comment un homme pouvait disparaitre de son tombeau sans explication.

Étienne ajouta :

« Il y a longtemps, le seigneur Bertolucci rédigea un livre codé où il expliquait le sens de la révélation et comment y survivre.

—Grâce au cœur, je suppose ?

—Exact. Lorsque les cavaliers s'abattront sur la Terre, seuls ceux des nôtres qui auront reçu sa marque seront épargnés.

—Il divague, déclara Ella.

—Je ne sais pas... Répondis-je. Peut être qu'il extrapole, mais je ne peux m'empêcher de penser que Lorenzo voulait nous avertir d'un danger. »

Je m'approchai à nouveau du vampire :

« Malheureusement pour vous, je n'ai plus le livre. L'original a été dérobé par mon ennemi.

—Votre ennemi ? Demanda Étienne. Qui est-ce ?

—Un vampire copieur qui sème la terreur en ville. On pense qu'il faisait parti de ceux qui vous ont capturé en Guyane.

—Oh non ! C'est une catastrophe. Il risque de précipiter les choses. Il faut à tout prix l'arrêter.

—Alors vous et moi avons au moins un objectif en commun. Nous pourrions nous unir et sortir d'ici pour récupérer le livre.

—Non.

—Non ?

—Elle ne le permettrait pas. On n'échappe pas à cette femme. Elle sait tout de nous.

—Qui vous fait si peur ? De qui parlez-vous ?

Le vampire marqua un silence avant de reprendre :

—Tchernova.

À peine eut-il terminé de prononcer ce nom que les sirènes provenant des haut-parleurs du dehors résonnèrent.

La reine de la nuit : La libération Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant