Chapitre 33

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L'homme aux belles boucles noires plonge sa main dans ma trousse et me pique ma souris. Je fronce les sourcils en voyant de nouveaux ces intrigantes inscriptions sur sa main et attrape par réflex sa main pour pouvoir les lire. Le rouge me monte aux yeux tandis que je me rends compte de mon acte et que je sens un frisson parcourir mon corps.

Lui semble tout d'abord étonné puis il me laisse observer sa main. Ce ne sont simplement que des phrases, des mots, des dessins. Tellement peu mais tellement significatif. Des phrases moroses, emprise de tristesse, de regret. Et dans toutes ces phrases je me retrouve là où peut-être des personnes n'auraient pas su comprendre la signification de toutes ces phrases... Il se sent seul, incompris et dieu sait que je connais quel est ce sentiment qui l'habite.

Il passe son autre main dans ses cheveux et je redresse mon visage vers lui. Il affiche un sourire en coin, irrésistible.

- Tu es plutôt mignon quand tu réfléchies.

Je souris, rougissant, et ne lui réponds pas.

- Et tu es encore plus mignon lorsque tu rougis Roméo.

Cette fois mon regard se fixe au sien et j'y vois de l'amusement. Il se moque de moi pour me mettre encore plus mal à l'aise. Et bizarrement ça me plaît. J'aime le fait qu'il cherche à me faire rire. Et à se rapprocher de moi en quelques sortes.

- T'es pas mal non plus Charlie.

- C'est vrai ça ?

- Bien sûr que oui, ne fais pas comme si tu ne le savais pas, tu en as carrément conscience.

Je baisse la tête et mon beau voisin relève mon menton d'une main.

- Je ne crois pas être beau Roméo. Mais toi, toi je te trouve beau. Et je ne parle pas que de la beauté extérieure. J'ai rarement vu des personnes comme toi. C'est comme si tu voulais constamment prouver quelque chose, que tu voulais prouver que tu appartiens au même monde que les autres, que tu es comme eux. Tu sais quoi ? Tu n'es pas comme eux et c'est ce qui m'intrigue chez toi, ce qui m'intéresse. Plus les jours passent et moins je trouve de différences entre nous deux.

Mes yeux s'écarquillent. Attendez, quoi ????

Mon cœur se ravive, il bat plus vite qu'il n'a jamais battu auparavant.

Comment peut-il voir tout ça en moi ? Alors qu'il ne me connaît que depuis à peine 2 petites semaines ?? C'est invraisemblable.

Ma famille n'a jamais pu comprendre ce besoin de vouloir paraître comme les autres. Je n'ai jamais voulu devoir expliquer ce que je ressens. Si seulement j'avais su l'exprimer peut-être que tout cela aurait été différent. Mais à quoi cela aurait servi si je n'avais pas pu rencontrer mes amis, si j'avais su aller vers tous les autres ?

- Tu ne m'aurais jamais prêté aucune attention.

Je me rends alors compte que j'ai dit tout cela tout haut et mets une main sur ma bouche, comme si cette action pouvait supprimer celle d'avant.

- Ne te cache pas Roméo, pas avec moi.

Ses deux mains se placent sur les côtés de mon visage et mon regard s'encre une fois de plus dans le sien. Je crois à cet instant n'avoir jamais été connecté de cette manière avec qui que ce soit. C'est comme si ses yeux étaient le reflet de son âme. Comme si à cet instant j'avais accès à toutes ses pensées et ses sentiments et que lui avait accès aux miens.

Nos cœurs battant à l'unisson, je m'approche sans crainte de ses lèvres et les collent aux miennes. Un exquis frisson me traverse tandis que mes mains s'agrippent à ses cheveux pour approfondir le baiser. Il me répond timidement tout d'abord puis se laisse faire.

Quelques secondes plus tard nos lèvres se décollent et nous reprenons notre souffle, nos fronts collés l'un à l'autre.

Il se détache rapidement de mon emprise et cache son visage dans ses mains, rougissant jusqu'à devenir aussi rouge qu'une tomate.

Je souris, il n'a pas autant d'assurances que je le pensais finalement. Il a raison, moi aussi je pense que plus les jours passent et plus je me trouve des points communs avec lui. Moi aussi au début avec Lucas j'étais absolument timide et réservé.

Je repense à ce que je viens de faire et rougis à mon tour. Je l'ai embrassé ! Oh mon dieu mais oh mon dieu !

Je souris, tout de même fière de moi. Je l'ai fait. J'ai osé le faire.

Charlie abaisse ses mains et nos yeux se reconnectent, envieux d'en savoir plus sur les sentiments et les pensées de l'autre. Je vois du coin de l'œil, les lèvres de Charlie frémir. Je reconnaîtrais l'émotion qui passe sur son visage entre milles.

Il a peur.

Et moi aussi.

J'ai peur de tout gâcher avec lui et de perdre tout ce qu'on avait réussi à construire même si ça paraît tellement peu.

- Tu devrais partir Roméo.

Il baisse les yeux et je reste impuissant face à sa réaction.

- Charlie...

- On se voit demain en cours, je te garde une place.

Un gigantesque feu d'artifice retentit en moi. Il ne veut pas m'éjecter de sa vie, c'est déjà ça de gagner.

Je sais à cet instant que je dois lui laisser le temps d'assimiler tout ça. Comme je l'ai fait quelques mois plus tôt.

Le temps finit toujours par éclaircir les idées. Et il en a terriblement besoin d'après ce que je vois dans ses yeux perdus.

Je pose une main sur son épaule puis pars en silence en refermant la porte derrière moi.

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- A

CharlieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant