7. Apolline et Suzanne

295 24 0
                                    

Je pousse timidement la porte de la salle de danse et jette un coup d'oeil à l'intérieur. Il y a une bonne douzaine de danseuses à l'intérieur... Certaines sont en train de s'étirer, d'autres font déjà des pirouettes excessivement vives. J'entre, et par malheur, la porte claque brutalement. Toutes les filles se retournent vers moi et me regardent avec curiosité. La plupart des regards sont fixés sur mes cheveux rouges, d'autres sur ma tenue. Puis, à peine quelques secondes plus tard, elles m'ont déjà oubliée et ont repris leurs activités. Je soupire de soulagement et m'avance discrètement en faisant le moins de bruit possible, car le parquet craque un peu. Je regarde autour de moi, nerveuse, cherchant un endroit où me changer.

-Salut !

Je baisse les yeux pour apercevoir une jolie brune en plein grand écart qui me sourit gentiment. Son chignon est impeccable, sa peau est lisse et blanche, et ses yeux vert forêt me fixent avec douceur. 

- Euh... Bonjour.

Quelles têtes se retournent à nouveau, sûrement interloquées par mon accent. 

- Ah, toi tu es une Anglaise, pas vrai ? me demande la brune en ramenant ses jambes contre elle. Welcome to the Opera !

Je glousse. Son accent est plutôt mignon. Elle se relève et me tend sa main que je m'empresse de serrer.

- Mon nom est Apolline. J'espère que ce n'est pas trop compliqué à prononcer pour toi, c'est un nom typiquement français !

- Aucun problème, ça va. Moi, c'est Rosalie. Rosalie Phantomhive.

- C'est un joli nom ! Ravie de te rencontrer. Je suis en cinquième année, et toi ?

- Oh euh... C'est la première fois que je viens ici. Mais attends... Vous passez une audition chaque année ?

- Bien sûr. Afin de déterminer quelles danseuses sont encore dignes de danser à l'Opéra. Mais toi, c'est ta première audition. Ne t'inquiète pas, il n'y a pas de quoi avoir peur. Les professeurs qui président le jury sont très compréhensifs et gentils !

- C'est rassurant, je crois...

- Je vais te montrer où tu peux te changer.

Apolline (qui est effectivement assez compliqué à prononcer correctement comme prénom) m'entraîne jusqu'à une autre porte, en faisant bien attention aux filles pour ne pas les déranger. A l'intérieur se trouve un petit vestiaire, ainsi qu'une blonde en pleine galère de chaussons de danse. Ses jurons se stoppent quand elle nous voit, et elle se calme immédiatement, les rubans de ses chaussures complètement emmêlés.

- Oh euh salut ! Pardon, je vous laisse si vous voulez.

- Tu peux rester, Suzanne, ne t'en fais pas. Je te présente Rosalie, elle est nouvelle.

- Salut ! Je m'appelle Suzanne, je suis en troisième année ! C'est stressant la première fois, hein ? Oh, mince je devrais pas te dire ça, ça va te stresser encore plus...

- Ça va, pas la peine de t'excuser, lui réponds-je en souriant. 

Je serais sans doute venue plus tôt si on m'avait prévenue que les françaises étaient aussi mignonnes dans leur façon de parler. Que- Qu'est-ce que je raconte ? Elles ne sont pas si différentes que les anglaises ! Calme-toi, Rose, c'est juste des filles pourtant... 

- Les tenues de danse sont au fond, me dit Apolline. Prends celle que tu veux.

Suivant ses conseils, je m'avance jusqu'au fond du vestiaire où se trouve un portant rempli de costumes de danse. Je prends le premier tutu que je vois, blanc, comme tous ceux de l'Opéra, avec une ceinture bleue, et l'enfile avec le plus de délicatesse possible pour ne pas le déchirer ou l'abîmer.

- Il te va bien ! me complimente Suzanne tandis qu'Apolline lui lace ses chaussons.

Je la remercie et sort de mon sac mes chaussures de danse et grimace. Je ne me rends compte que maintenant qu'elles sont usées jusqu'à la pointe, décolorées et très peu gracieuses... J'ai peur de rater mes pointes si je les chausse durant l'audition. Apolline vient aggraver mes doutes en commentant :

- Tu auras du mal à danser avec ces chaussons. Nous avons des paires de rechange, si tu veux.

- Ça va aller, je vais me débrouiller.

Curieuse, j'attrape la boîte que Lizzy m'a donnée. Je l'ouvre, et soudain je crois enfin aux miracles. C'est une paire de chaussons ! Bleus comme mes yeux, décorés d'arabesques dorées, ils sont superbes. Je ne pouvais pas espérer mieux, mais que ferais-je sans Lizzy ! J'enfile mes chaussons, qui me vont parfaitement, et fais quelques pas pour m'habituer.

- Ouah, ils sont trop beaux tes chaussons ! s'exclame Suzanne.

- Merci, ma cousine vient de me les offrir. 

- Tu peux aller t'entrainer dans la salle d'à côté après t'être échauffée si tu veux, me dit Apolline.

- J'y penserai.

Je quitte le vestiaire, les laissant seules à l'intérieur. Je me pose dans un coin tranquille où il n'y a personne, et commence quelques étirements. Les filles autour de moi sont beaucoup plus minces et leurs jambes sont bien plus fines... Pourtant je n'ai pas l'impression d'être moins souple, ça me rassure. Je suis en train de travailler mes pointes quand je remarque tout à coup un homme tout habillé en noir au fond de la pièce, qui contraste avec le blanc des murs. Son visage est caché par un haut-de-forme, c'est glauque... Je me rapproche de la fille qui s'étire à côté de moi et lui demande :

- Dis... C'est qui l'homme assis là-bas ?

Elle regarde l'homme nonchalamment puis me répond avec indifférence :

- C'est un abonné. Ne fais pas attention à lui.

- Un abonné ? Qu'est-ce que c'est ? 

- Quelqu'un qui vient assister à nos répétitions, mais pas pour nos chorégraphies, si tu vois ce que je veux dire.

- Euh, non je ne vois-

Elle est déjà en train de discuter avec une autre fille. C'est malsain... Pourquoi laisse-t-on ces gens nous observer en se léchant les babines comme si nous étions des morceaux de viande ? C'est répugnant... Écoeurée, je me réfugie dans la salle d'à côté, où je vais pouvoir répéter ma chorégraphie. 

Impossible II (Fanfiction Black Butler) **TERMINEE**Où les histoires vivent. Découvrez maintenant