Le Bon Samaritain

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Deux jours.

Deux jours que je suis en cavale.

Je ne fuyais pas uniquement la police, je fuyais également la Congrégation des Regrets.

C'est comme ça que j'ai découvert que s'appelle ceux qui me traquent. Une affaire compliquée, impliquant beaucoup de filature et beaucoup de discrétion.

Je n'avais pas communiqué avec ma mère. Je m'étais établi un campement dans le grenier de la maison d'en face, demeure secondaire d'une richarde.

De là je la surveillais.

Des policiers vinrent la voir, deux hommes également.

Des chasseurs, évidemment.

Je vis également passer Uriel. Très nerveux.

J'avais peur de ce qu'elle pouvait penser de moi. Je m'étais dit qu'elle allait les ignorer, ne pas les croire, mais je l'avais vu pleurer.

J'ai 7 appels en absence de sa part.

Le troisième jour je fus réveillé par des bruits devant chez "moi".

Me levant, je m'approchai de la fenêtre et avisai quatre hommes. Ils parlaient à voix basses, mais l'un d'entre eux semblait furieux et haussait le ton. Le mot "purgatoire" me parvint. Leur identité ne fit alors plus aucun doute : des chasseurs de la Congrégation.

Je descendis discrètement les escaliers et accroupi m'avançai vers la porte d'entrée. Leurs voix me parvinrent, distinctes :

-...impossible ! Celui-là est bien trop important, on ne peut pas le laisser filer !

-Réfléchis un peu Rory ! Il est intelligent, il ne viendra pas...répondit un autre.

-Oui enfin, intelligent, ça reste à voir...ricana une tierce personne.

-JE REFUSE !

-Calme toi Rory...

Cette voix était celle d'Uriel, j'en étais presque convaincu.

-...on va s'en occuper et toi tu reste là d'accord ?

-Que...seul ?

-T'as peur ? ricana quelqu'un.

-On sera vite de retour, le rassura Uriel, cet Hôte est faible, on en terminera vite avec lui...

-Euh...Bon d'accord...dit Rory.

-À la bonne heure ! s'exclama le ricanant. On va buter du monstre !

-'Suffit Pierre, rectifia sévèrement Uriel. Ce n'est pas un jeu. On y va.

Les voix s'éloignèrent.

Mon sang bouillait dans mes veines. Ces...cinglés allait tuer quelqu'un ? Je devais les en empêcher. Ne serait-ce en l'honneur de ma mère, pour lui prouver que je n'étais pas un monstre.

Et pour me le prouver à moi-même.

Je guettai par la lucarne le dénommé Rory, un grand gaillard aussi large d'épaules que laid. Il se mit dos à la porte, puis approcha de la maison de ma mère d'un pas décidé en jetant des regards alertes aux alentours. Les autres s'éloignaient, je n'avais pas le temps d'hésiter, mais cet homme était un problème.

Je fis le tour de la maison et sortis par la porte du jardin. J'escaladai ensuite la clôture et rasai les petits murets de pierre, dissimulé par quelques brouissailles. Lorsque Rory se tourna vers moi, je m'accroupis et restai caché derrière un buisson, le coeur battant, en une position assez pitoyable. Le grand gaillard détourna les yeux et je pus continuer mon chemin, suivant de loin des autres chasseurs.

Le Diable au Cœur - 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant