Ces gens-là

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Ces gens-là qui parlent tout bas,
Te fixant de leur regard accusateur,
Qui te juge, toi qui es fait comme un rat
Alors que les menottes te libèrent de la peur.

Ces gens-là savent-ils
Que le soir tu pleures ?
Que le matin tu files mort de peur
De chez toi, pour t'enfuir un instant
Sur les routes, les yeux rougissants ?

Ces gens-là savent-ils
Que tu es si souffrant sous ton toit
Que tu renies ton propre Toi
Et que tu imposes alors des lois
Dans ce nouveau monde dont tu es le roi ?

Ces gens-là savent-ils
Qu'ils étaient dix à tes côtés
Et tout autant à t'écouter ?
Que, quand ces jeunes se perdaient,
C'est toi qui alors les guidais ?

Ces gens-là savent-ils
Que plus d'un aurait fini comme toi
Si tu n'avais imposé ta loi ?
Tandis que toi, triste, pas serein,
Tu vagabondais incertain ?

Ces gens-là savent-ils 
Que tes vieux démons dansaient
Autour de tes vénérées plaies ?
Que si tes actions étaient illégales,
C'est parce qu'on ne t'a enseigné que le mal ?

Ces gens-là savent-ils
Que tu as glissé dans le gouffre
Et que, chaque  jour, ton coeur en souffre ?
Que sur la route des péchés,
Tu te sentais pour une fois respecté ?

Ces gens-là savent-ils
Que le jour où tu as dégainé le colt,
Tu te fichais de ton air désinvolte
Car tu voulais seulement sauver
La vie de ton dernier être aimé ?

Ces gens-là qui parlent tout bas,
Qui te condamnent à la prison.
Ces gens-là, en fait, ne savent pas
Que ta seule prison, c'est ta maison.

RecueilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant