Au commencement

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Il était plongé dans une mare de sang. Le liquide écarlate coulait de sa plaie, un trou béant dans la poitrine. Dans le froid de décembre, son cadavre refroidissant fumait. Ses yeux vides fixaient le néant qui l'avait accueilli.

Un homme était mort.

Et moi, j'étais près de lui.

Mes mains étaient rouges. La chaleur de la vie d'un autre réchauffait mon corps gelé par le froid de l'hiver.

Quelle ironie.

J'aurais dû être attristé, effrayé. J'étais devant le corps d'un inconnu, je ne savais pas pourquoi ni comment.

Mais je ne ressentais rien.

Peut-être l'avais-je tué. Je n'en gardais aucun souvenirs, autres que moi entrant dans cette ruelle. Mais, si je l'avais tué, j'aurais dû ressentir quelque chose. De la joie. Du plaisir. De la haine. Du dégoût.

Mais je ne ressentais rien.

Je me pris le visage dans les mains. Je respirai un grand coup, sentis l'odeur âcre, métallique du sang. Comme la viande crue. Mais ce n'était pas de la viande. C'était un être humain, avec un cœur et une âme.

Un cœur.

Une âme.

En étais-je dénué ? C'est ce que dit mon père. Après m'avoir battu. Mais je sais que je ne suis pas un monstre. Mais si j'ai tué...

...En serais-je devenu un ?

Je me levai, haletant, le cœur au bord des lèvres. Pas pour l'homme, malheureusement, mais pour moi.

Je ne voulais pas lui faire du mal. Étais-je réellement le Mal comme me disait les autres ? Étais-ce pour cela que je me souciais guère de ce meurtre ?

J'avais peur. Le regard vide de l'homme me reflétait, moi, le démon, le monstre, probablement le tueur.

"Mon Dieu..." lâchai-je.

Que Nenni.

Le Diable au Cœur - 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant