25 Octobre 2012 : #jet'aicassé

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« Que c'est bon le changement.

En une chaude journée d'octobre, j'ai enfin pu remettre à sa place le cafard qui restait accroché à mes godasses depuis bien trop longtemps. Celui-là même qui m'avait tant insulté dans le passé, en particulier, durant mes cours de LV2 (Espagnol, pour ceux qui se demandent.)

Une fille de ma classe, dont je n'apprécie absolument pas la compagnie, m'a envoyé une remarque que, sur le moment, je n'ai pas su comment prendre.

— Tu ressembles vachement à Charlotte Gainsbourg, tu trouves pas Cynthia ?

Cette dernière, qui m'est encore moins sympathique, a bredouillé un : non, je vois pas.

Tu vas me demander le rapport avec le fameux garçon ? Eh bien, un débat s'est mis en place alors que le cours venait à peine de se terminer et ce dernier n'avait rien d'autre à foutre que de s'en mêler.

— Ahaha t'es moche ! a-t-il lancé, sans aucune originalité pour la centième fois depuis que je le connais.

Il faut savoir que j'en ai essayé des réponses à de telles répliques, et même le silence n'a jamais fonctionné.

Alors j'ai lâché prise.

Je me suis retournée vers lui, debout, et d'un geste gracieux j'ai joué avec ma chevelure en déclarant :

— Oh mon dieu, je suis siiii laideee, c'est horribleeee.

Imaginez une fausse blonde avec une voix stridente et ironique qui se palpe les joues et les hanches en même temps. Scène comique par excellence. Et là, il s'est passé quelque chose de magique. Ses potes se sont foutus de sa gueule et mes amies m'ont félicitée.

Bordel de cul, si j'avais su. Donc c'était ça le secret ultime pour qu'on me foute la paix avec mon physique ? L'humour ?

En tout cas, celui-là et ses copains du jour n'ont plus jamais osé m'insulter.

ABRACADABRA. »

Ugues a toujours aimé voler

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Ugues a toujours aimé voler. Une fois encore, il n'a pas pu s'empêcher de quitter quelques jours la ville du Sud pour rejoindre la montagne. Chaque matin, il se laisse happer par les courants d'air qui font respirer la ville endormie. La lumière apparaît petit à petit et fait grandir les ombres sur les façades des immeubles. Plus bas dans la rue, des cheveux blonds font rayonner la lumière, tandis que plus loin une voiture aveugle un maître et son chien.

Mais de là-haut, la ville reprend vie et fait taire ses mystères. Le vent fait vibrer ses plumes bleues. Rapidement, il aperçoit une boulangerie dont les portes sont ouvertes et commence sa descente. Les battements d'ailes ralentissent et son torse se bombe. Pattes en avant, elles viennent toucher l'asphalte. Son drôle de petit corps se meut pour attirer l'attention des passants.

D'autres compagnons à lui se joignent à sa danse, afin d'obtenir eux-aussi un morceau de pain ou de meringue pour se sustenter après cette longue nuit. Un roucoulement attire son attention. Le pigeon imposant et noir approche, tête haute et gorge gonflée. C'est lui, Julio, le dominant du quartier. Ses yeux rouges fixent l'appât que détient depuis quelques secondes maintenant, notre cher Ugues.

Julio approche, agressif, et commence à battre des ailes avant que son bec ne s'abatte sur la patte du pigeon bleu. Ce dernier se rebiffe et recule d'un coup d'aile, le précieux toujours entre ses griffes. Il sait que ce geste risque de lui coûter cher, mais la faim est plus forte. Julio réplique de plus belle, bec à l'affût du moindre signe de faiblesse, piquant son adversaire dans des roucoulements rageurs.

Ugues tente de s'échapper, mais il est en difficulté. Son adversaire a une musculature bien plus importante que la sienne. Au bout de plusieurs minutes, il cède et s'envole aussi loin et aussi vite qu'il le peut. Ses pattes ont pris de sacrés coups et il a eu de la chance que le dominant ne l'ait pas attaqué aux ailes.

Il doit trouver un nouvel endroit où les graines seront à sa portée. Il pense au parc à l'autre bout de la ville, celui qui n'est pas sur le territoire du terrible Julio. En quelques minutes, il aperçoit les premiers arbres. D'immenses sapins verts qui font la fierté du parc. D'où son nom peu original : le parc aux sapins.

Il calcule son atterrissage pour faire face à une poubelle qui crache son contenu sur le sol. Des restes de déjeuner recouvrent les gravillons placés habilement autour des bancs. Il s'en saisit presque immédiatement. Ne connaissant pas vraiment le coin, il ne sait pas quel adversaire il pourrait croiser sur sa route. Une miette, deux miettes, trois miettes. C'est un véritable festin pour son petit ventre d'oiseau.

D'autres se régalent à ses côtés, mais la nourriture est suffisamment abondante pour que chacun y trouve son compte. On aurait dit que le repas était renouvelé continuellement. Puis soudain, Ugues remarque les vagues de miettes qui volent au-dessus de son crâne dégarni avant d'atterrir au milieu de ses petits camarades. Mais qu'est-donc cette machine qui les nourrit avec tant de vigueur ?

Curieux et rassasié, il s'envole d'un coup d'aile et remarque une touffe grisonnante qui encercle un visage vieilli et déconfit. L'oiseau s'y connaît très bien en humain, il en a déjà rencontré sur sa route. Souvent, des pas très gentils. Ils lui assènent de partir, de dégager. Il finit toujours par prendre un coup de pied ou un coup de chaussure. D'autres fois, ce sont les petits humains qui lui volent dans les plumes, toujours en train de lui courir après afin d'essayer de l'attraper avec leurs gros doigts en forme de ver de terre.

Mais aujourd'hui, il fait face à une nouvelle espèce d'humain qu'il ne connaît pas bien. Cet humain porte des lunettes carrées sur son nez court. Ses lèvres sont petites et sa peau est comme froissée. Une longue jupe recouvre ses cuisses et s'arrête aux genoux. Un lien autour de son cou tient un objet circulaire, une bague, qui brille au soleil. La peau de ses jambes est recouverte par un plaid aux motifs vichy jaune et rouge.

Il n'en fallut pas plus pour attiser la curiosité de notre ami à plumes. Et lorsque la vieille dame se releva avec difficulté, aidée de sa canne, il la suivit jusqu'à son domicile.

 Et lorsque la vieille dame se releva avec difficulté, aidée de sa canne, il la suivit jusqu'à son domicile

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Blog d'une fille en colèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant