•ℝ𝕖𝕔𝕦𝕖𝕚𝕝 𝕕'𝕆𝕤• 『𝐄𝐫𝐞𝐫𝐢 /𝐑𝐢𝐫𝐞𝐧』

[2.1] Le dessin {part 2}

C'est en essayant tant bien que mal de dissimuler les tremblements de mon corps que je me décala pour le laisser entrer. J'avais négligé ma tenue vestimentaire et ne portait qu'un caleçon noir et un t-shirt blanc. Pour ma défense c'était un accoutrement adapté à l'horaire.

Je vis le regard d'Eren comme caresser mon corps, j'avais l'impression d'être mis à nu tandis de ses yeux glissaient sur mes jambes. Je vis quelques rougeurs se former sur les joues du châtain avant qu'il ne détourne timidement le regard.

Il n'avait pas changé malgré l'année passée, les mêmes mimiques enfantines.
Le silence dans la pièce était gênant, mon esprit releva le contraste avec nos anciens moments. Quand nous étions ensembles....

Il se passait parfois des heures entières, Eren était allongé sur le canapé et j'étais moi-même couché sur son torse. Ma tête se relevait et s'abaissait lentement au rythme de sa respiration. Ses longs doigts se perdaient dans mes cheveux ébènes tandis que je traçais des cercles indécis sur son torse avec la pulpe des miens.
Nous ne parlions pas, mais le silence qui nous englobait avait quelque chose d'apaisant, de calme... de rassurant.

Dans ces moments là, c'était comme une bulle qui se formait autour de nous. Une bulle dans laquelle lui comme moi étions invulnérables.

Mais l'inconvénient des bulles de savon, c'est leur fragilité. Au moindre choc, moindre coup de vent trop fort, la fine pellicule éclatait.

Elle avait éclaté.

Le jour de son départ si soudain, la bulle protectrice qui nous entourait avait violemment éclaté, et le savon projeté m'avait drôlement piqué les yeux.
Tellement que j'avais pleuré, à ça oui j'avais pleuré des nuits entières. J'avais perdu 7 kilos, mon visage s'était creusé de cernes violettes. J'avais négligé la totalité du monde, à commencé par moi même.

C'était grâce à Hanji que j'avais peu à peu remonté la pente, elle était tout ce que j'avais.

- pourquoi t'es là?

Miracle, j'avais réussi à arracher ces quelques mots du fond de ma gorge. Ma voix tremblait terriblement.

- Parce que je te dois des explications...

Je remarquait enfin que nous étions debout, dans mon salon à quelques mètres l'un de l'autre. Que nous avions l'air relativement stupides.

- Assieds-toi.

Cela semblait plus à un ordre qu'a une invitation. J'étais intérieurement faible et totalement brisé, il était hors de question que cela se remarque.

C'était sûrement déjà trop tard.

Il s'assit à droite du canapé, comme autrefois. En revanche je choisi stratégiquement de m'installer en face de lui, sur le fauteuil.

Si, il y a un an je me serais complètement avachis tout contre lui, blotti dans un plaid à regarder un bon film en profitant de délicates caresses. Je voulais désormais imposer une distance.

Est-ce que je le voulais vraiment ?

- Livaï... Je ne sais pas par où commencer.

Il triturait ses doigts, encore et encore. Je savais parfaitement qu'il cherchait mon regard, mais je le fuyais volontairement. Si j'avais le malheur de me perdre dans ses pupilles océan, c'était la fin pour moi.

- Commence par le début ça serait déjà pas mal.

Je devrait me féliciter plus souvent pour mon self-control.

- Je t'aime.

Silence.
Attend quoi ? C'était trop, trop pour moi, mon regard se braqua dans le sien. Il m'aime? Lui? Lui qui a disparu comme un voleur après une énième nuit dans mes bras? Lui qui n'a donné aucune nouvelle d'aucune sorte pendant trois-cent-soixante-dix-huit jours ???
Oui j'avais compté, oui je me détestais aussi pour ça.