Overdose | Lucas Hernandez

3. Visions changeantes

Lucas Hernandez

Un rêve lucide. C'est la définition la plus exacte pour décrire ce que je ressens. Spectateur d'une scène, emprisonné dans mon propre corps.

La première vision qui s'offre à moi, c'est un bar bondé. Tout est encore flou, mais cet effet s'estompe. Mon regard se porte sur une fille à quelques tables, sa teinture blonde et son sourire m'envoûtent.

- Arrête de la fixer comme ça, tu vas finir par lui faire peur »

Ces paroles prononcées par mon nouveau coéquipier au Bayern ne me sont pas inconnues. Je ne rêve pas, je vis un souvenir. Alors je connais la suite.

- Sinon, tu pourrais aussi aller lui parler »

Mon champ de vision se tourne vers la source de la voix. C'est ces paroles qui m'ont donné le courage d'aller la voir, de lui parler malgré mon allemand hésitant. C'est comme ça que notre relation a débuté, un léger flirt dans un bar. Mention spéciale à ses amies qui l'ont poussée à me recontacter. Amies avec qui elle a coupé les ponts, qu'elle n'a jamais revue depuis sa chute.

« Plaisir. Désir. » pensais-je par-dessus mon rêve

La vision change, et je me retrouve à notre premier rendez-vous galant. Je me souviens de cet instant comme si c'était hier, alors mes pensées vont plus vite que le rêve.

À ce moment, j'étais inquiet qu'elle ne vienne pas, qu'un lapin me soit déposé. Un passant s'était même arrêté pour se renseigner sur mon état. Regarder ma montre toutes les secondes et taper nerveusement du pied en ayant un visage pâle n'a pas dû rassurer l'adorable personnage âgée qui m'a par la suite souhaité bonheur.

Mon rêve s'accorde avec mes pensées, et je revis son arrivée. Une courte robe blanche, talons rouges. Elle est lumineuse, éclatante, souriante. La discussion s'engage entre nous deux et c'est plaisant de réentendre sa voix sans artifice. Son intonation enjouée, son grand sourire dès que je parle.

Je me sentais bien avec cette personne, je l'imaginais déjà comme la femme de ma vie, elle me semblait sans défaut. Petit bar, restaurant chic, promenade dans un parc, c'est notre soirée de façon synthétique.

« Amour. Joie. »

Je me retrouve les mains appuyés sur une grande table, la tension est palpable. Nos regards sont portés sur une petite poche en plastique au contenu verdâtre.

- Tu m'explique ce que je retrouve dans tes poches ? »

- Tu m'explique pourquoi tu fouilles dans mes poches ? »

Notre première dispute, qui plus est sur un sujet sensible. J'ai découvert qu'elle consommait de la drogue par pur hasard, en déplaçant sa veste du canapé.

- Si tu ne laissais pas traîner toutes tes affaires partout, peut-être que ça ne serait pas tombé de ta poche »

Je la revois soupirer tout son désarroi.

- Parce que je me plains quand tu pars plusieurs heures par jour à tes entraînements à la con ? Non, donc laisse moi faire ce que je veux »

- Tu compares la pratique de ma passion et de mon métier à ta consommation de drogues ? Il va falloir revoir tes jugements »

Elle m'affiche son majeur et un air renfrogné avant de s'isoler en courant dans une pièce.

« Mensonges. Comportement »

La vision se change encore une fois et cette fois l'ambiance est bien plus sombre, maussade. Cette fois-ci, je n'ai pas souvenir de ce qu'il se passe.

Mon téléphone sonne, le nom de Jaura apparaît sur l'appareil. Je décroche après avoir laissé vibrer pendant plusieurs secondes.

La voix est étrangère, celle d'un passant qui m'appelle avec son téléphone pour que je vienne la chercher à un endroit perdu dans Munich. C'est mon nom qui apparaissait toujours en haut de sa liste d'appels, c'était donc toujours sur moi que la responsabilité tombait.

J'attrape un t-shirt, mes clés, et je saute dans ma voiture pour rejoindre l'adresse que l'on m'a communiqué. Je n'aime pas conduire de nuit, encore moins dans de telles circonstances.

Un homme sur un trottoir me fait signe, je suis par déduction arrivé à destination. Elle est endormie le long d'un lampadaire et elle empeste l'alcool, le joint et le vomi. Je la porte jusqu'à la banquette arrière avec l'aide du porteur d'alerte et je l'attache.

L'homme me souhaite bon courage pour la suite. Sur le moment, je n'avais pas encore idée de l'état de la situation. Maintenant, je me rends compte que ce n'était pas de courage dont j'avais besoin, mais d'un miracle.

Je me surprends à la scruter. La vision est figée sur cette image d'elle.

Je connais ce souvenir. La première fois que j'ai du me réveiller en pleine nuit pour aller la chercher. Mais c'est également à cet instant que j'ai pris conscience de la situation qu'elle vivait, de sa dépendance. C'est la première fois que j'ai vidé ses poches.

« Déviance. Dépendance. »

Aucune nouvelle vison se présente à moi et je sombre à nouveau dans le sommeil paradoxal.

Je ne sais pas si c'est mon subconscient, mais je comprends le message derrière toutes ces visions. Comment notre relation aurait pu être idyllique, si seulement un élément n'était pas venu s'immiscer entre nous.

Pia, c'est le nom d'une de ses amies que je n'ai jamais rencontré. C'est elle qui lui ai fait essayé pour la première fois toutes ces sensations qu'elle décrit comme divines. C'est elle qui a appuyé sur un interrupteur qui était en elle. C'est elle qui a été le premier élément de la dépendance.

Ensuite, le sort était entre les mains de Jaura. Il faut voir la situation comme une balance. D'un côté, il y a ses amies, Pia, son dealer récemment rencontré par ses connaissances, les sensations des différentes drogues qu'elle apprécie tant, l'euphorie, la joie, les trips. De l'autre côté, il n'y a que moi et sa mère. Nous ne faisons pas le poids dans sa décision. Nous aurions du faire le poids si nous voulions la préserver.

Mes pensées et mon sommeil s'interrompent par des bruits provenant d'une pièce voisine. Je l'entends, elle, tousser fort, mais cela sonne plus comme si elle s'étouffait. Puis silence radio.

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Hola !

Fin de chapitre, j'espère qu'il vous a plu !

J'aimerai bien connaître votre avis sur la fiction jusqu'ici, et vos théories pour la suite !