La chambre 403

Le Château Vibulant

Je suis réveillée par la brise matinal qui caresse mon visage et fait danser doucement les voiles blancs mouchetés qui encadrent le lit. Au dessus de ma tête pendent des étoiles en papier et des nuages en coton.

En me redressant, je vois aux pieds du lit une rangée d'adorables peluches aux pupilles dilatées et rivées sur moi. Armée de canons à confetties, ils libèrent les papiers multicolores de façon parfaitement synchrone.

- Bienvenue dans la demeure ambulante de miss Victoire ! s'exclame un hérisson à la voix de teletubbies

- Le Château Vibulant pour les intimes, complète un panda bedonnant

- Ou Ambutoire, ça marche aussi, ajoute un porcelet avec des lunettes

- "Vibulant" est bien plus joli que "Ambutoire" ! dit un lapin rose à la voix de petit garçon renfrogné

- Un mot n'est pas fait pour être joli, explique un singe avec des timbales, et "Ambutoire" serait plus compréhensible.

- Comment ? répond le petit cochon. Les mots ne sont pas jolis ? Et que fais tu des poèmes et des chansons ?

- Je te défends et tu me contre-dis ? s'indigne le chimpanzé

- Si c'est pour dire de telles bêtises, rétorque le porcelet myope, ta défense tu peux te la garder merci.

- Tu préfères l'attaque peut-être ? demande le singe avant de se jeter sur le cochon en peluche

- Aidez moi les amis il est devenu fou ! s'exclame le porcelet avant d'avoir la tête écrasée entre les timbales

Toutes les peluches se jetèrent sur les bagarreurs, de sorte à former une pyramide multicolore et gigotante.

- Ha ha ha ça marche à tous les coups ! ricane le lapin rose qui trône tout en haut

- Ça suffit ! ai-je crié. Vous allez arrêter ça tout de suite, sinon je demande à Daisy de vous faire disparaître !

La pyramide s'effondre lamentablement.

- Nous vous demandons pardon miss Victoire, articulent en choeur les peluches

- Bien ! Quelqu'un peut me dire où puis-je trouver Daisy ? ai-je questionné

- Vous allez nous faire disparaître ? s'inquiète un chat violet

- Non, ai-je répondu, je veux seulement la retrouver.

- Ne lui dites rien, chuchote le lapin rose à ses amis, elle ment !

- Nous devons obéissance et respect à notre maîtresse de maison, rétorque le hérisson en lui donnant une claque derrière la tête.

- Elle a dit qu'elle allait préparer votre petit-déjeuner, m'informe un chien qui zozote à cause de sa langue pendouillante

- Et où se trouve la cuisine ? Ai-je poursuivi

- Au rez-de-chaussée, répond le hérisson. Longez le couloir vers la droite pour atteindre l'escalier.

- D'accord merci mon ami, ai-je dit en caressant ses épines soyeuses.

Puis je sors des draps qui me bordent. Je suis prise de vertiges quand je pousse les voiles : le lit à baldaquin est suspendu dans le vide, tournant lentement sur lui-même. Je remarque une échelle en corde enroulée et fixée au flanc du lit. Je la déroule et entame ma descente avec concentration pour éviter la chute. Puis j'entends :

- Eh ! Pourquoi c'est à toi qu'elle a touché la tête ? questionne une voix zozotante

- Quoi ? T'es jaloux ? répond sèchement le hérisson

Puis des bruits de couinnements de jouet pour chien m'informent que la bagarre a repris de plus belle.