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« Tu as le coeur lourd? »  « Il y a toujours un moment un moment où ça ne va pas, mais ça te passera. »
C'etait un mardi innocent où le printemps essayait de s'emparer d'un hiver froid, mais, par contraste, ensoleillé. C'etait un mardi où la brise,encore pour le moins hivernale, cohabitait si bien avec le soleil annonçant l'arrivée du printemps. J'observais le ciel d'un bleu pûr, sans aucun nuage, allongée sur une sorte d'estrade près de la porte de l'école. J'utilisais mon sac à dos comme une sorte d'oreiller, peu confortable, légèrement fatiguée par mon cours de sport. Et je regardais le ciel, cet arbre aux feuilles pendantes d'un vert proche du noir, et je sentais ta présence, de part et d'autre de ce présumé oreiller. Et je ne sais comment, dans un élan enfantin, je t'ai demandé de me porter sur ton dos, consciente que mon poids ne te surchargerait aucunement, en vue de ta musculature développée. Tu semblais gêné, et je ne pourrais en expliquer la raison, tu m'as proposé de faire un tour, histoire de marcher quelques peu et tu m'as promis que tu me porterais sur ton dos.
Alors, comment avons nous pu atterrir ici, nous consumant l'un l'autre du regard, nous échangeant de multiples étreintes ardentes ? Nous détruisant, ou devrais-je dire, me détruisant, parmi les flammes rougeâtres du désir, de l'envie, de l'amour ? Paradoxalement,je me rappelle de cette mélodie de piano que j'entendais alors que nous étions cachés où la musique ne pouvait parvenir. Je me rappelle de tous ces baisers, de tout ce désir charnel, de toutes ces étreintes, melodiquemet accordés au rythme de ce morceau de piano. Etait-il imaginaire ? Etait-ce une ruse échafaudée par mon subconscient pour émerveiller ce moment inattendu ? Nous étions cette melodie, résonnant à l'unisson, suivant les percussions de ce piano imaginaire. Nous étions le morceau de solfège inachevé. Nous étions ce morceau égaré par un virtuose du piano, et chacun de nos baisers qui en entrainait un autre, devait être le crescendo de notre désir. Cette place abandonnée à la merci de quelques amourettes lycéennes, où les couples se retrouvaient dans un court répit, nous appartenait.
Cette place était notre salle de musique, où nos corps s'accordaient parfaitement dans un mouvement que nul ne pouvait prevoir. Il était comparable à un prélude, qui se métamorphoserait ensuite, suivant nos touchers, nos regards, nos légers sourires. Cette virtuosité serait telle qu'elle constituerait la mélodie du bonheur. Et pendant un instant qui semblait durer une éternité, j'entrevis le bonheur excquis d'être aimée, et d'aimer en retour. Rien n'avait d'importance à mes yeux, et ce n'est que par tes douces étreintes inattendues que je revivais, qu'un brasier ardent de te prouver mon amour me dévorait toute entière.
Et vint le moment où nous devions partir. Le moment où nous devions nous en aller, et faire comme si de rien n'était à l'arrivée en cours. Je sentais mon espoir s'affaisser au fur et à mesure que tu t'éloignais de ce corps, à présent tremblant. L'espoir d'être aimée en retour. L'espoir insidieux qui fait basculer du mauvais côté.
Soudain, un cri qui semblait être une supplication, retentit dans cette place, salle de musique du désir à présent transformée en un endroit hostile et inerte. Je t'aime, ai-je crié, dans un élan d'euphorie incontrôlable qui laissait place, petit à petit, à une peur irrationnelle.
Mais tu étais déjà loin devant moi, tes pas claquant sur le pavé, résonnant dans l'air, comme un coup de revolver.

(Essayez de mettre la musique en lisant prêtre que ça vous mettra plus dans le décor !)

ÉphémèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant