" hibiscus"

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Non loin du mont, la discussion houleuse entre Otlun, le soldat en chef du Cèdre et le Chêne d'or avait pris une toute autre tournure après les paroles de sa jeune maîtresse Varinöe.

En effet la jeune elfe fémina excédée par les réflexions sur son père avait hurlé :

- Si vous nobles à l'éclat lointain, vous ne supportez pas les recommandations de mon père allez au moins protéger votre roi ! BANDE DE COUARDS !

Le silence s'appesantit sur la troupe car les paroles de l'adolescente venaient tel un poignard, de transpercer la fierté de toute une lignée d'aristocrates. Bouillonnant de rage, le doyen des Bois-De-Chêne qui détestait déjà la fémina depuis qu'elle avait ravi le cœur du prince héritier, intima brusquement l'ordre à son chevalier en chef, de l'exécuter.

L'avant-bras droit transformé en un sabre-épée de bois, celui-ci s'était aussitôt élancé sur Varinöé et sa monture, mais sa mère et l'épouse d'Otlun Oën tout en agrippant l'enfant, lui barrèrent la route.

Varine leva alors sa main tremblante en direction de Chêne d'or :

- Par pitié ! Par pitié grand Chêne d'or ! Pardonnez l'insolence de mon nourrisson punissez-moi ! PUNISSEZ-MOI !

La Cèdre pleurait à chaudes larmes car elle savait que le Chêne était un elfe des bois qui ne revenait jamais sur sa décision.

Voyant effectivement que le Chêne exigeait toujours la tête l'adolescente à son soldat, Otlun effaré par la situation, pointa à son tour ses deux impressionnantes épées de bois sur les gorges des deux petites filles apeurées, du patriarche.

La grand-mère de Varinöe, quant à elle, suppliait les autres nobles d'intervenir afin de calmer la situation, mais l'ordre du Chêne et sa détermination les avaient autant tétanisés que l'insolence de Varinöe

- Patriarche d'or ! Si vous ne rappelez pas mon frère chevalier les têtes de vos deux petites féminas seront piétinées par votre étalon !

- Crois-tu sale petite garce que parce que ton horrible odeur d'hibiscus imprègne les draps de notre roi que tu peux nous mépriser de la sorte ! Siffla le Chêne en dévisageant l'insolente.

La doyenne des Bois-de-Cèdre d'or voulut défendre sa petite fille contre les invectives et les graves accusations du vieil elfe, que partageaient bien évidemment tous les nobles du clan, du moins ceux qui avaient un jour rêvé de voir leur progéniture fémina devenir reine, mais ces réponses n'eurent aucun écho.

Trois soldats lui barrèrent la route quand elle essaya de s'approcher du vieux Chêne qui paniqua lorsque Otlun tira soudainement, l'une de ses petites par les cheveux et la plaça sur son cheval.

- Je vous le répète, je la tuerai ainsi que sa cousine si vous ne reculez pas patriarche !

Le chêne d'or dont toutes les veines du corps étaient à présent visibles était au courant qu'Otlun guerrier le plus réputé de l'ordre des écorces de feu, ne plaisantait absolument pas et qu'il pouvait à tout moment tuer les deux seules héritières que ses défunts enfants lui avaient laissées. Il s'apprêtait à rappeler son guerrier lorsque Varinöe bien qu'angoissée et empoignée par sa mère et son intendante, déclama de toutes ses forces :

- OTLUN JE T'ORDONNE D'ÉPARGNER EÄRD ! LA COUARDISE NE CONTAMINE PAS LES CÈDRES !

- VAS-TU TE TAIRE ! Beugla sa mère en tentant d'étouffer ses paroles. Trop tard, le Chêne dont le sang ne venait de faire qu'un tour fonça tel un aigle, habileté guerrière qu'il avait acquise lorsqu'il était encore compagnon d'armes du roi, sur les trois féminas incapables de crier ou de l'esquiver. Elles n'eurent la vie sauve que grâce à l'intervention in extrémis, ou plutôt la collision entre le Chêne et un rapace géant qui venait subitement d'apparaître dans le ciel.

Chroniques de la guerre entre le renard et le Bois d'orOù les histoires vivent. Découvrez maintenant