Chapitre 38: Le syndrome de Lazare

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- Elle étaittrès jeune, commenta Luna, pensive. J'espère au moins que tu n'aspas changé du jour au lendemain.

- Non, on nechange pas comme ça.

- Pourtanttu as rejeté cet homme (elle n'a jamais évoqué son nom) à caused'une seul bourde alors que tu semblais l'apprécier.

- Ça, cen'est pas pareille, rétorqua-t-elle. Il n'était qu'un homme depassage alors que Siréna était la chaire de ma chaire et le sangde mon sang. Je l'ai porté pendant neuf mois et fait mon possiblepour changer un peu mon comportement froid et asociale. Les enfantsque je soignais me remerciait toujours de mes soins avec unecertaine peur dans le regard. Je ne voulais pas que mon enfant meregarde de cette manière. Mais plus elle grandissait, plus...

- Plus elleressemblait à son père?

Elle ne sut si elle devait la blâmer pour lui avoir coupé la parole ou laisser couler. La jeune fille le vit à son regard et s'excusa après avoir déglutit.

- C'est ça,elle avait le sourire de son père et je ne pouvais plus supporterde le voir.

- Tu asessayé, c'est l'essentiel. Si tu lui en parles, elle comprendra.

Séira secoua la tête. Après ce moment paisible à parler du passé, elle devait retourner au présent.

- Grand-mère,pourquoi est-ce que tu ne veux pas?

- Luna.

Elle la regarda avec sérieux et une sorte de compassion en posant sa main sur le visage de sa petite-fille.

- Grand-mère...qu'est-ce qu'il y a?

Elle regarda sa montre.

- Il y aquatre heures, Siréna a refait un arrêt cardiaque. Moi et ceuxprésent avons tout fait pour la sauver mais nous n'avons pasréussi. Elle est morte il y a quatre heures dans sa chambre, jesuis désolée.

Elle avait à peine dit sa première phrase que Luna avait comprit sans l'accepter. Elle n'écouta pas la fin de son explication et des larmes dévalèrent ses joues.

- Pourquoiest-ce que tu ne me l'as pas dit avant?

- Parce quej'avais l'espoir que ton père, (le mot sortit difficilement de sabouche) ayant beaucoup plus de tact que moi, se chargerait de te ledire. Je sais que je suis froide et que pour tout autre patient etfamille j'aurais su le faire correctement. Mais là...

Elle ne put finir que Luna la prit dans ses bras en pleurant. Séira resta pétrifiée devant ce rapprochement. Elle ne supportait pas le contacte avec d'autres humain. Mais, puisqu'il s'agissait de sa petite-fille, elle prit sur elle de se souvenir la douleur que cela faisait de perdre sa mère et la serra dans ses bras en retour.

- Luna, tudevrais aller la voir avant que son corps ne soit emmené à lamorgue.

- Je peuxpas, pleura-t-elle. Je veux pas.

- Si tu n'yvas pas, tu vas le regretter, affirma-t-elle.

Elle l'aida à se lever et l'incita à avancer. Sans cesser de la soutenir pour qu'elle pose un pied devant l'autre, elle l'emmena jusque dans l'hôpital. Dans ce dernier, la nouvelle s'était déjà répandue. Tout le personnel était en larme et regardait Luna avec compassion.

Sans Séira, elle n'aurait jamais put parvenir jusqu'à la chambre de sa mère. Elle n'avait jamais vu son père pleurer autant qu'à ce moment.

- Papa...

- Laisse-lepleurer en paix, lui dit sa grand-mère.

- Mais...

- Je n'aipas dit que tu ne pouvais pas te joindre à lui.

Siréna WhiteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant