café crème

Chapitre 3

A force de ruminer, la faim a fini par arriver. Je fais mon possible pour ne pas penser aux deux imbéciles qui me servent d'amis. Ne pas penser que cet idiot de Robert va se laissé retourner le cerveau et niquer sa relation avec une fille qui semble saine de corps et d'esprit ( fait rare pour le noter parce que les ex de John vraiment c'etait pas possible.. ) pour une partie de cul qui ne mènera nulle part. Au fond, je me demande si mon ami est aussi serieux qu'il le dit avec sa copine. Quatre ans qu'il fréquente la même personne et nous ne l'avons vu qu'une seule fois entre deux portes. Elle sortait de son appartement alors que Tissia et moi débarquions à l'improviste il y a trois ans déjà. Depuis, il évoque parfois sa relation de façon évasive quand on lui force la main. Si bien que nous somme presque tombé de nos chaises il y a un an quand il s'est mit a parler bébé  et vie commune. Tissia a fait une drôle de tête avant de quitter le restaurant sans un mot. Ce jour là j'ai compris a quel point la relation entre Robert et Tissia me dépassait.

" Je crois qu'elle va me faire la gueule pendant un moment. Le problème avec Tiss c'est qu'elle ne veut pas grandir. Elle comprends pas que parfois l'amour ne suffit pas.

-Tu dois lui laissé du temps. Tu la connais aussi bien que moi. Je ne veux pas entrer dans votre histoire ni prendre partie mais tu dois penser à toi et ce qui te rendra heureux John. Si ta vie de couple avec la femme mystère te comble alors fonce je te soutiens à 200%

Il m'a fixé droit dans les yeux pendant un petit moment la mine grave puis il a soupiré avant de se remettre à sourire.

-Là maintenant je me sens heureux alors je crois que vais suivre ton conseil et avancer. Tissia sera bien obligé d'accepter.

Dans sa voix j'ai senti la peine et le désespoir malgré son sourire. Robert a toujours été un mystère pour moi. Secrètement je l'admirais et l'admire toujours. J'aurais aimé avoir son physique ça c'est un fait mais surtout ce que j'aime chez ce type c'est son assurance et sa fidélité. Il est prêt a tout pour Tissia. Pour elle il a perdu six mois de sa vie à me suivre et me protéger sans rien attendre en retour.

Je souffle un bon coup avant de pousser la porte du petit café parisien. La colère n'est pas retombé. La douleur non plus. Face à ma salade césar il y a une heure, je n'ai pas cessé de penser à mes amis en train de s'envoyer en l'air. J'ai imaginé la douleur de Pauline la presque fiancé de Johnny quand il lui dirait la vérité. Je sais qu'il sera honnête avec elle. C'est la plus grande qualité et le plus grand défaut de ce grand con : Pas de mensonges en couple. Bêtise!!  Toute ma vie se casse la gueule et je suis spectateur. Les fondation se fissure à vitesse grand V, dans peu de temps, le toit  va me tomber sur la tête.
"allé Tristan soit un gentleman et va honorer ton RDV foireux".
         A l'intérieur, il règne une atmosphère cocooning. L'odeur du café me donne légèrement la nausée mais le faible niveau d'éclairage et le léger brouhaha m'apaise. Je jete un regard circulaire dans la pièce à la recherche d'une brune avec un pull jaune sans resultat. Un coup d'oeil à ma montre m'apprend pourtant que je suis pile a l'heure. Je déteste les retardataires mais je m'installe tout de même à une table de deux. En attendant le serveur je ferme les yeux un instant. Inspirer par le nez, expirer par la bouche. Je me force a reprendre contenance. Erika ne sera pas la femme de ma vie mais elle mérite le respect. Je n'ai pas le droit de lui faire subir ma colère et ma mauvaise humeur.
"excusez-moi?
La voix grave et bourru me tire brutalement de ma méditation.
Bordel de connard de merde! C'est quel genre de serveur ça encore? Il pouvait pas attendre trente seconde que je revienne volontairement dans ce monde de merde? J'avais juste besoin d'une minute dans mon paradis intérieur. C'est trop demandé une minute? J'ouvre lentement les yeux en soufflant d'agacement les poings serrés sous la table. Avant de tourner la tête vers l'intrus je compose mon visage de méchant parisien dédaigneux (appris dans le métro) mais il disparaît bien vite. Le type devant moi n'est pas le serveur. Pas de tablier, pas de petit carnet de commande, rien de rien puisqu'il a les mains dans les poches. Je fronce les sourcil en devisageant le brun qui me fait face.
-Vous êtes bien Tristan?
Quel bordel encore? comment ce type bizarre connait-il mon nom? Mon cerveau malade se met en route. Erika est en fait Erik un sociopathe qui cache un couteau dans sa poche et va me trancher la carotide dans ce café que je trouve maintenant austère. Une sueur froide me herisse les poils.
Sans me demander mon avis, je jeune homme s'assoit et fait signe au serveur.
"Je t'en prit espèce de malade, assied toi tranquillement pour prendre un café avant de me trancher la gorge" pensé-je outré par si peu de savoir vivre. Il ne c'est même pas présenté cet imbécile. Je regrette de ne pas savoir faire le bruit de bouche si violent que Tissia réserve aux grande occasions..

-excusez-moi jeune homme mais qui êtes vous? Parce que moi je suis censé prendre un café avec une certaine Erika pas un Eric dis-je calmement en le fixant un point derrière lui.

Ces yeux me mettent mal à l'aise. Ils ne sont pas spécialement beau ou je ne sais quoi, juste effrayant. Il a l'air de me juger. Est-ce que cet homme est en fait un cannibale? J'ai lu un article sur un Canadien qui adorait manger ses victimes il y a peu et je crois que cette histoire a aggravé mes angoisses concernant les inconnus.

-Je m'appelle Paul, dit-il en me tendant la main par dessus la table.

Je plisse les yeux en fixant ses grand doigts soigné. Pas de sang ou de terre sous les ongles: premier bon point.
A contre coeur, ma paume se colle a la sienne pour une poignet de main bien plus ferme que je l'aurais pensé.
A première vu Paul n'a rien de charismatique. Il n'est pas specialement beau non plus. A côté de Johnny il ferait pâle figure me mis-je à penser. Je laisse planer le silence en attendant qu'il s'explique sauf que le serveur arrive au même moment. Je n'écoute pas la commande et profite de son inattention pour mémoriser son visage. Si il decide de m'agresser en sortant d'ici je dois être capable de dresser un portrait robot!
Bronzage parfait, visage angélique ? non pas assez précis.  On recommence: Type méditerranéen  mâchoire carré , peau éclatante sans imperfection. Ses yeux que trouvais flippant au premier abord son en fait d'un vert sombre profond. D'ailleurs une fossette se dessine sur sa joue gauche quand il souris. Son nez tire légèrement sur la droite comme si il avait été cassé dans une vie antérieur.
Concernant sa bouche alors là Tissia serait jalouse. Des lèvres pleine et ourlees a faire pâlir n'importe qui. Pas de grain de beauté ou de tatouage a première vue. Signe distinctif zéro. Coupe de cheveux...bah..comment dire ça poliment? Inexistante. Sa tignasse est un foutoir sans nom. Une masse brune en pleine santé qui lui retombe parfois sur les yeux.

-Ta façon de me fixer commence à me faire un peu peur Tristan, s'amuse t-il.

Je constate avec effroi que le serveur n'est plus là et que deux tasse trône déjà sur la table. Je rougis de honte. Depuis combien de temps est-ce que je le détaille? Un certain temps puisque le serveur a eu le temps de prendre sa commande, de la préparer et de nous la servir.

-Désolé tenté-je penaud, j'etais perdu dans mes pensées.
-Tu etais partis très loin. Je t'ai demandé plusieurs fois ce que tu voulais boire mais tu n'as rien répondu alors je t'ai prit un café crème.

Je déteste le café. Je n'ose pas le lui faire remarquertant je me sens con et boit sans un mot. Où est Erika bordel de merde! La phrase me brûle la langue.

-Écoute je suis désolé de débarquer comme ça mais quand ma soeur m'a montré ta photo je me suis dit que c'était un signe du destin.

Inconsciemment je me crispe et m'enfonce dans ma chaise en serrant les dents. Je savais que je n'aurais pas dû me laissé embarquer dans cette histoire de site de rencontre.

-Tu me drague? Je comprends pas là.  Je devais rencontrer ta soeur parce que je suis hétéro. Je sais pas ce que ta soeur et toi pensiez quand vous avez décidé d'échanger vos place mais je ne suis pas intéressé.
Sur les nerfs, je commence à me lever en attrapant les bords de la table mais sa main se pose sur la mienne.

-Tu n'y es pas Tristan. Je ne suis pas en train de te draguer. Assied toi s'il te plaît.

- Non! désolé mais c'est non dis-je en dégageant ma main violemment. Je n'aime pas du tout cette situation. Je déteste me sentir manipuler. Toi et ta soeur vous m'avez prit pour un con. T'as l'air d'un mec sympa mais très peu pour moi.

Franchement c'est quoi cette histoire? Le sort s'acharne ou quoi? Je connais pas ce type, il sort de dieu sait où avec son histoire à dormir debout et il voudrait que je reste sagement assis à me faire baratiner? Serieusement c'est la blague du siecle. Cette journée est un cauchemard.

-Je voudrais te parler de Robert dit-il si bas que je suis obligé de revenir sur mes pas pour le faire répéter.

-Robert?

-Robert Livier. Nous avons un ami en commun et il etait temps pour moi de forcer le destin.

Las, je me laisse retomber sur la chaise qui me portait quelques seconde plutôt en sentant venir une migraine. Pourquoi a-t-il fallut que j'ai des amis si compliqué?