Les chaînes de son passé / T1 - [BxB]

Incertitude

Mercredi 14 Septembre 2018, 00h34.

Pendant plusieurs minutes, Aaron répéta la même phrase, qui a chaque fois perçait le cœur d'Erwan. Le jeune professeur n'avait jamais été confronté à une telle situation, que devait-il lui dire ? Comment le rassurer et lui faire reprendre confiance alors qu'il était allongé sous lui en train de le supplier de le tuer ?

- Tue-moi... J't'en supplie... tue-moi...

Le corps du brun tremblait violemment, il hoquetait tentant d'être le plus silencieux possible. Erwan ne pouvait pas le laisser dans cet état et, réfléchissant aussi vite que son cerveau engourdit le lui permettait, il se dit qu'il devait tout d'abord l'amener dans un endroit au calme. Alors qu'il allait le prendre dans ses bras, il remarqua alors un détail qui lui avait échappé. Le brun tenait fermement dans sa main quelque chose. Lorsque Erwan tenta de le lui prendre, la réaction du brun fut immédiate et il gémit de plus belle.

Le jeune professeur, toujours à cheval sur son bas-ventre, l'empêchait de s'enfuir. Il ne pouvait plus attendre et laisser le jeune encore plus longtemps sur cette plage dans ce froid glacial. Ne lui laissant pas le choix il força le brun à libérer de sa main ruisselante, le fragment de coquillage couvert de son sang encore chaud.

- Rend le moi ! Vociféra le jeune en tapant du poing contre le torse de son professeur marquant son tee-shirt de traces foncées.

Erwan l'ignora, comprenant alors parfaitement la situation, Aaron n'avait pas été mutilé, il s'était mutilé, il avait tenté de se donner la mort ! D'un geste vif il jeta de toute ses forces l'arme mouchetée de rouge, suffisamment loin pour qu'elle soit hors de portée du brun.

Erwan devait calmer Aaron avant qu'il ne s'effondre. N'ayant pas vraiment le choix il opta pour une méthode un peu brute et bloqua les coups inefficaces du jeune en prenant ses poignets, le clouant littéralement au sol. Leurs deux visages se retrouvèrent alors à seulement quelques centimètres l'un de l'autre.

Erwan pouvait sentir sur sa peau le souffle chaud d'Aaron qui lâcha une longue plainte en sentant la poigne puissante de son professeur sur ses bras blessés. Il se débattit de plus belle, sans y parvenir. L'adulte se força à tenir bon, malgré les lamentations de son élève qui lui déchirait les oreilles. Erwan serra un peu plus sa prise, forçant le jeune à capituler dans un ultime soupir.

Le jeune professeur resta ainsi pendant de longue minutes, préférant être sûr que le brun ne tenterait plus rien. Lorsqu'il le relâcha enfin, le plus jeune ne bougeait plus, sanglotant silencieusement. Erwan se mordit les lèvres, l'état de son élève lui tordait les boyaux et lui donnant mal à l'estomac. Le jeune enseignant se releva doucement, sans faire de gestes brusques et épousseta le sable qui s'était accroché à ses vêtements. Il se tourna ensuite vers Aaron, toujours allongé par terre, des larmes silencieuse roulant sur ses joues. Le professeur se pencha pour attraper la veste du plus jeune qu'il secoua vivement. Il s'approcha ensuite de lui et s'accroupit à ses côtés. Il inspecta rapidement les bras de son élève et fût soulager de constater que les plaies n'étaient pas particulièrement profondes. Erwan hésita un moment puis se lança voyant le plus jeune se remettre à pleurer sans parvenir à s'arrêter. À son grand étonnement, Aaron ne se débattit même pas lorsqu'il le redressa et lui enfila sa veste.

Erwan passa un bras dans le dos du jeune et le second sous ses genoux pour le soulever doucement du sol. Le corps du brun était complètement gelé et l'enseignant se rendit compte à quel point il était faible. Le professeur enfila ses chaussures à l'aveugle et se dirigea vers la grève son paquet dans les bras. Le blond avançait dans les rues maintenant désertes, il était bien plus de minuit et l'homme frissonna en sentant le souffle glacé dans son dos. Il enfonça sa tête dans ses épaule et son regard se posa alors sur le visage à moitié endormis d'Aaron. La fine brise soulevant des mèches de sa toison d'ébène par intermittences le faisait frissonner encore plus.