Dans ce chapitre, les dialogues en italique sont à l'origine en allemand.
Lucas Hernandez
Est-ce que j'ai envie de me lever encore une fois pour elle ? Non, mais cette fois-ci j'ai un sentiment que je dois le faire, que c'est plus urgent qu'à son habitude.
Je rabats les draps sur la place vide du lit double que j'occupe et me dirige droit vers ma porte. La main sur le métal froid sonne en moi comme un dernier appel, la dernière chance de faire demi-tour et de replonger dans le sommeil, mais je m'y refuse, mon instinct me pousse à aller jusqu'au bout.
Toujours aucun son dans le couloir, mais de la lumière passe sous la porte de la chambre qu'elle occupe. C'est un bon signe, cela montre que je n'ai pas rêvé et qu'elle est bien éveillée. Mais la porte ne cède pas quand je tente de l'ouvrir. Je martèle la poignée de toutes mes forces, et le système assez ancien qui sert de serrure finit par céder sous mes nombreuses tentatives.
Je la vois elle, allongée de tout son long sur le lit double de la chambre, le visage pâle, le regard vitreux.
- Jaura ? »
Aucune réponse, et sa poitrine ne semble pas se soulever. Aucune respiration ? Aucune réaction ? C'est loin d'être un bon départ. Je m'avance alors dans la pièce afin d'éclaircir ma vue.
Une seringue, du vomi, c'est les deux éléments importants que je ne voyais pas jusqu'à maintenant.
La panique s'empare de mon corps, ma jambe commence à trembler toute seule, tout comme mes mains. Des larmes commencent à monter en moi, je les sens venir. Est-ce que la drogue a eu raison d'elle ? Est-elle allée trop loin cette fois-ci ? Suis-je responsable de ça ?
Toutes ces questions traversent mon corps pendant que mon regard reste fixé sur son corps inerte et cette seringue vide, encore partiellement plantée dans son bras.
Mon corps répond enfin à mes ordres, et je sors en courant à la recherche de mon téléphone. Difficile de trouver un objet dans une telle panique, mais je finis par réussir à composer le numéro souhaité après plusieurs infructueux essais.
- Centre d'appel des pompiers de Munich, je vous écoute »
Compliqué d'établir un dialogue précis avec quelqu'un dans une langue dont beaucoup de notions me sont encore étrangères. Je tente de donner des mots spécifiques, qui sont un peu "internationaux" pour faire comprendre l'urgence de la situation, ainsi qu'un curieux mélange d'allemand, d'anglais et de français.
Mais le long combat s'achève, finit de lutter avec la standardiste pour lui expliquer le problème, elle m'annonce qu'une équipe est en route, et me donne quelques instructions afin de préparer le terrain. Prendre son pouls au niveau de son poignet. Il y en a, mais le nombre de battement par minute est faible.
Alors que je la tournais dans le lit sous l'ordre de la standardiste, de grands coups sont frappés à ma porte, et une voix masculine imposante parviens jusqu'à mes oreilles dans un allemand frappant.
- Pompier de Munich ! »
Je me précipite à la porte pour leur ouvrir et ils entrent en furie à peine l'ouverture faite. Je signale à la dame au bout du fil qu'ils viennent d'arriver et elle me souhaite bon courage pour la suite.
Les cinq hommes et la femme sont déjà à l'œuvre dans la chambre de Jaura, ils établissent un diagnostic, évaluent la gravité de son cas, mais tout ne semble pas perdu, il semble y avoir une lueur d'espoir derrière ces ténèbres.
- Monsieur ? »
Cette voix féminine m'extirpe de mes pensées et elle provient de la jeune pompière qui me regarde avec un air désespéré.
- Est-ce que vous pouvez aller me chercher une serviette propre ? »
Je lui esquisse un léger sourire. Sa voix agréable et douce, dans un allemand très propre sonne comme une mélodie harmonieuse. Je me retourne en direction de la salle de bain pour satisfaire sa demande. Je lui rapporte deux serviettes fraîchement lavées et lui tend une fois retourné vers cette maudite chambre.
- Merci » me dit-elle accompagné d'un sincère et tendu rictus
Je continue de regarder la scène dont je me sens spectateur, force de ce sentiment d'impuissance. Il n'y a rien que je puisse faire désormais, les dés sont lancés, les jeux sont faits. Ils la montent sur un brancard avant que deux hommes ne la portent jusqu'à leur camion.
La femme qui m'a précédemment adressé sa sincérité, revient vers moi pour me faire remplir une petite fiche avec quelques informations sur mon ex-petite amie qu'ils transmettront à l'hôpital où elle est transférée.
Je lui rends le papier, et elle m'adresse une dernière parole avant leur départ.
- Ce que vous devez savoir, c'est que vous n'êtes en rien responsable de son état »
Cela résonne dans ma tête tandis que la porte d'entrée se ferme. Je sais que je suis responsable, je n'aurai pas dû l'abandonner, je n'aurai pas dû la laisser seule dans cette chambre.
Je dois la rejoindre à l'hôpital mais je dois encore prévenir sa mère avant ça.
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Overdose | Lucas Hernandez
FanfictionConsommation de drogue, mensonges, tromperie ... C'est ce qui rythme la vie de couple de Lucas Hernandez, et sa nouvelle petite amie, Jaura Elzevanki. Comment vont-ils affronter les problèmes de dépendance de la jeune femme ? TRIGGER WARNING : Drogu...