Einin

Chapitre 2

Au cours de semaines suivantes, je me suis familiarisée avec ma maison. J'ai appris à me servir de mon portable même si je n'ai personne à qui parler. Je sais utiliser mon ordinateur et internet. Outils bien pratiques. Les humains ne sont pas aussi incompétents que je le pensais. J'ai aussi plus de facilités à conduire ma voiture. Mon dos se remet bien et je peux mieux bouger. Ma conduite est donc plus fluide et je suis moins nerveuse quand je vais en ville. J'apprends lentement à vivre comme une humaine, même si ça me déplaît toujours autant. Je ne sais pas si je pourrai m'y faire, même si je suis immortelle.

J'ai aussi dû acheter des affaires pour la rentrée scolaire. Pourtant, je n'ai pas hâte d'aller au lycée. Je n'ai pas envie de côtoyer tout un tas d'adolescents. Je ne veux pas me mêler à eux, du moins pour l'instant. Et je ne ressens pas non plus l'envie d'aller en cours. Des cours qui sont dispensés par des humains aussi. Certes, les professeurs sont normalement plus matures que les gamins auxquels ils enseignent. Mais je reste persuadée d'être plus âgée et intelligente qu'eux. Et je trouve désespérant de devoir suivre ces cours qui ne me seront d'aucune utilité. Mais je suis inscrite au lycée alors je vais devoir y aller. Quoique j'aurais pu refuser et faire ce que je voulais. J'aurais aussi pu fuir au lieu de rester dans cette ville. Mais ma déchéance est encore trop récente. J'ai besoin de calme et d'une situation stable pour commencer cette vie. Et malheureusement, ça veut aussi dire aller au lycée.

Sinon, je passe surtout mes journées chez moi. Je ne sors pas beaucoup en ville. Je lis, me renseigne sur la vie humaine via internet, joue du piano et profite même de la piscine en cette fin d'août. Les températures sont encore agréables et me permettent de me baigner. Mais ma maison est entourée de forêt et je peux profiter en toute tranquillité. Je ne suis pas sûre que les humains savent qu'elle existe ou alors, ils sont peu nombreux. Et il vaudrait mieux que ça reste comme ça. Je n'ai pas envie d'être dérangé.

Je vais souvent me promener dans la forêt mais je le fais toujours le soir. C'est un peu comme un rituel. Mais à partir de demain, je ne pourrai plus passer mes journées chez moi car je vais aller au lycée. Je ne sais pas si je vais pouvoir dormir cette nuit. Je suis tellement angoissée à l'idée d'être entourée d'humains mais surtout de revoir Maria ou Antoine car eux, ne sont pas humains et je ne sais pas ce qu'ils sont. Peut-être connaissent-ils celui qui m'a soignée ? Je secoue la tête en me disant que je n'ai rien fait de mal. En tout cas, j'essaie de me convaincre que tout ira bien.

Je tremble tellement je suis stressée. Je suis prête et je n'ai plus qu'à prendre mes clés de voiture. Mais je ne bouge pas. Je n'ai pas envie d'y aller. Et s'il y a plus de créatures surnaturelles que je l'imagine ? Que ferai-je ? Je panique vite et ma respiration s'accélère. Je ne me suis jamais retrouvée dans cette situation. Je n'ai jamais eu aussi peur, sauf au moment où j'ai été jugée. Je dois me calmer. J'essaie de respirer normalement. Et les battements de mon cœur reprennent un rythme normal au bout de quelques minutes. Il faut que j'y aille maintenant, sinon je n'irai jamais. J'attrape mon sac et mes clés. J'entre dans le garage, monte dans ma voiture et démarre.

Le lycée est plus petit que je le pensais. J'inspire profondément. Il faut que j'arrête de paniquer mais mes tremblements ne cessent pas. Je m'oblige à sortir de ma voiture. Je vais assurément me faire remarquer. Tout le monde doit se connaître. Certains observent ma voiture avec curiosité, d'autres osent poser leur regard sur moi. Tous doivent se demander qui je suis. Qui est la nouvelle ? Et leurs attitudes ne m'apaisent certainement pas, surtout que je reste un peu perdue. Je n'ai pas le plan du lycée et je ne sais pas où je dois aller. J'observe les humains autour de moi avant de me décider à en suivre certains qui rentrent dans le bâtiment. Ils me conduisent dans une grande salle où beaucoup de lycéens sont déjà rassemblés.