Si la Terre s'effondre - Tome 1 L'Antéchrist Sanctifié

Chapitre 2 - Ruines

On change de perso /!\ le chapitre 1 et 2 ne sont pas avec le même narrateur et c'est fait exprès ! Je mettrais des noms une fois qu'on les connaîtra ! En attendant, juste un petit rappel 😚

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Sur les chemins sans risques, on n'envoie que les faibles.

(Hermann Hesse)

Nos pas crissent sur les gravillons lorsque nous remontons la rue désaffectée et bien silencieuse. Trop silencieuse. À chaque patelin où nous sommes passés, il y avait toujours au moins un ou deux clampins planqués sous quelques tôles.

Des survivants disent certains. Vu leur tronche, j'aurais plutôt tendance à dire que ce ne sont que des morts en sursis. Mais ce n'est que mon humble avis et ils sont peu à le partager.

Je lève la tête et observe le ciel, dorénavant paré de son habituel teint grisâtre. Depuis que nous sommes entrés au Mexique, il se voit doté d'un voile orangé, probablement dû au sable et à la poussière qui règnent en maître dans ce foutu pays. Un grognement m'échappe lorsque mes yeux glissent sur les briques de couleurs éparpillés partout, nous obligeant à enjamber les débris et quelques corps.

Enfin, quelques... Depuis que nous avons pris cette rue, il doit y avoir un cadavre tous les deux mètres. À croire qu'ils se sont tous passé le mot pour crever ensemble les pépitos ! Décidément, pas bien malin.

Enfin, bon. Je suis mal placé pour critiquer. Je ne savais même pas qu'il y avait le ciel qui nous tombait sur la tête lorsque tout est arrivé. De là où je me trouvais, si les sirènes retentissaient, c'était pour annoncer une évasion, alors il n'y avait vraiment pas de quoi remuer un seul orteil. Sauf quand les murs ont commencé à trembler. Là, je me suis sentie assez concerné pour ouvrir un œil.

Un sifflement sur ma droite me tire de mes songes et je lance un coup d'œil par-dessus mon épaule. Un ordre silencieux nous est donné. Je lève les yeux au ciel en voyant mes deux collègues s'exécuter instantanément. Leur loyauté et leur obéissance ont été acquises en une poignée de secondes, dès que ce géant s'est ramené avec sa voix comme Saint Graal.

J'en ai déjà vu des leaders comme lui. J'en ai déjà battu des leaders comme lui. J'en ai déjà massacré et je sais qu'il n'aura pas un sang différent de ceux que j'ai fait saigner. Seulement, je connais le lien entre lui et les autres. J'ai compris l'enjeu et je réfrène comme je peux mes pulsions qui m'ont valu un aller simple en cabane.

Heureusement, l'Apocalypse m'a apporté l'anarchie dans laquelle je peux développer mes talents et m'exprimer comme je ne l'ai jamais fait auparavant. Mes écarts ne sont pas aux goûts de mes petits camarades, et leurs grimaces me font bien rire. Et mon rire ne les terrifie pas. Pas encore, et ce, même s'ils savent dorénavant qui sommeille en moi lorsque les tempêtes s'éloignent.

Je m'échappe dans une ruelle sans indiquer à mes gars de me suivre. Le pouvoir que j'ai sur eux me grise et m'émerveille un peu plus chaque jour. Je les entends marmonner derrière moi, se demandant si je vais leur foutre un coup de batte pour leur passer l'envie de me coller le train ou leur parler normalement comme si nous étions amis.

Il ne faut pas se tromper. Si ces enfoirés m'accompagnent moi et moi seul, c'est parce qu'ils savent qu'ils pourront peut-être survivre. Car l'Apocalypse n'était que le début au fléau qui s'abat dorénavant sur les Hommes. L'obscurité a peu à peu laissé place à un froid glacial. Face aux bombes, la poussière qui s'est élevée dans l'atmosphère n'est jamais redescendue, masquant pour encore quelques années les rayons du soleil. Et qui dit absence de lumière, dit absence de végétation.