Chapitre 9

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Allongé dans mon lit, je réfléchie. J'aimerais bien savoir comment j'en suis arrivé là... J'ai embrassé mon meilleur ami et ma sœur s'est fait agressée et se retrouve à l'hôpital. Je suis d'ailleurs allé lui rendre visite ce soir mais elle dormait. Je pense qu'elle a beaucoup de sommeil à rattraper, elle ne semble pas avoir dormi depuis un moment. Lucas quant à lui n'a pas répondu à mon message qui se résumait à un simple « Je suis désolé, je ne pensais pas te vexer. Il faut qu'on s'explique ». Oui j'aurais pu faire mieux je le sais mais c'est si compliqué en même temps. J'aurais voulu que tout se passe autrement. Que Lucie m'appelle plus tôt et que je n'ai jamais embrassé Lucas. Que dis-je ? Non. Je ne regrette pas de l'avoir embrassé. Pendant quelques secondes j'étais une autre personne. Un adolescent normal que les autres aiment, que ses parents aiment. J'étais la personne que tout le monde souhaite que je sois. J'étais entier, aimé.

Demain je retournerai voir Lucie, j'espère qu'elle sera réveillée et qu'on pourra discuter de toute cette histoire. J'espère qu'elle se confiera.

Demain j'irai aussi parler à Lucas, il le faut. Je dois lui expliquer qu'il se trompe. Tout ça comptait pour moi mais je ne peux pas continuer comme si c'était normal pour moi. Je n'aime pas les garçons. C'était juste sur le moment.

Il est minuit. Toute la maison est enfin calme et je peux réfléchir tranquillement. Je crois que je ne vais pas dormir beaucoup non plus cette nuit...

Je regarde mon téléphone pour voir si Lucas m'a répondu. Aucunes nouvelles. Tout d'un coup une photo de lui apparaît. Il m'appelle. Je reste bloqué deux secondes et décroche.

- Lucas ?

- Sweetie...

Il pleure, il tremble.

- Lucas qu'est-ce qu'il se passe ?

- Tu... Tu peux m'ouvrir ?

Il est devant chez moi.

- J'arrive.

Je raccroche et me dépêche d'aller lui ouvrir. Je n'ouvre pas la porte sur le Lucas que j'ai l'habitude de côtoyer mais sur un tout autre Lucas. Il est rempli d'ecchymose et il saigne au niveau de l'arcade, de son nez et de la lèvre inférieur. Il tremble, pleure. Ses larmes et le sang se mélangent pour former un état plutôt pitoyable.

- Je ne... Je ne pouvais pas rester...

Il s'avance vers moi et je le prends dans mes bras. Tout son poids se repose alors sur moi et je le sens peu à peu se détendre plus les minutes passent.

- Viens par là.

Je ferme la porte et l'entraîne vers la cuisine tout en faisant attention qu'il ne tombe pas. Je l'aide à s'assoir sur le comptoir et il plonge ses yeux dans les miens.

- Raconte-moi.

- Il... Il est rentré tard. Il avait encore trop bu Roméo...

Il parle de son père. Il lui est déjà arrivé deux ou trois fois de rentrer saoule chez lui et d'avoir non seulement saccagé la maison mais aussi battu son fils. Seuls Nathan, Lou et moi sommes au courant. Lucas nous a fait promettre de ne rien dire à personne et je croyais que tout ça était fini alors je n'ai rien fait.

- Je ne savais pas où aller d'autres... Je ne pouvais pas rester... Et puis je sais qu'il ne fera aucun mal à maman. Il me déteste.

Je pose ma main sur la sienne et exerce une petite pression.

- Pourquoi aujourd'hui ?

- Il s'est fait virer. Il a remis toute la faute sur moi. Je serais « la cause de son malheur ». Parce que je suis gay Roméo. Parce que je suis moi. Parce que je suis né. Je ne suis qu'une erreur.

CharlieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant