Chapitre 9

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                         J'avance lentement dans les rues de San Francisco, illuminer par les faibles rayons du soleil qui tente désespérément de transpercer les nuages. Le temps maussade reflète à la perfection mon état d'esprit. Dire qu'il y a un mois j'avais l'impression que tout me réussissaient dans la vie ; que j'allais vivre un véritable rêve, je suis en fait tombée dans un cauchemar dans lequel je n'arrive pas à me réveiller.

Tous ne semblent qu'empirer de jour en jour, Roger ne me lâche plus. Il ne me donne plus que des tâches rébarbatives et attend que je fasse la moindre erreur pour m'envoyer des piques. Cette situation est de plus en plus usante, j'ai déjà pensé à en parler à Andréa, mais elle ne cesse de me répéter qu'elle n'a pas le temps. Je me sens désemparer, ça en devient trop pesant. J'en viens à ne plus aller déjeuner dans la salle commune pour éviter Roger.

Au moins, cela me permet d'aller prendre l'air au moins pendant une heure. Parfois, je vais jusqu'au bord de l'eau juste pour observer les vagues s'écraser contre les rochers. Ça me vide l'esprit du moins pendant un court instant. C'est ce que j'aurai dû faire aujourd'hui au lieu d'aller porter plainte. Je suis restée un quart d'heure au commissariat pour rien, tout ce qu'ils ont su me dire, c'est que dans l'état il ne pouvait rien faire, mais que je peux toujours déposer une main courante. En plus d'avoir perdu mon temps, je suis arrivée en retard au cabinet ce qui n'a pas échappé à Roger. Il ne s'est pas prié pour me lancer une de ses répliques sanglantes accompagnées de son sourire narquois. J'aimerais tellement le lui faire avaler.

En tournant dans ma rue, je fronce les sourcils en voyant une voiture qui met particulièrement familière. Je reconnaitrai entre mille cette Corolla rouge, ou d'ailleurs on peut remarquer la rayure parcourant le bas de caisse. Je me faufile à l'intérieur de l'immeuble et monte deux par deux les marches collantes de l'escalier en béton. Apercevant la chevelure châtaine tirant sur le roux de ma meilleure amie, je ne peux m'empêcher de sourire. J'ai le sentiment que cela fait une éternité qu'on ne sait pas vu. Sa veste marronne cache à peine son ventre presque dénudé. On a l'impression que sa robe vert a était cousue directement sur elle, tellement le tissu embrasse son corps.

— Te voilà enfin, ça fait au moins dix minutes que je t'attends ! s'exclame Cloé en levant ses yeux de son portable pour venir me sauter dans mes bras.

— Qu'est-ce que tu fais là ?

— J'ai voulu te faire une surprise, la dernière fois que je t'aie eu au téléphone tu n'avais pas l'air d'avoir le moral. Je me suis dit que j'allais te rendre une petite visite pour te changer les idées et vu ta tête, j'ai bien fait.

— Qu'est-ce qu'elle a ma tête ? protesté-je en ouvrant la porte.

— Regarde-toi dans un miroir, tu ressembles à une morte-vivante.

— Tu n'exagères pas un peu.

— À peine, je sais exactement ce qu'il te faut, de l'alcool et de beaux hommes qui se trainent à nos pieds, s'exclame-t-elle en s'asseyant sur l'un des tabourets.

— Je n'ai pas trop envie, ça ne te dit pas plus tôt de rester tranquillement ici à se regarder des films.

— Non hors de question, alors maintenant bouge ton joli petit dernier jusqu'à ta penderie pour trouver quelque chose de sexy à te mettre.

Je me laisse convainque et part fouiller dans mes affaires pour en prendre une robe rouge cardinale a bretelle. Peut-être que Cloé a raison ; sortir entre filles me fera le plus grand bien.

— Qu'est-ce que tu penses de cette robe ?

— Parfait ! Avec ça, tu vas tous les faire craquer.

Jusqu'à l'aubeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant