Texte 9

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⬆Musique⬆

Et encore un mot de plus.
Une phrase de plus.
Un geste de plus qui me fait tomber encore plus bas que le précédent.
Mais ne t'inquiète pas,
tout va bien.
Tout va toujours bien.
J'apprends de jour en jour à connaître tes points faibles, à éclairer ces zones d'ombres qui peuvent te faire vaciller, tomber, te faire déposer les armes. Échec et maths et je reprend le dessus. Je ne suis pas aussi forte que toi dans l'art de l'éloquence, mais j'apprends à le devenir.
Disciple de mon propre inconscient.
Je te sens faiblir, tressaillir sous mes dires tranchants comme des lames de rasoir.
Roi détrôné lors d'une bataille.
Et tu tombes comme j'ai pu tomber.
Te perdant dans les limbes de mon âme. A présent, tu me hais autant que je t'ai aimé. Le mot "haine" n'étant même plus approprié, même plus assez fort, pour décrire se que tu ressens.
La roue tourne mon cher.
J'aime voir ton affolement, face à ma folie destructrice.
Voir ton regard me sonder, pour prêcher le vrai du faux dans mes vers.
Voir tout ton corps se crisper, sous mes doigts effleurant ta peau frêle.
Mais tu persistes.
Tu essayes de voir du bien en moi.
Et alors je te pousse de cette maudite falaise au gouffre béant.
Tu t'accroches, mais les blessures que je porte par ta faute ont été si profondes, que je ne vois même plus la détresse qui t'accables.
Et les secondes passent,
les jours passent,
les mois passent et nous nous rapprochons de plus en plus de notre inéluctable destin. Un beau voyage finit toujours par la rencontre des deux amants, m'a t-on dit. Mais si toi et moi sonne comme un échec, ce voyage est t-il vraiment propice ?
Nous connaissons tous deux la réponse, mais nous persistons dans notre erreur.
Fintant aimer le mal que l'on s'inflige mutuellement.
Tenant l'un à l'autre, comme tient un navigateur à sa boussole.
Perdu sans elle,
inutile sans lui.
Telle la lune et le soleil,
si proche,
mais si différent...
Docteur ? Le problème est dans notre poitrine. Nos coeurs fonctionnent mais nous ne respirons pas. Nous nous sommes détruit, réduit en poussière. Gisant sur le sol comme deux cadavres. Pâles.
Livides.
Ne serait-ce pas ça l'amour en fin de compte ?
Tout du moins...
Notre amour ?
Se détruire pour mieux régner.
Se haïr pour mieux s'aimer.

WistfulOù les histoires vivent. Découvrez maintenant