Après avoir chassé les angelots du studio, expliquant que nous devions nous entretenir seul à seul, Daisy s'asseoit près de moi. Elle sort de derrière son dos un bloc-notes un stylo.
- Je vous écoute, commence-t-elle. Dites moi tout ce que vous souhaitez, et tout ce que vous ne souhaitez pas.
- Eh bien euh... Je voudrais que tu arrêtes de m'appeler "maîtresse". Appelle moi par mon prénom. Et je voudrais qu'on se tutoie.
- C'est noté, Victoire ! Autre chose ?
- Crois tu que tu pourrais m'aider à retrouver la mémoire ?
- Je pourrais te créer un nouveau passé, mais pas te rendre tes véritables souvenirs. Car je me nourris de ton imagination, et elle ignore ton passé.
- Mais pourquoi suis-je amnésique ? Ma voisine Virginie se souvient très bien de son ancienne vie, elle...
- Peut-être êtes vous décédée d'un choc à la tête ?
- Peut-être... Et n'y aurait-il pas un autre moyen de retrouver qui je suis ?
- Seul le maître d'hôtel en serait capable.
- Et comment puis-je le contacter ?
- Comme ceci.
Daisy attrape mon portable et compose un numéro. "Bonjour, ma maîtresse voudrais parler au maître d'hôtel. Est-il disponible ?" dit-elle avec l'appareil contre son oreille. Son visage se décompose. Elle couvre le téléphone avec sa main et me regarde.
- Il n'est pas disponible avant deux millions d'années ! s'exclame-t-elle
- Mais je l'ai vu il y a peu de temps !
- Des nouveaux résidents arrivent chaque seconde et il tient à accueillir personnellement chacun d'eux.
- Au diable le maître d'hôtel !
Daisy raccroche et repose le portable.
- Comment savoir ce que je souhaite sans ma mémoire ?
- Vous savez, ne pas avoir de souvenirs de sa vie passée peu avoir du bon.
- Comment ça ?
- Par exemple, et si tu étais une prostituée assassinée par Jack l'éventreur ? Voudrais tu passer l'éternité hantée par les souvenirs d'une vie misérable et d'une mort atroce ?
- Non...
- Tu as l'occasion de repartir de zéro, sans te soucier de ce que tu as laissé derrière toi.
- Hmm...
- Tu peux devenir qui te veux, et créer une chambre telle qu'on en aura jamais vu ! Car sans ton expérience, ton imagination n'a aucune borne !
- Tu as raison, je vais rester comme je suis.
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La chambre 403
Ficción GeneralPour me changer les idées quand je déprime et que le marchand de sable se fait attendre, je m'imagine gommer le monde qui m'entoure et moi-même, pour repartir à zéro et créer un monde parfait à mon sens.