Comme si c'était hier [en cours d'écriture + correction]

8.

Mary regarde son téléphone en vitesse avant de le ranger de nouveau dans son sac à main.
Il est déjà 11h15.

Lorsqu'elle travaillait, elle ne voyait jamais le temps passer. Elle aimait tellement son job. Aider les clients, c'était sa vocation.
Ce qu'elle préférait, c'était redonner l'envie de lire à tous ceux qui avaient perdu ce bonheur, ce plaisir de tourner les pages et de se sentir transporté dans un autre monde.

Entre ce petit garçon qui venait chercher un livre pour apprendre à écrire, ce couple qui voulait trouver le livre parfait, (qui devait plaire autant à l'un qu'à l'autre), et cette vieille dame qui demandait conseil afin de savoir si oui ou non, le roman qu'elle a choisi mêle bien réalité et fiction...
Elle ne s'ennuyait jamais.

Pourtant, depuis qu'elle n'est plus cette jeune libraire, elle voit le temps défiler aussi vite que la course des nuages.

Elle a juste envie de redevenir cette jeune femme, qui ne demandait rien à personne, et qui vivait simplement.

Et puis il y a cet homme. Un homme inconnu à ses yeux, mais qui en sait énormément sur elle.
Mary a réellement l'impression qu'il est toujours là, aux alentours, prêt à surgir de nulle part et à la menacer.

Pourquoi s'intéresse-t-il à elle ? Est-ce qu'il lui veut uniquement du mal, finalement ?
Elle sent qu'il peut lui apporter ces réponses, celles dont elle a besoin, malgré toute la négativité qu'il inspire.

Instinctivement, elle se retourne et observe les environs.
La bibliothèque est tristement déserte, à l'exception de la petite Suzan, qui admire les divers bouquins qui se présentent devant elle, tout en passant sa main sur quelques-uns d'entre eux.

Mary la contemple un instant. Elle a presque envie de pleurer. Mais ce n'est pas la tristesse qui l'envahit. Non, c'est autre chose. Le bonheur. La joie d'avoir rencontré cette fillette et de la protéger.
Elle n'ose pas se l'avouer, mais elle tient déjà beaucoup à cette enfant. Elle a peur, si peur pour cette gamine, et elle craint de ne pas être à la hauteur de cette tâche qui lui est imposée.

Il faut dire qu'elle n'a déjà pas l'habitude de prendre vraiment soin d'elle, alors comment s'occuper correctement d'une petite fille de 7 ans ?

« Elle a besoin de moi. » se dit-elle.

Soudain, Suzan tourne sa tête et regarde la jeune femme. Ses jolis cheveux blonds lui tombent sur les épaules.
Son sourire exprime une grande innocence, mais aussi un véritable sentiment de tendresse. Elle possède aussi de beaux yeux, des yeux ronds d'un bleu si profond que Mary croit y voir la mer.

Son visage est si doux, si avenant, que la jeune femme en est presque déstabilisée. Elle pourrait passer des heures à contempler cette fillette, sans rien dire, tout en essayant de percevoir en elle ces petites choses qu'elle cache, involontairement, comme divers secrets.

« Viens me voir. »

Suzan s'approche en silence.

Mary s'assoit en tailleur afin de se mettre au même niveau que l'enfant.

« Il y a une chose que tu dois savoir, Suzan. » poursuit la jeune anglaise.

« Quoi ? »

Elle lui attrape les deux mains avant de poursuivre :

« Le monde est rempli de dangers. Je pense que tu le sais, maintenant. Il y a des centaines de choses sur cette planète qui pourraient te blesser, te faire du mal de différentes manières. Comme cet homme, cet homme terrifiant qui ne sème que la peur. Et je ne serai pas capable de te protéger de ces dangers. D'ailleurs, je ne pense pas être assez forte pour affronter cet homme en face. Après tout, je ne suis pas Wonder Woman, je n'ai pas de pouvoirs, ni de dons. Je suis juste Mary. Tu comprends ce que je dis ? »