Einin

Chapitre 21

On ne peut pas dire que la situation s'améliore entre Maria et Kaleb. Ils sont tous les deux bornés et aucun ne veut céder. Ça commence à m'agacer fortement et j'ai donc décidé de ne plus m'en préoccuper. Qu'ils se débrouillent entre eux. Je suis déjà assez angoissée comme ça. Je ne peux pas m'empêcher d'avoir peur pour la famille, que je considère maintenant comme la mienne. Je suis devenue une fille ou une sœur pour eux. Et je trouve que je me suis plutôt bien intégrée, même si des tensions subsistent avec Lumia, Logan et Cassiopée. J'ai quand même trouvé ma famille, et pour rien au monde, je n'en voudrais une autre.

Paul et Lumia nous ont d'ailleurs donné un peu plus de détails concernant la famille Loyd. Je ne sais pas comment ils ont su puisqu'ils n'ont pas gardé contact avec Calliste et Austin. Je suis plus soulagée qu'ils les aient. On connaît au moins un peu nos ennemis, même si ça ne va pas m'apporter un grand avantage puisque je suis certaine de ne pas pouvoir les reconnaitre, surtout s'ils sont transformés en loup.

Fin de journée pour Carline qui rentre de l'hôpital. Jackson ainsi qu'Abby et Rafaël doivent déjà être rentrés. La mère de famille gare sa voiture devant la maison, attrape son sac et sort. Elle entre tranquillement dans la demeure, sans se douter de ce qu'elle va trouver. Elle pose son sac et appelle son mari. Elle tend l'oreille, mais aucune réponse ne lui parvient. Elle fronce les sourcils, sans s'inquièter pour autant. Les loups ont beau avoir une ouïe plus sensible que la moyenne, son mari ne peut pas l'entendre s'il est au fond du jardin. Elle crie alors les noms de ses enfants, mais elle n'obtient toujours pas de réponse. Elle s'alarme un peu plus. Normalement, il y a toujours une personne qui lui répond. Ce soir, le silence semble être la seule réponse. La maison semble vide. Il n'y a personne dans le salon et elle commence réellement à s'inquiéter quand elle voit des traces de sang. La table basse est en mille morceaux. Les cadres photos jonchent le sol, brisés. On dirait qu'un combat a eu lieu dans cette pièce. Ses yeux examinent la pièce. Elle en fait le tour. Elle ne sait pas à qui appartient le sang sur le sol. Ça l'affole et elle a peur de ce qu'elle pourrait découvrir. Elle appelle une nouvelle fois Jackson et leurs enfants. Pourtant le silence reste la seule réponse qu'elle a. Carline se déplace, suivant les traces de sang et se fige sur le seuil de la salle à manger. Son sang se glace. Elle met quelques secondes à comprendre ce qu'elle voit. Elle ne veut pas réaliser. Elle ne veut pas comprendre ce que veulent dire les trois corps qui semblent sans vie. Un gémissement la fait réagir. Ses yeux se posent sur son fils qui gémit une fois de plus. Ses jambes la portent alors jusqu'à Rafaël et elle s'effondre à genoux.

— Rafaël, tu m'entends ? demande-t-elle d'une voix tremblante.

Ses mains se posent sur son fils. Elle essaie de l'examiner. Où a-t-il mal ? Ou est-il blessé ? Perd-il beaucoup de sang ? Toutes ces questions bouillonnent dans son esprit.

— Rafaël ?

— Maman...

Le regard bleu de Carline croise celui chocolat de son fils. Les doigts tremblants de la blonde caressent délicatement la joue de Rafaël.

— Ça va aller d'accord, essaie-t-elle de le rassurer. Ça va aller...

— Papa... Abby...

Carline regarde les deux autres corps qui ne semblent plus respirer. Elle espère réellement que ce n'est pas le cas. Elle voudrait tellement se tromper. Elle voudrait voir leur poitrine bouger au rythme de leur respiration.

— Je reviens Rafaël...

Elle se lève difficilement et rejoint le corps d'Abby. Les yeux de sa fille ne mentent pas. Carline n'y voit que le vide. Aucune étincelle de vie. Elle n'a pas même pas besoin de vérifier si la brune a encore un pouls, elle sait que c'est déjà trop tard. Ses mains se posent sur les yeux de sa fille qu'elles ferment. Les larmes débordent des yeux de la mère et coulent sur ses joues. Sa fille est morte. Elle se traine jusqu'à son mari. Son pull est déchiré et laisse apparaitre de larges blessures. Le sang de Jackson s'est répandu sur le sol et tache le pantalon de sa femme. Les doigts de celle-ci cherchent désespérément un pouls, mais n'en trouvent pas. Les larmes de la femme ne s'arrêtent pas de couler. Elle voudrait rester là. Elle veut juste pleurer. Elle voudrait hurler sa peine et sa rage. Cependant elle doit aussi penser à Rafaël. Elle se relève et va rapidement chercher un téléphone. Elle a besoin d'aide. Carline revient auprès de son fils qui respire difficilement. En voyant le visage de sa mère, Raf comprend rapidement la situation et les larmes coulent sur ses joues aussi.