Chapitre 5 - Mia

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 — Mia, ouvre cette porte.
Un coup d'œil au réveil m'indique qu'il est pile vingt heures. Je souris, Marie est vraiment la ponctualité incarnée. Elle essaye une nouvelle fois d'ouvrir ma porte de chambre dont la poignée tourne dans le vide.
— Oh bordel je te jure que si tu me fais le coup de vouloir rester chez toi ce soir, je t'arrache les yeux à la petite cuillère.
C'est clair, ça donne envie de lui ouvrir.
Ne voulant pourtant rien risquer, je tourne la clé dans la serrure.
— Tadaaam ! m'exclamé-je en ouvrant les bras sur ma robe.
Elle me détaille silencieusement, mi-soulagée mi-subjuguée.
— La vache, t'as mis le paquet. Tu es sublime ! Dommage qu'on ne soit pas du même bord...
— Je finis de me maquiller et je suis à toi. Enfin, tu m'as comprise, ajouté-je avec un clin d'œil.
Marie pouffe de rire et se vautre à plat ventre sur mon lit malgré sa robe bustier, tandis que je rejoins la salle de bains juste en face de ma chambre.

Un œil de maquiller, c'est une bonne chose. Le plus difficile consiste désormais à reproduire exactement le même trait sur son voisin et Dieu sait si c'est compliqué. J'ai beau pincer ma langue entre mes lèvres comme nous le faisons toutes bêtement, ça ne change rien.

Après deux essais, le résultat que me renvoie le miroir est enfin satisfaisant. OUF.
— Dis, Mia, on ne t'a jamais dit de mettre un code sur ton téléphone ? demande Marie depuis ma chambre.

Je soupire, exaspérée. Je sais parfaitement qu'elle est dessus.

— Tu n'es pas obligée de fouiner dans MES affaires, surtout.
— J'y peux rien, il a vibré.

La brosse de mon mascara n'atteint pas mes cils et un souffle s'échappe à nouveau de mes lèvres.
— C'est qui ?
— Math, je présume...
Intriguée, je termine rapidement mon maquillage et la rejoins.

— Tu présumes ?

— Le numéro n'était pas enregistré, mais tu connais Math, il a encore dû perdre son téléphone.
— Donne-moi ça, saucisse.
Mon amie me tire la langue à l'image d'une gamine de six ans (tout au plus) et me rend mon téléphone.

J'ouvre le dernier message.

[ Désir : souhait irrationnel et obsédant qui porte sur la possession de quelque chose.]

Ma fréquence cardiaque s'emballe légèrement. Je relève le visage vers ma meilleure amie qui guette ma réaction.
— Et si ce n'était pas lui ?
— Qui veux-tu que ce soit ? rétorque-t-elle étonnée. Tu as une double vie et tu fréquentes quelqu'un ?

Elle ne sait pas tout sur ce qui rythme ma vie ces dernières semaines, mais elle a raison. Mis à part Mathieu, rares sont les garçons qui ont mon numéro.

— Tu as raison, concédé-je en hochant la tête.

— J'ai toujours raison. C'est d'ailleurs pour ça que je me suis permis de répondre.

Elle affiche ce sourire figé de pétasse qui a fait une bêtise...
Je la fusille du regard et ouvre l'onglet des messages envoyés.
[Réciproquement : de façon réciproque ;) ]
C'est tellement recherché en plus...
Cette fille m'épuise, mais il n'y a qu'avec elle que je passe de bons moments. Ou alors il n'y a que moi qui la supporte. Mon cœur balance souvent entre les deux options.

Je lève les yeux au ciel en signe réprobateur et enfile mes escarpins. Rien ne sert de lui crier dessus, elle n'en serait que plus satisfaite.
— Ce soir on s'éclate, alors arrête de faire la gamine capricieuse et en route ! dit-elle en me collant une claque sur la fesse.
Oui, Marie, ce soir on va s'amuser. Du moins je vais tout faire pour. Je n'ai de cesse de ruminer mon humiliation de la veille et si je suis sûre d'une chose, c'est qu'il est hors de question que je vive comme ça. Je vaux mieux que ça. Puis de toute façon elle vient de lancer la machine, il me sera difficile de reculer face à l'impatience de son cousin. Me changer les idées me fera grand bien.

Envers et contre toi -  *Sous contrat chez Black ink éditions*Où les histoires vivent. Découvrez maintenant