Un point d'eau, une cachette où reprendre mes esprits, n'importe quoi, mais il faut que je bouge d'ici. Les WC. C'est parfait, les WC. Comment pourrais-je aller retrouver mes amis dans cet état psychologique ? J'ai besoin de me rafraîchir aussi bien les idées que le visage. Je fonce à travers les couloirs vides, mes jambes ayant repris un semblant d'efficacité. Je me jette sur le lavabo, rince mon visage à l'eau froide dans l'espoir de me redonner consistance. Je relève la tête et rencontre mon reflet dans la glace. Pour la consistance on repassera... Mes pommettes sont rouges, mes lèvres gonflées et mon regard dans le vague. Bref, on dirait une nunuche émoustillée pour la première fois de sa vie. Super.
Est-ce justement mon jeune âge qui lui plaît ? Ou alors mon insolence ? L'excitation de l'interdit ? Je n'en ai aucune idée. Jusqu'à présent nous n'avons pas vraiment dialogué. Tout ce qu'on ne peut nier, c'est l'attirance commune qui nous pousse l'un vers l'autre. Mais que renferme-t-elle ? Aujourd'hui plus que jamais je me demande pourquoi moi...
Que suis-je censée faire désormais ? Où tout cela peut-il nous mener ? Il prend déjà tellement de place dans ma tête que c'en est terrifiant. J'étais décidée à passer outre mon attirance pour lui et il suffit qu'il s'approche de moi pour que mes résolutions volent en éclat. C'est pathétique. Et Mathieu dans tout ça ? Cette situation ne me ressemble pas du tout. C'est loin de la Mia respectable que je suis. Que je pensais être. Je suis complètement perdue ce n'est pas avec réaction de Marie l'autre jour pour un simple regard que je pourrai lui en parler.Mon appétit s'est éclipsé aussi vite que ma colère contre le Sexy Moreau. C'est traînant les pieds que je rejoins mes amis au kebab qui s'est installé juste derrière le lycée. Marie me fait signe lorsque je passe la porte. Je n'ai aucune envie d'être ici et de faire semblant, mais je ravale mon soupir et m'installe en face de mon amie. Mon fessier n'a pas touché l'assise de la chaise que Marie fronce les sourcils, l'air inquiet.
— Ça va, Mia ? T'es pâle comme un cul... Un souci avec Moreau ?
— Non, aucun. À vrai dire j'ai passé plus de temps aux WC qu'avec lui. Il voulait juste décaler notre horaire pour le soutien, c'était rapide. Je me sens vraiment mal par contre...J'exagère un peu en me tenant l'estomac alors que ce n'est absolument pas à cet endroit que je ressens des tiraillements.
— On le devine à ta tête ma pauvre. Tu devrais rentrer chez toi, ajoute Léa, soutenue par son frère qui confirme d'un « oui » de la tête.
— Ça m'embête de louper les cours...
— Si c'est pour passer ton après-midi en mode zombi c'est pas la peine ! Je t'enverrai les cours par mail ce soir et tu pourras rattraper, ça te va ? propose gentiment Marie.Elle se transforme en amie-poule uniquement lorsque je suis malade, elle est trop chou.
— Je crois que tu as raison, je vais aller me reposer et ça ira mieux demain.
— Je te ramène ?
— Non merci ma belle, je vais marcher, l'air frais me fera peut-être du bien. Je vous laisse, à demain.Tous les trois hochent la tête de concert et je suis étonnée de voir que même Lucas ne s'est pas hasardé à blaguer sur mon état. Je dois vraiment faire peur à voir.
Sur ces bonnes paroles je me mets en route vers chez moi. J'envoie un sms à ma mère pour la prévenir que je rentre à la maison, au cas où le lycée l'appellerait.[ Quelque chose ne passe pas, je crois que je suis malade, je rentre me reposer. Marie m'enverra les cours dès ce soir, mais le lycée risque de te contacter. Bisous à ce soir.]
Cinq minutes plus tard mon téléphone vibre et j'y trouve sa réponse :
[Pas de soucis, pour que tu rentres de toi-même à la maison c'est que ça ne va vraiment pas. J'ai une réunion que je ne peux vraiment pas décaler cet après-midi, je serai à la maison pour dix-huit heures. Repose-toi. Je t'aime]
VOUS LISEZ
Envers et contre toi - *Sous contrat chez Black ink éditions*
RomanceMia est une jeune fille brillante et consciencieuse dans ses études. Elle sait s'amuser et profiter de la vie comme les jeunes de son âge. Mais, lorsque le jour de sa rentrée en terminale, la porte s'ouvre sur le sublime Alexis Moreau, de douze ans...