Ma forêt

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Il y avait toutes sortes d'arbres sur le chemin,
Des cyprès, des bouleaux, des sapins.
Un tapis de feuilles mortes sur le nivelé,
Le ramage étant caduc, les arbres se dénudaient.
Le tronc se dressait, et robuste, mais les racines,
Malgré une terre fertile, restaient bien trop fines.
Alors, aussi grand soit le chêne, ce dernier chutait
Et disparaissait de ma vie, comme l'on subit un décès.

Par dizaines ont-ils été décimés,
Par des tempêtes de larmes amères,
Des bourrasques de colère incontrôlée,
Des vents que l'on nomme adultère.
Par centaines, d'autres ont brûlé,
Par des sécheresses de confiance,
Des allumettes de trahisons effrontées
Ou des feux allumés par la méfiance.

Et un jour, elle foula de ses pieds délicats mon domaine,
Promenant ses doigts sur les vestiges de ma forêt,
Prenant bien garde à arroser toutes les graines
Qu'elle avait fait germer un peu plus tôt, à l'orée.
Jamais les écorces ne furent en aussi bonne santé,
Toutes les fleurs, timides, s'épanouissaient,
Et partout où la sylvestre nymphe marchait,
Le froid disparaissait, les conifères s'imposaient.

Plus jamais une aiguille ne tomba,
Plus jamais une feuille ne s'envola.
Cette elfe avait assez la main verte
Pour cultiver en mon coeur inerte
De quoi raviver la forêt de mon âme
Dont les arrosoirs contenaient jadis mes larmes.

RecueilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant