13. Avertissement

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Cinq jours... 

Je dois attendre cinq jours avant de savoir si je suis prise ou non à l'Opéra de Paris. Je suis surexcitée en permanence, je me ronge les ongles des dix doigts, tapote le sol du bout du pied et me mord les lèvres dès que je suis inactive. Ciel essaie de me détendre, mais son caractère facile à vivre fut de courte durée : il est redevenu le comte froid et agaçant qu'il était. 

- Arrête de te ronger les ongles, Rosalie, me lance-t-il sèchement. Une danseuse doit être élégante jusqu'au bout des mains. Et cesse ce geste obsessionnel avec ton pied, c'est insupportable. Et ne te mord pas les lèvres, tu vas finir par les faire saigner ! 

- Ciel, tu veux bien me laisser respirer deux minutes ? lui réponds-je en le coupant. Je suis en train d'attendre la réponse la plus importante de ma vie, n'en rajoute pas une couche !

- J'essaie simplement de te garder en vie, plaisante-t-il froidement.

- C'est toi qui va me tuer plutôt.

Sebastian rentre alors dans la pièce, mettant fin à nos chamailleries.

- Mademoiselle, votre bain est prêt. J'y ai versé les huiles essentielles que vous m'avez demandé. J'ai également préparé votre thé.

- C'est gentil, Sebastian. J'y vais dans un instant.

Le diable de majordome s'incline en souriant puis referme la porte. Je me lève de mon siège d'un petit bond et vais me glisser derrière celui de mon frère pour l'enlacer.

- Je t'aime plus que tout, petit frère.

Je l'embrasse sur la joue, le faisant grimacer. Ca me fait rire, il est toujours comme ça, mais je sais que ça le rassure au fond. 


Je me liquéfie une fois plongée dans l'eau brûlante et parfumée à la lavande. J'inspire et expire plus profondément que jamais. L'odeur des huiles essentielles embaume toute le pièce et me picote un peu le nez, mais ma peau et mon esprit n'en ressortiront que plus légers et plus doux. Je ferme les yeux, profitant de ce moment plus que reposant, entre le silence apaisant et la sensation de l'eau chaude sur mon cou, ma poitrine, mon ventre, mes jambes et mes bras. Mes cheveux rouges sont tirés en un chignon grossier, je n'ai pas besoin de les laver. Je sens peu à peu tous mes membres se détendre et bientôt, je ne suis plus qu'une flaque. 

Mais soudain, tout se contracte à nouveau, dans un jet d'eau brusque. Mes battements de coeur s'accélèrent et je frissonne. Quelqu'un est entré dans la pièce. Mais la porte est fermée. Je ne comprends pas. Personne ne serait rentré sans frapper ; ni Ciel, ni Lizzy, ni Edward, ni May-Linn, ni Sebastian. J'attrape la première serviette que je sens sous mes doigts et l'enroule autour de moi en sortant du bain. Je grelotte au milieu de la pièce, l'eau me dégoulinant sur la peau et trempant le carrelage. Je sursaute et manque de lâcher un cri quand je vois une silhouette derrière le rideau.

- Qui est-là ?! je crie, paniquée. Vous n'avez pas le droit d'être ici ! Comment osez-vous déranger la toilette d'une Lady ?!

Je vois derrière le fin tissu que la silhouette a les yeux plaqués sur ses yeux. C'est... C'est un enfant. Une fillette... Elle est toute petite. Je la vois sortir de sa "cachette". Ces couettes violacées, ces grands yeux verts derrière ces lunettes rondes. C'est Tallulah ! La petite Shinigami qui se trouvait dans le train avec Matilda, la faucheuse aux cheveux argentés ! Mais que fait-elle ici ? 

- Pardon de vous déranger ! s'excusa la môme. Je ne voulais pas vous faire peur... Mam... Matilda m'a interdit de venir vous voir mais je devais vous parler de quelque chose de très important !

- Quelque chose d'important ?

J'ai repris le contrôle de mon rythme cardiaque. Tallie n'est sans doute pas venue pour rien. Je m'accroupis pour être sa hauteur et la laisse me parler.

- Je viens vous parler du complot..., murmure-t-elle comme si elle craignait qu'on nous entende. Vous êtes en danger. 

- En danger ? De quel complot parles-tu ?

- TALLULAH !

La petite Shinigami fait un bond en arrière, terrorisée par l'apparition soudain de sa mentor à la fenêtre, l'air dur et agressif.

- Mam... Matilda...

- Je t'avais pourtant bien stipulé de ne pas prévenir les humains !

- Mais... Elle est gentille... et...

- Peu importe qu'un être humain soit gentil ou pas. Si tel est son destin, alors il doit mourir.

Mon coeur loupe un battement. Mourir ? Qui ? Moi ?

- Attendez un peu, de quoi parlez-vous ? Je vais mourir bientôt... ?

- Ce n'est pas à toi de le savoir, me répond Matilda avec autorité. Fais ton travail de mortelle et reste ignorante. Ca suffit, maintenant. On y va, Tallie.

La fillette recule, mais la jeune femme l'empoigne par la taille et la porte sur son épaule alors qu'elle se débat.

- Laisse moi lui parler ! A la Tour Effeil dans-

-La ferme !

La Faucheuse lui plaque la main sur la bouche, l'empêchant d'achever sa phrase. Elle me jette un dernier regard, qui me glace le sang, avant de disparaître en claquant violemment la fenêtre, faisant se briser les carreaux en un millier de petits éclats de verre brillant à la lumière du soleil encore haut dans le ciel. Je reste là, pantoise, au milieu de la salle de bains. Que va-t-il donc se passer ? A la Tour Effeil ? Un complot ? Quelque chose de grave se trame à Paris, j'en suis persuadée. Devrais-je en parler à Ciel et Sebastian ? Dois-je retourner en Angleterre ? Vais-je... Mourir... ?

Impossible II (Fanfiction Black Butler) **TERMINEE**Où les histoires vivent. Découvrez maintenant