Envers et contre toi - *Sous contrat chez Black ink éditions*

Chapitre 10 - Mia

 Cela fait maintenant deux jours que je suis enfermée chez moi à me morfondre. Qu'est-ce que je vais devenir ?
Lundi soir après son départ je n'ai fait que pleurer. Mardi je me suis réveillée angoissée et toujours aussi triste. En fin de journée je n'avais plus rien à pleurer. Hier j'ai décidé que personne ne méritait que je me mette dans cet état. Encore moins un abruti de pervers (de merde !). Certes je me suis fait avoir et j'aurais dû me méfier. Je ne sais pas ce qui m'a poussé à agir de la sorte, mais il me semblait qu'il y avait une sorte d'alchimie entre nous. Grossière erreur.
J'ai bien compris ce qu'il voulait dire lorsqu'il m'a envoyé son unique « il faut qu'on parle ». Le cliché du prof qui regrette, qu'il a fait une bêtise, bla-bla-bla. Il me prend vraiment pour une gourde n'est-ce pas ? C'est pourquoi je ne lui ai pas fait le plaisir de répondre. Il devait s'attendre à ce que je l'insulte ou pire, à ce que je lui demande une chance. Je lui aurais sorti un truc à l'eau de rose du style « laisse une chance à notre amour, vivons cachés le temps du lycée » et il aurait pris un malin plaisir à me la jouer « oui mais non je t'aime, mais il vaut mieux pour toi qu'on arrête ». Le truc de base digne d'un gros lâche (de merde !). Moi en colère ? Si peu...
Je suis autant en colère contre lui que contre moi, mais honnêtement je préfère ressentir le bouillonnement de la rage au vide de ces derniers jours. Rester à la maison ne me ressemble pas. Ces derniers jours auront au moins eu le mérite de m'éclairer sur ce que je veux et de me remettre profondément en question. Fini la goutte au nez d'avoir trop chialer !
Ce que j'ai fait ? Une erreur de jugement.
Est-ce que je regrette ? Pour les mensonges que ça impliquait, oui. Sinon... pas vraiment.
Quels sont mes sentiments ? Des senti-quoi ?
Qu'est-ce que je souhaite ? Aller de l'avant et réparer mes erreurs.
Suis-je prête à le faire ? Plus que jamais.

Ma détermination au garde, c'est bien décidé à ne plus subir que je descends rejoindre ma mère qui m'a peu vue ces derniers jours. La maman poule qu'elle est n'a pas pu s'empêcher de m'apporter des soupes à intervalles régulières, que j'avoue avoir bues avec plaisir. Et j'aurai risqué de briser ce lien entre nous à cause d'un connard ? Mon dieu plutôt mourir... Fini les mensonges.
Je me laisse tomber sur le fauteuil du salon. Hors de question que je pose ne serait-ce qu'une demi-fesse sur ce canapé de malheur. Je réprime le frisson qui court ma nuque, bloque mes pensées et me colle un sourire que j'imagine niais au visage. Ma mère referme son livre et me scrute avec attention.

— Tout va bien ma puce ?

— Je me sens beaucoup mieux, tu as mis quoi dans tes soupes ?
— Une bonne dose d'amour bien sûr, répond-elle en riant.
— Et tu vas me sortir de la poussière de fée aussi ? Tu sais que ça ne marche plus depuis mes six ans environ ? la taquiné-je.
— Tu as l'air en forme effectivement ! Vu ton état d'hier comparé à celui d'aujourd'hui, c'est plutôt à moi de te demander si tu ne prends pas quelque chose... ? Mia mon Dieu tu me le dirais si tu avais un souci avec la drogue, n'est-ce pas ? s'inquiète-t-elle très sérieusement.
Et la revoilà partie à s'inquiéter de choses complètement irréelles. Ma mère est formidable et je n'en peux plus de rire. Je ne m'en étais pas rendu compte, mais le simple fait de rire m'avait manqué.
— Tu es merveilleuse maman, je t'aime. Je l'embrasse sur la joue et me lève pour aller me coucher.

— Tu montes déjà ?
— Oui, demain je retourne au lycée. J'ai assez perdu de temps à la maison. D'ailleurs tu peux me faire un mot ? Tu sais comme est l'administration...
— Tu es sûre ? C'est le dernier jour avant les vacances, tu peux rester si tu ne le sens pas trop. Mais oui bien sûr, je vais te l'écrire.
— Crois-moi maman, tout ira bien. Merci.
Et je l'espère vraiment.
Je l'embrasse à nouveau sur le front et monte retrouver ma chambre. Demain est un autre jour et tout ira bien. On y croit !

Galvanisée par ces pensées positives, je me couche décidée à prendre mon avenir en main. Poussée dans cet élan promettant un avenir meilleur, je prends la première décision depuis mon « nouveau moi » et saisi mon téléphone. Je veux laisser sa chance à Mathieu.