Chapitre 3

279 44 339
                                    

Muse ~ Dead inside

Je ne me retourne pas. J'attends les yeux fermés qu'il prenne la parole. Les secondes me paraissent interminables jusqu'à ce que le murmure de sa voix transperce le silence.

- Je..., il hésite, je suis tellement désolé Cristina... Lâche-t-il d'une voix fêlée.

Je ne bouge pas. Je respire profondément.

- Chérie, je t'en prie ! Dis-moi quelque chose, me supplie-t-il. Tu sais que je t'aime si fort que parfois ça me rend complètement fou...

Encore une fois, je suis dévastée de voir que rien ne change. On en revient toujours à ce schéma : je t'aime, je te blesse, je m'excuse, je t'aime... Et on recommence ! J'ai envie de lui rire au nez ! J'ai envie de lui crier que je le hais aujourd'hui de me faire ça, de me faire me sentir comme ça ! Mais je ne dis rien. Aucun mot ne peut franchir mes lèvres. La force de l'habitude sûrement.

Je sens ses mains aggripper mes bras, doucement mais avec fermeté. Il me relève puis me retourne vers lui. Je le laisse faire toujours en silence. Je le regarde.

J'observe le visage de mon premier amour mais ne le reconnaîs plus. Ce sont pourtant ces mêmes yeux bruns, presque noirs qui m'ont fait fondre, ces mêmes lèvres fines, parfois pincées, auxquelles j'ai dit oui, ces mêmes cheveux ébènes auxquels je me suis accrochés tant de nuits. Mais son âme est différente, sombre, noire comme de l'encre. Ses démons l'ont rattrapé depuis longtemps et il a arrêté de lutter. Je pense que c'est plus facile pour lui de s'en prendre à moi. Je suis là, je l'ai toujours été.

Paul brise à nouveau le silence alors qu'il me serre dans ses bras, fort.

- Pardonne-moi mon amour.

Puis chuchotant à mon oreille.

- Je t'aime, si tu savais seulement à quel point...

Non Paul tu ne m'aimes pas. Ça ce n'est pas de l'amour, c'est de la possession, de l'emprise. Je garde mes pensées pour moi. Et alors qu'il resserre sa prise autour de moi, s'aggripant comme si je risquais de disparaître, je sens son désir palpitant naître contre mon bas ventre.

Je lui rends finalement son étreinte et le serre fort à mon tour. Je sais que je ne devrais pas. J'ai conscience que tout ceci est malsain au plus haut point. Je ne sais pas comment l'expliquer. Je sais que faire l'amour l'apaise mais je mentirais en ne reconnaissant pas que j'aime surtout avoir le dessus. Car c'est seulement dans ces instants que le pouvoir m'appartient un peu.

- Cris... Souffle-t-il comme une question.

En guise de réponse, j'accentue la pression de mon corps contre le sien. Nous restons là où nous sommes, le nombre d'hectares de notre propriété nous protégeant du monde extérieur.

Ses caresses me laissent tristement indifférente, ses baisers sont ceux d'un inconnus, mais je le laisse se perdre en moi. Je suis étrangère à moi-même, j'ai le contrôle tandis que lui le perd lorsqu'il atteint l'orgasme. Je suis souillée par ma propre volonté mais ce soir j'ai gagné. Je le sais. J'ai gagné le droit d'avoir un peu de liberté.

-------------------

La sonnerie de mon iPhone me tire de mon sommeil. J'essaie de l'atteindre sans succès. Le bruit cesse pour reprendre immédiatement. Je maugrée en me tirant du lit et me dirige vers la commode où je l'avais laissé cette nuit. L'écran affiche "maman". Merde ! Je décroche quand même, sachant pertinent qu'elle insistera tant qu'elle ne m'aura pas parlé.

COLLISIONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant