Chapitre 2

300 46 264
                                    


Erin McCarley ~ Into the fire


Sous le regard contrit de Jules, j'énonce très posément :

- Comme je t'en avais parlé la semaine dernière, je commence à travailler pour Chloé lundi.

- Avec, me reprend ma meilleure amie avec un clin d'œil.

Je ne relève pas et attends, non sans une certaine appréhension, la réaction de mon époux. Il tape du poing sur la table, faisant trembler les verres et les assiettes.

- Bordel Cris !

Il a perdu le contrôle. Je le sais. C'est seulement dans ces moments-là qu'il emploie mon diminutif.

- Merde ! Je croyais le sujet clos ! Vocifère-t-il, une veine saillant sur sa tempe.

Mes amis sont silencieux mais leur mine m'indique ce que chacun pense de cette scène. Leur présence me donne le courage de ne pas m'écraser pour une fois.

- Non, le sujet n'est pas clos simplement parce que tu l'as décidé Paul !

Il me défie du regard de poursuivre dans cette direction. Et, une fois n'est pas coutume, je l'affronte publiquement.

- Je ne t'ai jamais demandé ton autorisation, je t'ai simplement informé de ma décision.

Je crie.

- De mon choix !

Paul encaisse difficilement. Je ne l'ai plus habitué depuis longtemps à devoir me combattre. Mais cette fois, je veux défendre mon opinion, mon choix. Peut-être est-ce à cause de ce qu'il m'est arrivé que je trouve ce regain d'envie, ce soupçon de rage que je pensais disparus à jamais ?

- Pourquoi nous fais-tu ça ? demande-t-il presque douloureusement.

Je soupire. Il ne comprend pas. Le pourra-t-il un jour ? Je suis lasse de ces batailles.

- Ce n'est ni contre nous, ni contre toi, je poursuis plus calmement. Au contraire, c'est pour moi, pour nous.

Paul semble désappointé mais me laisse continuer mon plaidoyer.

- J'en ai besoin. J'ai besoin de vivre Paul ! J'étouffe dans cette prison dorée que tu as érigée...

- Cris...

Je ne le laisse pas me couper.

- J'ai besoin d'air et d'espace, besoin de rencontrer des gens.

- Mais tu m'as moi..., murmure-t-il le regard vide.

Je secoue la tête. Mes amis semblent définitivement abasourdis par ce spectacle. Je n'aime pas laver mon linge sale en public mais nous devons aller au bout de cette "discussion". Même si j'appréhende son dénouement.

- Je le sais bien ça Paul.

J'essaie de le rassurer du regard. Même si c'est peine perdue. Je sais que ses actes, son besoin de tout contrôler, de me contrôler ne reflètent que sa peur de l'abandon. Je sais que cela ne justifie en rien tout ce qu'il m'a fait subir. Mais lorsqu'il me regarde ainsi, je ne vois que la détresse d'un enfant perdu qui a découvert la dureté de ce monde trop tôt.

Je ne dois pas me laisser attendrir, pas maintenant que je peux avoir le dessus et peut-être gain de cause.

- Tu es mon mari. Mais ma vie ne se résume pas à être ton épouse. Toi tu m'as moi mais tu as aussi ton travail. Tu en as besoin. Tu as beaucoup donné pour en arriver là. Et c'est bien, tu peux en être fier.

COLLISIONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant