05:23

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Jamais je n'aurai pensé ne pas pouvoir écrire, non pas par manque d'inspiration, mais par peur. Oui, peur. Peur de devoir enfin concrétiser mes erreurs en les matérialisant sur du papier, peur de me confier, d'assumer une réalité qui se profile dangereusement. Peur que les mots, affamés, leurs crocs encore sanglants, me dévorent toute entière. Parce qu'au fond, c'est tellement plus facile de tout rejeter sur une jeunesse égarée, un désir de révolte et quelques paroles à l'arrache. Tellement plus facile de s'échapper et de ne pas assumer des actes qui se défilent à travers le chemin de nos nuits. Tellement plus facile de se cacher, de tout, de toutes les fois où j'essayais de me sentir un peu plus adulte.
J'écris ces mots mais le lendemain sera un nouveau départ et les jours qui passent me font oublier les nuits où je ne dors plus. Et, les seules fois où je ne mesure plus ma folie ivre, je me mets à penser à ce que je suis devenue, qu'une ordure. Et c'est tellement difficile de se l'avouer, mais la nuit me fait prendre conscience de tous les faux pas mis au compte de cet été. ce silence nocturne m'effraie, et, paradoxalement, sonne, strident, à mes oreilles. Il me rappelle que les regrets ne seront mieux gardés qu'au fond de nos coeurs.
Mais la nuit noire est un appel aux regrets les mieux enfouis et aux erreurs les plus secrètes.
Oui, je m'en veux, énormément, et jamais je ne cesserai de m'en vouloir. Pourquoi ? Parce que la personne que je ne cesse de stigmatiser n'est pas moi. Elle est loin de l'être et ne le sera jamais.
05:23. Le sommeil n'est plus qu'un souvenir égaré et j'enchaîne les nuits blanches au même rythme que les cigarettes. Ce même rythme effréné m'étouffe et la sensation de pouvoir tomber à tout moment m'assiège.

Je pense que les cendres de mes nuits m'asphyxient.

ÉphémèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant