Charlie

Chapitre 25

Un peu plus de trois semaines se sont passées depuis mon « coming-out ». Je suis parti en vacances avec ma famille et je reviens enfin. J'avoue que c'était les meilleures vacances de toute ma vie, je me suis bien entendu avec tout le monde. J'ai remarqué qu'ils ont tous fait des efforts pour moi et j'en ai fait moi aussi en essayant d'être un peu plus souriant et sociable. Chose qui n'a pas été facile des deux côtés mais on s'en est pas mal sorti. Ce soir je serai de retour chez moi et j'irai directement chez Lou. Mes trois inséparables me manquent terriblement.

J'ai du mal à me dire que dans quatre jours c'est la rentrée. J'ai l'impression que la fin de la seconde était à peine il y a deux semaines. Il s'est passé pas mal de choses, c'est vrai, mais en même temps je n'ai pas le sentiment d'en avoir profité à fond.

Lucas et moi nous reparlons par message et je suis content de voir que notre amitié a repris là où nous l'avions interrompu. Je ne regrette pas ce que nous avons eu tout les deux mais nous sommes probablement faits que pour n'être que des amis. Je n'étais pas réellement amoureux de lui et lui ne l'était pas de moi. C'est mieux de s'en être rendu compte maintenant.

Dès que la voiture se gare devant ma maison, je bondis et cours vers celle de Léa. Je n'ai pas besoin de sonner qu'ils m'attendent déjà sur le perron. Lou me bondis dessus puis je fais une rapide accolade à Nathan avant de me tourner vers Lucas qui me fait un sourire timide avant de me prendre dans ses bras. J'ai un instant d'hésitation avant de le serrer à mon tour dans mes bras. Parler pendant trois semaines par messages et se voir en vrai n'est pas la même chose alors oui ça me fait un peu bizarre. Il y a encore un mois et demi nous étions un petit couple... Attendez quoi ? Un mois et demi ! Wouah... Pourquoi le temps passe-t-il aussi vite ?

Lou nous fait rentrer et nous nous installons autour de la table basse dans son salon. J'observe bien chacun de leur mouvement pour pouvoir encore m'en souvenir dans une éternité. Lou est très joyeuse et je remarque que sa relation avec Nathan est encore plus évidente qu'avant. Ils sont vraiment choux ensemble c'est fou.

Lucas capte mon regard et je retourne quelques mois en arrière à la soirée durant laquelle je l'ai embrassé pour la première fois. Soirée à laquelle nous avions pisté un rapprochement entre les deux jeunes gens. Soirée qui a entraîné tellement de conséquences.

Peut-être que je serais toujours le même pauvre mec qui ne sait pas ce qu'il veut sans cette soirée. Je ne saurais pas sorti avec Lucas. Je ne me serais probablement pas rendu compte de mon orientation sexuelle. Et je n'aurais pas fait mon coming-out. Comme quoi un stupide jeu peut entraîner tellement de conséquences derrière lui.

Je suis heureux d'avoir accepté le défi d'embrasser Lucas cette soirée-là. Je suis heureux parce que je pense que ça m'a changé. Et peut-être que je marche pour une fois sur le bon chemin vers le bonheur.

Pas d'alcool, pas de défis et pas de conneries aujourd'hui. Juste nous quatre et pleins d'histoires à se raconter. Je crois ne pas avoir autant ris depuis un mois. J'imagine que ça a un rapport avec mes réconciliations avec Lucas. Sans oublier mes retrouvailles avec mes meilleurs amis. C'est tellement indescriptible comment ils arrivent à me rendre heureux en quelques échanges de mots.

Nous regagnons vers 3 heures du matin nos lits après la narration de chaque événement que j'avais manqué ou qu'eux avaient manqué.

Lou et Nathan se dirigent dans la chambre de Lou tandis que nous allons dans la chambre d'amis. En fait il y en a deux mais je ne me vois pas lui dire que je ne veux pas dormir dans la même chambre que lui. Surtout que ce n'est pas le cas. On est amis maintenant, il n'y a de malaise ou d'ambiguïté. On avait déjà dormi ensemble avant que l'on sorte ensemble alors qu'est-ce que ça change ?

Il se met du côté droit comme d'habitude et je me glisse sous les draps à quelques centimètres de lui.

- J'espère que tu arriveras à te faire simplement des amis dans ta classe.

Je tourne ma tête vers lui. La pénombre m'empêche de voir l'expression de son visage mais je l'imagine très sérieux. Je lui réponds :

- J'espère que vous serez tous les trois dans la même classe. C'est dommage que vous soyez aussi nuls en sciences.

J'aperçois un sourire en coin du son visage et il continue :

- Tu sais que je pourrais m'en sortir en S pas vrai ? Celle qui a vraiment une hantise des sciences c'est Lou sans hésitations !

- C'est une L dans l'âme.

Il hoche la tête avidement et un rire s'échappe de ses lèvres.

- Quoi encore ? je lui demande.

- Je repensais au jour où tu as appris qu'on allé tous les trois en L. Ce soir là t'as beaucoup trop bu et t'as fini torse nu sur la route à crier nos noms en disant qu'on était méchants.

- Vous êtes méchants ! De toute manière je ne me souviens pas de cette soirée-là... C'est trop flou dans ma tête.

Il pouffe de rire et je lui tape l'épaule. Je le taquine :

- Tu vois que tu es méchant.

Il tourne soudainement sa tête vers moi et je rougis en percevant l'intensité de ses yeux.

- Ne me lance pas sur cette voie Roméo. A moins que tu ne veuilles que je te montre à quel point je peux être méchant ?

Un sourire narquois se dessine sur ses lèvres et je déglutis. Est-ce qu'il sous-entend quelque chose là ? Je frémis et hoche la tête négativement.

- Ah oui ? Dans mes souvenirs tu étais un peu plus téméraire...

- Dans tes souvenirs tu ne m'avais pas encore plaqué Lucas.

L'animosité dans ma voix me surprend moi-même. Non je ne lui en veux pas mais tout ça aurait peut-être pu mieux se finir nan ?

- A ce propos...

- Nan laisse je ne veux pas en entendre parler Lucas.

Ses yeux recherchent les miens et je me remets sur le dos et dis :

- Bonne nuit Lucas.

- Bonne nuit Sweetie.

Je grimace, ce surnom date d'il y a tellement de temps. Sans que je m'y attende il passe un bras sur mes épaules et me ramène à lui pour nicher sa tête dans mon cou.

- Laisse-moi une nuit comme ça.

J'acquiesce sans essayer de me demander ce que ça signifie pour lui. Ce n'est que dormir après tout...

Juste une nuit c'est tout.

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- A