La lumière du soleil passait à travers les grands rideaux de la chambre de Samuel. Il dormait encore. Ses paupières closes lui donnaient un air si apaisé qu'on aurait pu oublier les démons qui le tourmentaient. Mais une fois qu'il ouvrit les yeux, tout lui revint en mémoire. La douce chaleur du soleil sur sa peau brune n'arrivait pas à lui apaiser l'esprit. Jeanne l'avait quitté la veille. Les mots de la mère de la jeune fille tournoyaient dans son esprit : "Ma fille ne sortirait jamais avec quelqu'un comme vous". Trop humble pour se l'avouer, cette phrase avait eu un effet dévastateur sur lui. Méritait-il de sortir avec quelqu'un comme Jeanne ?
De l'autre côté de la ville, en haut d'une colline, une voiture noire s'était garée devant l'imposante villa. Jeanne et Oliver étaient toujours à l'intérieur, ne sachant pas à quoi s'attendre quant à qui se trouvait sur le seuil de la maison. Après une attente interminable, la porte s'ouvrit enfin et dévoila le père du jeune homme. Il se tenait devant eux, ses cheveux gris décoiffés et l'air furibond. Il vit Oliver et fit un pas vers lui, puis aperçut Jeanne qui était restée en retrait.
— Oliver ? s'exclama l'homme tout en s'arrêtant. Ça fait des jours que j'essaie de t'appeler...
— Tu mens, l'interrompit sèchement le jeune homme qui osa enfin croiser le regard furieux de son père. T'es pas obligé de jouer la comédie. Elle est au courant pour tout ce que tu m'as fait.
Le regard de l'homme s'assombrit. L'adolescent fit un pas vers le monstre qui était dans sa vie depuis bien trop longtemps. Il était comme pris d'une énergie soudaine, il ne sentit plus la douleur de son corps, ni la mélancolie qui le tenaillait depuis des années. Jeanne mit une main sur son épaule.
— Ne me manque pas de respect, Oliver.
— Tu ne mérites pas de vivre, lança le jeune homme en retour. Laisse moi passer.
L'homme ne bougea pas mais resta droit, sans réagir, les bras ballants. Ses yeux, noirs d'encre, semblaient s'être pétrifiés, perdus dans le vide. Jeanne ne réussit pas à retenir Oliver qui força le passage en bousculant son père.
— Je comprends que même maman n'ait pas voulu rester, ajouta le jeune homme, d'un ton plein de mépris.
Le coup de poing partit trop vite. La mâchoire d'Oliver émit un craquement sourd. Son champ de vision bascula. Son corps chuta lourdement sur le sol bétonné. Déboussolé, il sentit le goût métallique du sang emplir sa bouche. La douleur le tenaillait de toutes parts, et l'adrénaline qu'il avait ressenti il y a quelques minutes avait complètement disparu.
— Oliver ! s'écria Jeanne en accourant vers lui.
Elle s'agenouilla et lui prit la main.
— Vous êtes complètement malade, dit-elle en se retournant à l'intention du père d'Oliver, qui était resté debout.
L'homme ne répondit pas. Il secoua sa tête, comme exaspéré par la situation. Il se retourna et entra à l'intérieur de la maison.
— Qu'il ne remette plus jamais les pieds ici, dit-il d'un ton glaçant avant de claquer la porte.
Jeanne sortit de son sac un mouchoir et un désinfectant qu'elle appliqua sur le visage du garçon. Elle lui fit ouvrir la bouche, et vit avec horreur qu'une dent s'était cassée. Oliver toussa, s'étrangla pour enfin recracher le morceau de dent qui lui manquait, dans un mélange de salive et de sang. Sa tête lui tournait mais Jeanne l'aida à le relever, et ils repartirent le plus vite qu'ils le purent. Malgré la douleur, le jeune homme sourit. Il avait réussi à récupérer ses affaire, sans oublier l'argent qu'il avait volé à son père. Il était presque heureux finalement. C'était en effet la dernière fois qu'il repassait par le grand portail noir.
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dis moi que tout va bien
Mystery / ThrillerUne soirée un peu trop arrosée tourne vite au drame quand la police découvre le corps de l'un des invités, enterré dans la forêt. D'autant plus qu'Emilia apprend avec stupeur que son meilleur ami pourrait être responsable de sa disparition. Sous la...