Comme si c'était hier [en cours d'écriture + correction]

9.

La peur... Qu'est-ce que cela signifie réellement, au fond, avoir peur ?

Mary se pose la question...

Pour elle, il s'agit de chaînes attachées à ses chevilles. Des chaînes qui semblent être là depuis le début de toute cette affaire. Mais ces chaînes sont lourdes, si lourdes que la jeune anglaise peine à les transporter.

En réalité, la peur que Mary éprouve grandit au fur et à mesure.
La jeune femme se sent de plus en plus affaiblie, comme si l'air qu'elle respire se raréfie progressivement.

Malgré tout, elle est obligée d'emmener ces chaînes avec elle. Et cela, peu importe où elle va. Elles lui tiennent involontairement compagnie...

Mais Mary possède néanmoins la volonté. Une volonté s'alliant au courage qui la soutient et qui, à chaque instant, lui donne la force nécessaire afin de garder l'envie de vivre.

Elle se souvient brusquement de sa mère, qui lui répétait souvent :

« Être libraire, c'est difficile. »

Un jour, Mary s'était rendue compte que les ventes de livres diminuaient et avait dit à cette dernière :

« Tu avais raison, au final. Je me suis engagée dans un métier qui me dépasse. Je n'arriverai jamais à être une libraire digne de ce nom. Je crois avoir fait une énorme erreur en reprenant la librairie. Toi, tu es une libraire hors-pair. Pas moi. J'aimerai être comme toi, tu sais. Mais je n'y parviens pas. En fait, je crois que ce métier n'est juste pas fait pour moi, c'est tout. Je ne suis pas faite pour ça... »

Sa mère lui avait alors répondu :

« Ce métier est fait pour toi, Mary, ne dis pas le contraire. Tu ne dois pas t'apitoyer sur ton sort. Tu crois que moi, à ton âge, j'étais la meilleure libraire du monde ? Loin de là, ma fille, loin de là. Je n'y arrivais pas non plus. Je m'étais également dit que je devais cesser d'exercer ce job et faire autre chose. Pourtant, je n'ai pas abandonné. J'ai fait tout ce que j'ai pu pour que la librairie tienne debout. Il s'agit de la librairie que ma mère m'a transmise. Et aujourd'hui, c'est toi qui en est la gérante. Tu sais, les gens achètent davantage leurs livres sur internet, de nos jours. La technologie surpasse le papier, c'est comme ça. Les gens sont de moins en moins nombreux à poser le pied dans un endroit rempli de livres. Tu dois réussir à convaincre le client, lui faire comprendre que lire est une chose importante, et que la technologie ne pourra jamais remplacer un vrai bouquin. N'abandonne pas. Ce job, il te correspond. Je crois en toi, Mary. Je crois toujours en toi. »

Mary revoit le visage de sa mère, celle qui l'a mise au monde, qui l'a vue grandir.

La jolie brune a toujours considéré sa mère comme étant une personne à part. Elle aimerait lui ressembler. Elle voudrait être aussi forte qu'elle...

Le fait de penser à sa mère amène involontairement son esprit à s'interroger sur l'identité de l'homme.

« Qu'est-ce qui peut pousser une personne à agir ainsi ? Il y a forcément une raison. Après tout, on ne se lève pas un matin en ayant pour objectif d'anéantir la planète. Ce genre de trucs, ça n'arrive que dans les livres... »

Elle cesse de parler.
La voilà, la réponse.
L'indice primordial.

« Mais qu'est-ce que je suis bête ! » s'écrie-t-elle.

Elle contemple le bouquin qu'elle a trouvé précédemment.

« Qu'est-ce qui se passe ? » demande Suzan.

« La réponse se trouve dans ce livre. J'en suis certaine. On a déjà trouvé la photo, mais on a même pas pensé à lire ne serait-ce qu'une page entière ! »