dis moi que tout va bien

liaison dangereuse

Jeanne était une jeune femme extrêmement difficile à cerner. Elle était en train de se remaquiller afin de redorer sa peau imparfaite, face à face avec elle-même. Dans le grand miroir de salle de bain de Sam, elle fit mine de sourire comme pour exercer ce mouvement du visage pas si naturel. On ne savait en effet jamais ce qu'elle pensait, car elle avait pris l'habitude de cacher ses véritables émotions sous un masque artificiel. Elle remit ses vêtements un à un et poussa un soupir. Depuis toute petite, sa mère lui répétait que ce qu'elle ressentait n'avait aucune valeur dans ce monde. Que tout n'était que superficialité, que montrer seulement nos bons côtés suffisait pour réussir, et que bien sûr, le moyen le plus rapide pour gagner était de tricher. Elle trichait donc, et de son image à sa personnalité, tout avait été monté de toutes pièces pour être mieux acceptée. 

De plus, elle avait toujours fait très attention à son apparence, à ce qu'elle disait et à ce que les gens pensaient d'elle. Elle devait décrocher les meilleures notes et exceller partout, sous la pression de ses parents. Ce poids sur ses épaules était donc constamment présent, même avec ses plus proches amis. Malgré tout, c'était très différent avec Samuel. Quand ils s'étaient rencontrés, le garçon avait bien perçu l'enveloppe qu'elle portait et il avait su lui enlever délicatement. Elle lui accordait une confiance aveugle et pouvait être elle-même à ses côtés. Par ailleurs, Jeanne n'avait pas voulu ébruiter sa relation de peur que ses parents ne lui interdisent de le revoir. Ce dernier avait respecté son choix, et ils se voyaient souvent en cachette, non sans trouver des excuses pour leurs proches respectifs. 

La jeune fille croisa son propre regard dans le reflet du miroir et repensa à la soirée de la veille. Un sourire aux lèvres, elle prit son téléphone pour le rallumer et se surprit à voir de nombreux appels manqués d'Emilia. Assez intriguée, elle consulta les derniers messages que lui avait envoyés son amie.   

19:07

— Tu sais où est Oliver ? Je commence à m'inquiéter pour lui. J'ai presque plus de batterie. 

05:47

— Jeanne tu déconnes ou quoi ? Pourquoi tu ne m'as rien dit pour l'autre fois ? Réponds-moi c'est important. Il a failli faire une grosse connerie hier. Tout va bien maintenant.  

07:02

— Rappelle moi vite. T'aurais vraiment du m'en parler au lieu de l'agresser comme tu l'as fait. Si tu m'appelles pas je passe chez toi, on doit absolument se voir aujourd'hui.  

La lecture des messages forma une boule dans le ventre de la jeune fille. Prise de panique, Jeanne imagina vite le pire pour son ami. Elle regrettait amèrement ce qu'elle lui avait dit, sans chercher à comprendre ce qu'il s'était passé. Qu'avait-il tenté de faire ? Elle sortit de la salle de bain les cheveux encore mouillés et se dirigea vers la chambre de son petit-ami. 

— Je suis désolée, je dois partir, dit-elle à Samuel qui se redressa de surprise. 

— Déjà ? s'exclama le jeune adulte. 

— Oliver a besoin de moi. J'ai été conne l'autre jour alors qu'il avait besoin de mon aide.

Elle lui expliqua rapidement la situation tout en remettant toutes ses affaires dans son sac. Il lui proposa de l'aide mais Jeanne refusa, elle ne voulait pas le mêler aux erreurs qu'elle seule avait commises. En outre, Samuel ne pouvait pas faire grand chose pour l'aider. Elle ne savait cependant pas à quel point le garçon était impliqué dans cette sombre histoire. Quand elle sortit, celui-ci se jeta sur son téléphone pour prendre des nouvelles d'Oliver, qui lui assura dans les minutes qui suivirent que tout allait bien.