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Environ une minute plus tard, Suzan ouvre les yeux avec angoisse. Elle pleure en silence.

Toujours cachée derrière la silhouette de Mary, elle hésite à se décaler sur le côté et à regarder en face.
Elle tient des deux mains le manteau de la jeune femme et ne veut pas le lâcher.

Dans un premier temps, la fillette est éblouie par le soleil.
C'est un beau soleil d'hiver, qui éclaire le monde et réchauffe l'atmosphère.

C'est la même sensation que de se trouver dans l'obscurité d'un cinéma durant plus d'une heure, puis de ressortir, le regard fragilisé par une trop forte luminosité.

La petite fille semble perdue. Elle se trouve en plein milieu de Londres, avec une femme rencontrée il y a peu. Et cet homme, qui apparaît quand il le souhaite, la terrifie.

Elle n'a pas voulu tout ça. Jamais elle n'a voulu quitter sa mère. Jamais elle n'a eu aussi peur.
Elle est encore trop petite et bien trop frêle pour ce monde cruel.

Suzan, elle est comme un petit oiseau tombé du nid qu'on aurait plongé dans ce monde bien avant l'heure.

Elle fait déjà assez de cauchemars lorsqu'elle dort. Beaucoup trop, d'ailleurs.
Bizarrement, ils se ressemblent tous, en quelque sorte.

C'est toujours le mal et la peur, à travers d'atroces scènes où rien n'est beau, où la paix semble impossible. Ce sont des scènes qu'une enfant de sept ans ne devrait pas imaginer, même si cela demeure parfaitement involontaire.
Toujours de la violence, des morts, du feu, du sang...

Ses cauchemars sont remplis de femmes qui crient, d'hommes qui tuent, d'enfants qui pleurent.

La fillette est le plus souvent réveillée en sursaut et crie pour appeler sa mère.
Cette dernière arrive précipitamment dans la chambre pour la consoler et lui dire de ne pas y prêter attention, que tout cela n'existe pas, que ce n'est pas réel.

Mais comment faire abstraction de ces cauchemars lorsqu'ils se produisent aussi souvent ?
Suzan croit ce qu'elle voit la nuit. Elle dit que cela a vraiment l'air d'être réel.

Un jour, sa mère a fait venir un psy à domicile. Elle ne supportait plus de voir sa petite fille aussi mal, et elle se sentait coupable. Elle ne savait pas quoi faire.

Le psychologue est un vieil homme du nom de Mr Jones. Il a une soixantaine d'années, et est extrêmement réputé pour avoir aidé de nombreuses personnes.

Au fil des séances, Suzan a fini par sympathiser avec lui. Elle rit souvent à cause des nombreux « Hum » qu'il prononce couramment pendant qu'il la questionne.

La première fois, il avait regardé Suzan un long moment, sous les yeux étonnés de sa mère, comme s'il percevait dans l'esprit de la petite ses différentes craintes.

Ensuite vint une conversation entre eux deux :

« Bonjour. »

« Bonjour. » répondit l'enfant, timidement.

« Je suis Mr Jones, mais appelle-moi Stephen, d'accord ? »

« Je suis Suzan. Suzan Taylor. »

« Hum... Bien. Sais-tu pourquoi je suis ici ? »

« Non. »

« Je suis ici pour toi. »

« Pour moi ? Pourquoi ? »

« Pour t'aider. »

« Ah ? »

« Oui. Hum... Ta maman m'a téléphoné et m'a dit que tu faisais beaucoup de cauchemars. »

Comme si c'était hier [en cours d'écriture + correction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant