Chapitre 34

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Kilian se fraye un passage dans la foule à grands coups d'épaules. Il n'y va pas sans ménagement. Il me tient la main pour que je le suive sans risquer de le perdre dans la foule. Même si ce contact me rassure, je ne peux m'empêcher de jeter des coups d'œil à la ronde de peur qu'on m'attaque quand je ne m'y attendrais le moins.
Nous recherchons Albin depuis quelques minutes quand tout d'un coup quelqu'un me hele.
Je me retourne, lâchant mon point d'ancrage au passage. La chaleur rassurante quitte aussitôt ma main. Je regrette de l'avoir lâché mais je vais rejoindre Sébastien. De toute façon c'est trop tard, Kilian a déjà disparu.
Il est assis sur un canapé, sirotant sa bière.
Il n'en est pas à sa première, pensé-je en notant toutes les petites bouteilles ouvertes à ses pieds.
Et il a visiblement trop abusé des innombrables boissons présentent à cette fête.

- Ça va ? Demande-t-il, la voix pâteuse.

Il m'enserre les jambes et me rapproche de lui. Malgré son état d'ébriété il a de la force et je ne peux pas me dégager.

- Oui et toi, répondis-je machinalement tout en cherchant Kilian des yeux.

Il doit être paniqué, je pense, que je me sois dérobée comme ça. Au moins je ne suis pas toute seule.

- C'est moi que tu cherches ? Dit une voix grave proche de mon oreille. Trop proche.

Je fais volte face si violemment que Sebastien me libére.

Je fais face au mec trop entreprenant de toute à l'heure.

- Alors tu ne m'as pas répondu, sussure-t-il en jouant avec mes cheveux.

Je frémis de dégoût et m'écarte de lui et de son haleine fétide aux relents chargés d'alcool et de cigarette.
Pour lui faire comprendre que je ne veux pas de lui, je m'assois sur les genoux de Seb. De toute façon celui-ci est trop saoul pour comprendre quelque chose et se faire des films.

Drake me dévisage avec ses yeux de serpents et j'ai soudain l'impression que la foule a disparu autour de nous tellement je me sens mal en sa présence.

L'envie de vomir de Sébastien me sauve et je m'empresse de le faire monter dans la salle de bain du haut, les toilettes du rez-de-chaussée étant occupée par un couple.

Je le soutiens car il titube à chaque pas. A l'étage, les pièces sont fermées mais on peut savoir sans mal ce qui s'y déroule derrière. Ça me mets très mal à l'aise.
J'ai à peine le temps de soulever la cuvette qu'il est déjà en train de recracher ce qu'il a bu et englouti. Dégoutée je fais un pas en arrière et observe mon reflet dans le miroir. Tout ce que je peux constater c'est que je fais peur à voir. J'ai les mêmes yeux ternes que Mia et mes cernes sont très visibles. De plus aucune marque d'amusement ou de détente apparaît sur mes traits. Les gens ont sûrement l'impression que je vais à un enterrement.

- J'ai fini...

La voix penaude et gênée de Sébastien retentit derrière moi et je me tourne dans sa direction. Son teint est pâle, limite vert et ses yeux sont éclatés.

- Ça va mieux ? Tu veux un verre d'eau ?

- Je veux bien de l'eau s'il te plaît.

Je n'avais jamais vu, enfin, n'avais jamais eu l'occasion de voir Sébastien saoul jusqu'à vomir et si faible.

Je sors de la chambre en prenant soin de refermer la porte comme ça personne ne le verra se comporter de cette manière.
Alors que je passe devant une chambre sombre et entrouverte, quelqu'un m'attrappe et m'y attire. Je pousse un cri. Le noir complet m'accueille. Je me dis que quelqu'un me fait une farce, que c'est sûrement Alex qui m'a vu et qui veut me parler mais mon instinct me crie le contraire. Je me dis que je suis ridicule mais je commence à me glisser sous le lit. Au pire si c'est quelqu'un que je connais, je passerai pour la tarée qui va sous les lits.
Mais en attendant j'ai vraiment un gros pressentiment. Ça me prend à la gorge et bloque mes poumons.
Le verrou retentit et je panique.
Je me glisse aussi vite que possible sous le lit mais la lumière s'allume, m'eblouissant au passage, et une main m'aggrippe la cheville et me tire. La façon dont cette personne m'attrappe, est effectivement quelqu'un qui me veut du mal. Des échardes du parquet se plantent dans mes bras.
La poigne brûlante me lâche pour tirer mes cheveux en arrière pour me forcer à regarder mon agresseur. Drake. Je palis brusquement et tente de me dégager. Il me ceinture mais j'essaye de me dégager avec frénésie. En vain. Il a visiblement un bon coup dans le nez mais sa force ne décroît pas.
Je commence à crier. Il me baillone aussitôt et siffle :

Une si jolie petite fleurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant