Lassée de la journée, je me retrouve face à la porte d'entrée de Faith. J'ai cherché une excuse valable pour annuler le diner, mais rien de plausible ne m'est venu. Roger me met une telle pression au travail que j'en perds tous mes moyens, j'en oublie les bases fondamentales du métier. Je n'arrive plus à réfléchir correctement, tout s'embrouille dans mon esprit. J'ai ce sentiment de désespoir qui ne m'abandonne plus, jour et nuit il me hante. Je n'ai même pas eu la force de me changer, j'ai juste pris le temps de retirer mes talons pour chausser mes vieilles baskets du lycée. De toute façon, je vais manger rapidement avant de retrouver le confort de mon lit.
— La porte est à ton goût ?
Je tourne la tête vers Kieran qui esquisse un rictus tout en me fixant. Je fronce les sourcils face à sa remarque, mais je rends rapidement compte que je suis plantée dans le couloir depuis plusieurs minutes. Devant mon silence, il perd son sourire narquois et avance vers moi. Ma peau se met à frissonner au contact du tissu de son tee-shirt qui vient la frôler. Je me retrouve bloquée entre la porte de Faith et lui. Cette promiscuité réveille en moi un désir que j'ai rarement ressenti.
Sentant mon pouls s'emballer, je me concentre sur un point invisible pour éteindre le feu ardant qui prend possession de mon corps. Je respire calmement tout en fixant la peinture écaillée sur un coin du mur. Je ne fais aucun mouvement, lorsqu'il lève son bras nu pour frapper à la porte de Faith. Mon dos est presque collé à son torse, chacune de ses expirations vient effleurer les quelques mèches de cheveux, qui ont refusé de rester dans l'élastique.
— Ça fait cinq minutes que tu la fixes, ajoute-t-il, si proche de mon oreille qu'il me donne la chair de poule.
Je tourne ma tête vers lui, priant pour qu'il ne remarque pas l'effet qu'il a sur moi. Je me retrouve obligée de lever les yeux pour pouvoir faire face à ses iris. Son visage est si près du mien qu'à peine quelques centimètres séparent nos lèvres. Étant sans talons, sa taille me domine totalement.
— Depuis quand as-tu perdu ta langue ?
Brusquement, je me sens faiblir et ma vue se brouille un instant. J'agrippe le haut de Kieran de peur de m'écrouler à ses pieds, son bras vient immédiatement saisir ma hanche pour me soutenir. Sous le tissu noir, je perçois aisément sous mes doigts les battements de son cœur régulier. Ses iris indéchiffrables scrutent chaque détail de mon visage. À l'instant où j'ouvre la bouche pour parler, la porte s'ouvre sur Greg. Il nous regarde l'un après l'autre avant de s'attarder sur ma main qui se trouve toujours sur le torse de Kieran.
— Je dérange peut-être.
Devant Greg, je reprends le contrôle de mon corps et retire immédiatement mes doigts gênés.
— Pourquoi dis-tu ça, bredouillée-je en me faufilant dans l'appartement sans les attendent.
Qu'est-ce qui m'a prise de le toucher, pourquoi n'ai je pas enlever ma main aussitôt. Pourquoi dès qu'il s'approche de moi je perds tous mes moyens, chaque fois, il a ce contrôle sur moi. D'un pas presser, je rejoins la salle pour m'éloigner de lui et de son attraction.
Pénétrant dans le salon, les odeurs d'épices m'effleurent les narines, réveillant mon estomac qui n'a avalé rien d'autre qu'une pomme aujourd'hui.
— Vous arrivez pile au bon moment, Greg vient juste d'arriver avec la nourriture. Puisque je ne savais pas quoi prendre, je lui dis de faire un mixte, cela vous ira.
— Vous n'auriez pas dû vous donner autant de mal.
— Ne dis pas de bêtise, ça me fait plaisir surtout que Kieran n'en a jamais mangé non plus. On va pouvoir gouter un peu à tout comme ça, j'espère que vous avez faim.
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Jusqu'à l'aube
Romance« On veille l'un sur l'autre jusqu'à ce que l'aube apparaisse » Le propre de l'homme est sa différence. Sur 7 milliards d'êtres humains, il n'y en a pas deux pareil ; c'est en l'acceptant que l'on devient unique. Mais il arrive qu'elle soit tro...