Chapitre 12

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(Roméo en multimédia)

Mes parents sont déjà rentrés lorsque nous rentrons de l'hôpital. On leur dit bonjour et nous nous évadons à l'étage dans ma chambre. Je ferme la porte.

- J'aime bien ta famille, m'annonce Lucas avec un petit sourire.

Je le regarde, songeur.

- J'ai du mal à l'aimer aussi des fois. Enfin oui je les aime mais je n'ai pas totalement l'impression d'en faire partie. C'est comme si j'étais un spectateur de leur vie sans que j'en fasse réellement parti.

Je m'assois sur mon lit. Lucas fronce les sourcils et marmonne :

- Je ne pensais pas que tu pensais ça.

- Parce que je ne te l'ai pas dit. Je ne l'ai jamais dit à personne.

- Tu devrais. Tu gardes trop de trucs pour toi. Peut-être que tu pourrais en parler à Lucie ? Ou Mike ?

- Nan ils ne peuvent pas comprendre. Ils sont les petits protégés de la famille, ils ne voient pas la place que j'ai là-dedans. Tu as bien vu mardi ; mes parents croient toujours que tout est de ma faute, alors pourquoi ça aussi ça ne le serait pas ? Oui bien sûr j'ai entrainé Lucie dans des affaires sales et elle s'est fait tabassée ! Pourquoi pas ?

- Roméo... Tu...

Je le coupe :

- Tout ce que je veux dire c'est que depuis que je suis très jeune j'ai ce rôle du frère et du fils qui ne fait que des bêtises. On me met toutes les fautes dessus et j'ai toujours accepté ce rôle. Ma sœur une fois a renversé le vase de notre grand-mère et j'ai bien vu qu'elle était terrifiée alors lorsqu'on m'a accusé je n'ai pas contredit et j'ai continué comme ça. Le fait est que cette place qu'on m'a donné dans la famille arrange tout le monde sans qu'ils ne s'en rendent compte.

- Roméo... Tu ne devrais pas accepter cette situation. Tu devrais dire ce que tu penses.

Je mets ma tête dans mes mains et Lucas s'accroupie devant moi.

- C'est devenu tellement simple de rester impassible, je marmonne.

- Je sais, crois-moi je sais mais un jour il faudra que tu dises ce que tu penses. Peut-être pas aujourd'hui ni cette année mais un jour ça devra sortir.

J'acquiesce et il me prend dans ses bras. Je voudrais ne jamais partir de là. Il est le seul au courant de ça, le seul à qui j'ai pu me confier et je me sens soudain bien plus proche de lui.

- Les garçons !

Le dîner. Lucas se détache de moi et je respire un bon coup avant de descendre les escaliers.

Des fois j'ai l'impression que tout les actes de ma famille sont déjà écrits, ils se répètent tous chaque jour. J'ai toujours observé avec beaucoup d'attention ces quatre personnes qui la forment. C'est comme s'ils étaient tous fait pour être là et pas moi. Des fois j'ai juste l'impression d'avoir été placé là pour faire la biographie de cette famille dont je ne fais pas partie. Leurs gestes sont coordonnés, habitués aux autres. Et moi, malgré toutes ces observations je ne comprends toujours pas le fonctionnement de tout ça. Je ne comprends pas qui ils sont. Je n'ai pas l'impression de vraiment les connaître et eux sont loin de me connaître. Il y a toujours eu un court d'eau entre nous qui s'élargit de jour en jour pour devenir une immense mer.

Le repas se fait dans le silence. Lucie aime bien démarrer les discussions d'habitude et Mike n'est pas là ce soir. Il dort chez Léa si j'ai bien compris... Les yeux de ma mère ne lâchent pas le visage de Lucas. Elle doit se dire qu'il s'est battu et le traiter intérieurement de tous les noms...

CharlieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant