Chapitre 12

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Thala n'a certainement pas le même caractère que Quinn, mais comme sa sœur, elle ne pleure pas souvent. Et une seule personne arrivera à la faire pleurer. Kaleb. Après l'avoir quitté une heure plus tôt, les larmes n'ont pas cessé de couler sur son visage. Elle n'arrive toujours pas à croire qu'elle a rompu avec Kaleb. Impossible ! Ses joues sont mouillées et elle n'a même plus la force de les sécher. Elle entre silencieusement dans la maison. Sa famille est peut-être en train de manger, mais elle ne veut pas les croiser alors elle évite la salle à manger où elle entend du bruit. Elle ne veut pas les voir. Elle ne pourrait pas soutenir le regard de son père quand il lui demanderait où elle était. Ou celui peiné d'Olivia qui saurait tout de suite ce qui s'était passé. Elle ne pourrait jamais se retenir d'éclater en sanglots quand son père lui demanderait pourquoi elle est dans cet état. Et elle ne pourrait pas supporter l'inquiétude qu'elle lirait sur le visage de Nathan, son petit frère. C'est à elle de s'inquiéter pour lui, pas l'inverse. De plus, elle ne veut pas qu'ils la voient si vulnérable. Elle est forte et n'a jamais peur. Mais ce soir, elle leur prouverait qu'elle a une faiblesse. L'amour est une faiblesse qu'elle ne peut plus se permettre. Mais plus important, Kaleb est une faiblesse qu'elle ne peut plus s'autoriser.


Allongée dans le lit avec Quinn, je me demande toujours ce qui la trouble autant. Nous devons discuter même si je sais qu'elle ne va pas vouloir m'en parler. Je vais sûrement devoir la forcer. Mais j'ai besoin de savoir ce qui l'angoisse à ce point. Tout à l'heure, elle disait qu'elle avait besoin de moi. Cependant, j'ai l'impression que c'était plus fort que ça. Elle avait besoin de prouver que j'étais encore là, sur Terre, que je n'avais pas disparu.

— Quinn ? l'appelé-je doucement, en touchant ses cheveux blonds.

— Hum...

Elle est un peu endormie, mais mes questions vont me tenir éveillé toute la nuit si je n'ai pas de réponses. C'est peut-être égoïste de ma part de la réveiller cependant, j'ai besoin de savoir. Il y a quelques heures, elle avait besoin de moi et tout de suite, c'est moi qui ai besoin d'elle. Je ne veux plus la revoir comme ça, si troublée et si inquiète. Il faut qu'elle partage ça avec moi. Je ne supporterai pas d'être mise à l'écart.

— On doit parler, lui dis-je.

— On est bien là, ne gâche pas tout, grogne-t-elle.

— S'il te plaît. Et je suis sûre que tu as faim, la taquiné-je.

— Même pas vrai, marmonne-t-elle, peu convaincante.

Je souris et m'extirpe du lit lentement alors qu'elle grogne une nouvelle fois. J'enfile des habits rapidement. La chaleur naturelle de Quinn me réchauffait, mais je frissonne en m'habillant. Une fois fait, je remarque que Quinn n'a toujours pas bougé. Elle a les yeux fermés et ne semble pas vouloir se lever. Redoute-elle autant cette discussion ? Je soupire et m'assois à côté d'elle. Je dépose mes lèvres sur les siennes pour un court baiser.

— Debout, lui soufflé-je en me reculant.


Elle me rejoint dans la cuisine. Elle s'installe sur un des tabourets. Je sens son regard sur moi, mais je ne m'en préoccupe pas. Elle m'observe cuisiner en silence. Pour moi, il n'est pas pesant, mais je suppose que pour Quinn si. Elle va devoir me parler et je suppose qu'elle ne sait pas comment commencer. Mais je ne suis pas pressée. Je veux des réponses, mais je dois la laisser faire. Je sais que Quinn est plutôt quelqu'un de réservé en vérité. Elle n'aime pas trop parler d'elle et de ce qu'elle ressent. Et je me doute que cette discussion va dériver sur ses sentiments. J'ai besoin de savoir pourquoi elle était dans cet état, il y a quelques heures. Cependant, je ne dois pas la brusquer.

EininOù les histoires vivent. Découvrez maintenant